Andy Cabic fait partie de ces musiciens discrets, de ceux dont on ne retient pas facilement le nom. Tout au plus sait-on qu’il fut le fidèle accompagnateur – collaborateur du barde neo-folk Devendra Banhart durant une bonne partie de la carrière de ce dernier, ce qui est à tout le moins réducteur car il mérite pourtant beaucoup plus d’attention que la certaine indifférence polie dont il fait l’objet.
Complete Strangers est déjà le sixième album de Vetiver, si l’on y inclut l’album de reprises Thing Of The Past au sein duquel il revisitait quelques standards d’artistes qu’il considère comme très importants dans sa vie de musicien, tels Loudon Wainwright III ou Townes Van Zandt.
Depuis le précédent album, The Errant Charm, Andy Cabic s’éloigne peu à peu du neo folk des débuts, et la mue continue sur ce Complete Strangers, disque aux couleurs très pop, apaisé, au songwriting varié par moment très brillant. Calme et volupté semble être le leitmotiv de cet album aux contours eighties, comme en témoigne Current Carry.
La folk n’est pas tombée aux oubliettes pour autant, spectrale sur From Now On. Le temps d’une guitare claire sur Loose Ends et on se croirait revenu sur les terres de Lloyd Cole à l’époque bénie de Rattlesnakes. Un petit tour par le Brésil afin de rendre hommage à Joao Gilberto pour un Time Flies By bossa à souhait et on se retrouve catapulté, déjà, à la fin de cet album qui se clôture par deux titres de haute volée : Edgar, espèce de ritournelle synthétique entêtante et la jolie folk song Last Hurrah.
Ce disque mérite franchement le détour. A l’heure où tout va tellement vite, je vous conseille de prendre le temps de savourer ce Complete Strangers d’excellente facture.
Vetiver, Complete Strangers, chez Easy Sound depuis le 24 mars.