[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]I[/mks_dropcap]l fut un temps que les moins de cinquante ans ne peuvent pas vraiment connaître, où la moitié des lycéens et des collégiens français trimbalaient leurs manuels et cahiers dans des sacs US kakis couverts d’inscriptions au feutre noir à la gloire de Scorpions, AC/DC, Iron Maiden ou Metallica. Au milieu des années 80, il était hip pour les kids d’afficher maladroitement sur leur dos les couleurs de ces groupes de hard-rock anglo-saxons, ou parfois simplement Saxon.
Cet engouement de masse peut surprendre rétrospectivement, alors que nos têtes blondes ou brunes ont, depuis longtemps, massivement tourné… le dos au heavy metal pour adopter encore plus massivement le rap et la pop r’n’b. Mais les bracelets de force, les longs cheveux permanentés et les postures mi-guerrières mi-lascives des groupes hard-FM cartonnaient, boostés par les pitreries de Francis Zégut dans l’émission culte Wango Tango sur RTL chaque soir de la semaine.
Parmi ces nuées de poseurs, le chanteur Don Dokken qu’il n’avait rien trouvé de mieux, en bon mégalomane, que de baptiser son groupe de son propre patronyme, se pose là. Rien de bien particulier pour distinguer Dokken de ses condisciples, entre une rivalité sans trêve opposant le leader et son guitariste George Lynch (quoi de plus classique dans les musiques électriques) et un sens aigu de l’équilibre entre riffs maussades et mélodies faciles à mémoriser et à reprendre en chœur en live.
D’ailleurs, comme il se doit, les hits de la première époque dont les entraînants Kiss of Death, It’s Not Love, Breakin’ The Chains et le vraiment bien fichu In My Dreams sont alignés dans le premier album en public, Beast From the East. L’Est dont la Bête est originaire, c’est bien entendu l’extrême-orient, le Japon étant alors une terre d’accueil particulièrement prisée pour ces rockeurs d’opérette. Les versions proposées ici sont, sans surprise, des copies conformes des interprétations studio, solos de guitare un peu fatigants et notes hautes tenues par Dokken-le-chanteur inclus.
Dokken existe toujours en 2018, avec Don mais sans Lynch et sans Zégut. Une certaine idée de la persévérance.