[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]A[/mks_dropcap]daptation libre du roman éponyme (Substance Mort en français) de Philip K. Dick, le film de Richard Linklater est aussi un film tourné en prises de vues réelles dans lequel la technique de la rotoscopie a été rajoutée. En résulte un film d’animation au parti pris visuel déroutant mais tout à fait à propos pour ce genre d’ambiance hallucinogène propre à l’univers de l’écrivain.
Dans un futur proche et dystopique, une nouvelle drogue, la Substance M, fait des ravages aux États-Unis, 20% de la population étant toxicomane. En réaction, les autorités tentent de démanteler les réseaux en employant des policiers infiltrés.
La particularité de cette méthode reposant sur la « scramble suit ». Une tenue de camouflage, utilisée professionnellement, revêtant diverses apparences changeantes et rendant impossible l’identification. Les policiers infiltrant des groupes de consommateurs avec leur apparence civile, la hiérarchie n’a aucune idée de la véritable identité de ses taupes.
C’est ainsi que Keanu Reeves se voit contraint par son supérieur d’enquêter sur lui-même, car il est soupçonné d’être la tête pensante de son groupe d’amis junkies infiltré. Et ce alors que son accoutumance pour la Substance M est de plus en plus prononcée.
Habitué à ce genre de thématiques dickiennes autour de la confusion des identités, l’acteur emblématique de Matrix s’en sort plutôt bien. Absurde au possible, le déroulement de l’intrigue se concentrant surtout à nous faire suivre les frasques d’un groupe d’amis plutôt inoffensif.
Parmi eux, la mystérieuse Winona Ryder et le benêt Woody Harrelson, très à l’aise pour ce genre de rôles mais c’est surtout Robert Downey Jr. qui révèle ici tout son potentiel comique. Son débit de parole caractéristique et sa gestuelle très chaplinesque deviendront sa marque de fabrique.
Oscillant entre lucidité improbable et débilité complotiste, cette bande d’égarés, simplement à la recherche d’un dérivatif, est finalement très attachante.
Le plot-twist final typique chez K. Dick achève de faire de cette œuvre, non pas un pamphlet anti-drogue mais un réquisitoire face à l’ambigüité d’une société qui tantôt réprimande ou encourage la consommation de drogue.