[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]T[/mks_dropcap]yler Cross n’en est pas à son coup d’essai. Deux tomes déjà qu’il hante les planches de BD avec son calibre 45 à portée de main. Le voici de retour dans Miami, un troisième opus où le soleil de Floride et les pots de vin ne sont pas synonymes de survie. Noir et divertissant.
La couverture à la ligne claire et à la composition très graphique donne le ton d’emblée. On peut y lire : En Floride, le crime paie. Il ne faut donc attendre aucun enseignement moral de l’histoire que nous livrent Brunö, dessinateur de l’esclave vengeur Atar Gull (Dargaud) et Fabien Nury, scénariste prolifique, auteur de la série Il était une fois en France (Glénat) et plus récemment du très réussi Katanga (Dargaud).
Miami se résume ainsi : Sid Kabikoff, l’avocat de Tyler Cross, négocie sa survie en associant son client à un coup aussi risqué que juteux. Il s’agit d’aller braquer Loomis, un promoteur véreux qui compte se refaire en amassant un pot de vin de 700 000 dollars pour une opération confidentielle.
On suit donc avec délectation l’intrigue, bien ficelée. Et l’on se prend au jeu pour suivre les rebondissements et les coups tordus qui égrènent le récit, animé par un Tyler Cross remonté comme une pendule, cupide et sans aucun état d’âme. Même les flics du FBI l’apprendront à leurs dépends, eux qui ont l’habitude de suivre les gens, pas d’être suivis.
Aux côtés du héros éponyme de la BD figure une galerie de personnages retors, cruels et malins, à l’image de Damon Cutter, l’homme de main de Loomis. Et puis il y a Shirley, « une petite souris au milieu des monstres », propulsée malgré elle sous les projecteurs. En quelques jours, sa vie ordinaire aux côtés du dealer et gigolo Tommy Ray, va basculer dans le fait-divers et les rouages du crime organisé.
Les dialogues sont courts et bien balancés. Quant au décor minimaliste, servi par des couleurs solaires et le trait anguleux du dessin, il s’avère très efficace. Les visages émaciés jouent avec les ombres portées et de simples détails évocateurs. Ainsi, quelques gouttes de sueur perlant sur le front de Loomis suffisent à trahir son inquiétude et le sentiment d’une confiance qui se fait la malle. Ou bien encore, sur fond de cases dessinées en clair-obscur, les empreintes couleur rouge sang laissées sur le sol par la pauvre Shirley témoignent de sa situation critique.
Pour autant, rien d’effrayant à la lecture de ce nouveau Tyler Cross. En effet, si ce Miami de la fin des années 50 reste fidèle aux codes de la BD de gangster, c’est avant tout pour nous divertir. La gueule et la silhouette de Tyler Cross, les arnaques, l’ironie de quelques situations, y participent indéniablement. De là à vouloir passer ses vacances à Miami, c’est une autre histoire !