[dropcap]A[/dropcap]l’instar de sa copine de label, Angel Olsen, dont on attend le Big Time d’ici quelques jours et avec qui, elle nous avait emballés à l’occasion de l’épatant single Like I Used To sorti l’année dernière, Sharon Van Etten continue de construire pas à pas une discographie à la fois audacieuse et classique, qui en fait une des grandes du rock américain de ce siècle.
La sortie de We’Ve Been Going About This All Wrong, son sixième album est l’occasion, très belle l’occasion !, de revenir sur le parcours de cette native du New Jersey, aujourd’hui installée à Los Angeles avec sa petite famille.
Née en 1981, Sharon Van Etten commence réellement la musique quand elle rejoint New-York en 2004, sortant confidentiellement quelques CD-R avant enfin de percer et sortir en 2019 Because I Was In Love, un premier disque déjà très réussi entre folk et slowcore assez proche de Cat Power ou Marissa Nadler.
La suite sera encore meilleure, Epic, tout d’abord, paru chez le label Ba Da Bing Records, pour lequel elle travaille également en tant que publicitaire puis Tramp, qui la fait connaitre auprès du plus grand nombre et signe le début de sa collaboration avec Jagjaguwar Records.
Tramp, produit par Aaron Dessner, marque déjà un vrai changement de style et une nouvelle orientation plus rock, voire même pop qui l’emmènera jusqu’au magnifique Are You There ? qui la place plutôt quelque part entre Nick Cave et Lana Del Rey, loin des standards folks des débuts. Elle s’en va même jusqu’à abandonner ses guitares pour Remind Me Tomorrow, disque où elle s’expose comme jamais, à l’instar de sa pochette assez particulière.
Elle s’installe donc ensuite sur la Côte Ouest avec son mari et manager Zeke Hutchins et commence à enchaîner collaborations, reprises et bandes originales jusqu’à une série de singles parus récemment comme Porta ou Used To It, très dreampop 80’s. De manière inhabituelle et assez étonnante, ces chansons n’apparaissent pas sur We’Ve Been Going About This All Wrong.
Sharon Van Etten a en effet conçu son dernier album, produit par Daniel Knowles, comme un tout, à écouter d’une seule traite. Loin d’être un effet de style un peu abscons, c’est avant tout l’envie de Sharon de traiter les sujets qui l’entourent, ce monde en folie, au bord de la destruction et la manière dont on réagit comme on peut, avec un espoir de plus en plus fin mais toujours tenace, grâce à l’appui de ses proches en particulier. Ainsi elle évoque son fils sur le superbe Home To Me ou sa mère sur Far Away, le beau morceau final.
Symbolisé par cette nouvelle pochette, chez Sharon Van Etten, au bout du tunnel, brille une petite lumière, se traduisant ici par des chansons aussi sombres qu’empreintes d’optimisme.
Une guitare acoustique, des cordes à peine effleurées, Darkness Fades semble marquer un retour au folk des débuts avant que quelques synthés s’élèvent accompagnés par l’efficace doublette Devin Hoff (bassiste chez Xiu Xiu) et Jorge Balbi à la batterie. La performance vocale de Sharon Van Etten atteint de suite des sommets, confirmés par Home To Me, nouveau gros frisson avec ce rythme évoquant les battements de cœur de son fils.
I’ll Try et Anything semblent se faire face et symboliser l’ambivalence qui traverse l’album, pour l’une, une ligne de synthés pop et enjouée à déguster sous le soleil, pour l’autre, une voix troublée, une lourde rythmique qui vient prendre feu sur une guitare discrète, guerre et paix (Up The Whole Night, can’t Stop Thinking ‘Bout Peace And war), espoirs et désespoirs.
On est déjà scotché par le disque mais on n’a encore rien vu ni entendu alors que jaillissent les premières notes de Born, frissons immédiats pour une chanson ample et magnifique, voix diaboliquement angélique ou l’inverse, je ne sais plus, mais quelle claque, quelle émotion, quelle montée vers les étoiles !
Il fallait au moins la rage sourde d’Headspace pour ne pas rester bloqué sur la touche repeat, avec ces synthés 80’s et ces grosses guitares autour desquelles Sharon fait admirer la palette complète de ses prouesses vocales alors que Come Back nous permet de la retrouver sur une balade americana folk dont elle a le secret.
Le folk est encore là, et les larmes qui vont avec, sur l’ultra dépouillé Darkish, , une guitare et quelques gazouillis d’oiseaux pour accompagner sa voix qui va très, très haut. L’enchainement avec l’ultra pop Mistakes pourrait désarçonner, comme un enchainement impromptu entre Karen Dalton et Orchestral Manoeuvres In The Dark, mais, ne me demandez pas pourquoi, ça marche du tonnerre.
Un dernier moment de grâce avec Far Away et We’Ve Been Going About This All Wrong se conclut, laissant le monde un peu plus beau, l’avenir un peu plus brillant !
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We’Ve Been Going About This All Wrong– Sharon Van Etten
Jagjaguwar Records – 06 mai 2022
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Image bandeau : Michael Schmelling