Il y a déjà la pochette. Toujours abstraite. Aucune couleur vive (juste un peu de rouge cette fois-ci). Comme un magma solidifié par un froid extrême. Esthétique minimaliste histoire de ne pas tromper le chaland. Luis Vasquez seul aux commandes.
Un troisième album qui se dévoile. Le titre s’appelle sobrement Black. Pas de duperie. C’est métallique. Une marche martelée. On a en mémoire Zeros, précédente livraison aux contours shoegaze datant déjà de 2012.
En 2015, changement de cap mais pas de verve. Le son est désormais « indu »… Forcément la référence au monde de Trent Reznor, maître en la matière. L’emprunt des aspirations de NIИ n’échappera à personne.
Alors pourquoi s’attarder sur un suiveur, un simple copiste ?
La question est posée, la réponse ne sera pas évidente. Division déjà au sein de la communauté lunaire. Comment analyser ce changement ?
Balayer d’un revers de main Deeper c’est faire fi de la capacité chez Luis Vasquez de remodeler la matière.
La symbolique esthétique de l’emballage n’est pas fortuite. La matière est complexe, roche métamorphique tel le marbre.
Il suffit de glisser sur la cold wave de Far pour s’y résoudre.
The Soft Moon n’a pas écarté ses effets pervers. Il les a juste teintés de veines synthétiques. Riff explosif, basse lourde et répétitive. Les ingrédients sont là, usés jusqu’à la corde mais toujours aussi efficaces.
Sur le titre suivant (Wasting) le tempo est au ralenti. La réverbération est obsédante. Un cri étouffé qui vient imploser sur des nappes lancinantes.
Avec Wrong, c’est un spectre robotique qui s’invite. Là encore mais de manière extrémiste, le concepteur de la chose n’a pas été avare en beats destructeurs.
C’est sans doute Desertion qui s’avère le plus révélateur de la conversion sonore. Une boite à rythme trépidante pour des éclaboussures électroniques emplies de noirceur. Chocs frontaux où les machines prennent le pouvoir. Dantesque !
Pour autant, c’est dans l’ambivalence que réside la qualité du nouveau projet. Réussir à combiner la sauvagerie électro, les possessions post apocalyptique avec un chant qui désormais se veut accessible. Elle est ici la malice de Louis Vasquez. Attirer l’auditeur dans un gouffre ténébreux alors même que sa mélopée devient moins diffuse si l’on compare ce point avec les œuvres passées.
On entrevoit les symptômes et roulements derrière cette voix devenue si proche …
Le titre qui donne son nom à l’album marque au fer rouge des incantations flamboyantes. Percussions tribales qui progressivement nous conduisent aux rites Vaudou. Comme si la transe d’Orange Blossom s’était accouplée avec les exterminations gigantesques de Primal Scream.
En point d’orgue osé, une aliénation hypnotique, hurlements et furies contagieuses avant trois minutes de larsen futuristes venant se briser sur une dead line suffocante …
Malgré le soudain répit, constater que le ciel est encore sombre … La douce lune éclatante.
Le côté obscure, encore et toujours mais l’astre qui gravite autour de nous a belle allure.