Squid
O Monolith
Warp Records
09 juin 2023
Deux ans après la révélation Bright Green Field, Squid, le quintet de Brighton composé d’Ollie Judge, Anton Pearson , Arthur Leadbetter , Louis Borlase et Laurie Nankivell revient avec O Monolith, leur second disque enregistré dans les studios de Peter Gabriel et toujours produit par l’incontournable Dan Carey, tout en bénéficiant des talents de mixeur de John McEntire de Tortoise.
Si de premier abord, O Monolith semble s’inscrire dans la continuité du précédent, à l’instar du volcanique et tortueux Green Light qui tire un pont végétal avec Bright Green Field, Squid apporte de subtiles et ambitieuses évolutions stylistiquement et orchestralement parlant.
Ainsi, nous avons le plaisir de retrouver la belle et douce voix, sur le splendide After The Flash en contrepoint du chant haut perché et habité, d’Ollie Judge, mais en parallèle, celui-ci apparait mieux en place et moins survolté que précédemment et trouve de nouvelles pistes pour ces prouesses vocales.
Dans la lignée de Black Midi, les chefs de file de cette nouvelle vague post-punk apparue depuis quelques années, Squid se radicalise et entrevoit de nouveaux horizons qui les éloignent peu à peu de leur style original pour les engager de plus en plus vers le rock progressif.
Ici, point de morceaux immédiats comme Narrator ou Pamphlets, mais chaque écoute d’O Monolith se révèle encore passionnante que la précédente, la beauté est dans le détail à l’instar du superbe Swing In A Dream en ouverture, abrasif et impulsif mais sublimé par la trompette de Laurie Nankivell. De manière assez raccourcie, on pourrait en conclure que Squid lorgne moins du côté des Talking Heads, pour se rapprocher de Radiohead voire même de Pink Floyd, il suffit pour s’en convaincre d’enchaîner l’écoute de Devil’s Den et Siphon Song.
Les 5 de Brighton nous embarquent ainsi dans de longs morceaux planants et chaotiques, qui accrochent peu à peu l’oreille pour ne plus la lâcher à l’instar des ambitieux Undergrowth ou The Blades, au final extatique. O Monolith confirme ainsi le talent et la liberté de Squid, qui à coups de furieux concerts et d’alchimie en studio où chacun apporte sa pierre à l’édifice, crée une œuvre originale et ambitieuse.
If You Had Seen The Bull’s Swimming Attempts You Would Have Stayed Away, c’est le titre génial du dernier morceau du disque et résume à lui tout seul la musique de Squid : Belle et violente !