[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]L'[/mks_dropcap]année 2015 n’aura pas été une année miraculeuse pour le cinéma. Mais il y a eu aussi des chefs d’oeuvre. 34 c’est le nombre de films que j’ai retenus pour ce bilan annuel sur les 151 fictions, documentaires ou films d’animation que j’ai vus sur grand écran. Petit récapitulatif rapide par ordre de sorties.
À la fin de l’article mon Top Ten des 10 films qui m’ont le plus marqués et que je vous recommande vivement si vous êtes passés à côté !
THE SMELL OF US de Larry Clark
(Sortie le 3 janvier)
Le dernier film de Larry Clark est bordélique et solaire, plein d’énergie et d’idées, et même si on regrette l’absence de scénario, il y a des séquences qui sans prévenir ont la grâce, et là soudain on se prend à frissonner. Devant la beauté et la vitalité de la jeunesse. Devant leur audace et leur désinvolture.
Larry Clark montre un Paris désœuvré où ces jeunes n’ont tellement plus rien à y faire, si ce n’est toucher l’excès en tout genre pour ressentir quelque chose, et peut-être commencer à se sentir vivants.
[mks_separator style= »dotted » height= »2″]
THE CUT de Fatih Akin
(Sortie le 14 janvier)
Le réalisateur allemand d’origine turque signe son film le plus ambitieux. Tahar Rahim retrouve enfin aussi un grand rôle à la hauteur de son talent, il est bouleversant.
Une mise en scène magistrale pour un sujet (le génocide arménien) très peu évoqué au cinéma.
[mks_separator style= »dotted » height= »2″]
TWO YEARS AT SEA de Ben Rivers
(Sortie le 4 février)
Tourné en 16mm noir & blanc, ce film esquisse le portrait de Jake Williams, un ermite qui a choisi de vivre reclus en Écosse au beau milieu de la forêt de l’Aberdeenshire. Je n’ai pu m’empêcher de penser au personnage d’Into the wild (« Walden ou La vie dans les bois » de Henry David Thoreau) mais le traitement ici est tout différent.
Ben Rivers réussit le pari de nous faire partager les songes de ce marginal céleste, amoureux solitaire d’une nature omniprésente et indomptée. Nous suivons le quotidien de cet unique protagoniste au rythme des différentes saisons. D’une grande douceur, le film interroge notre rapport à la nature, notre dépendance à la modernité et notre conception du bonheur. Une expérience cinématographique intense.
[mks_separator style= »dotted » height= »2″]
SPARTACUS ET CASSANDRA de Ioanis Nuguet
(Sortie le 11 février)
Un documentaire magnifique et poignant. Une mise en scène qui les suit au plus près, sondant leur angoisse, et leur permettant de sortir tout ce qui les étouffe.
Sur un sujet archi médiatisé, souvent à mauvais escient, ce documentaire marque un vrai différence dans son approche humaniste qui rappelled le cinéma de Kusturica. Une vraie belle découverte.
[mks_separator style= »dotted » height= »2″]
RÉALITÉ de Quentin Dupieux
(Sortie le 18 février)
Jason est donc un cameraman qui a une super idée de film : les télés attaquent les gens par des ondes qu’elles émettent et tuent tout le monde. Il rencontre Bob, un producteur cinglé, dans son bureau pour parler de son projet (scène culte ! et hyper drôle !). Alors que le projet est à deux doigts d’être signé et que Jason fait tout pour trouver le bon gémissement demandé, il voit son film projeté dans une salle de cinéma. La narration commence alors à se dérègler, à moins que ce soit déjà le cas avant.
Car Bob suit également le travail d’un autre réalisateur qui filme une petite fille fascinée par une cassette vidéo trouvée dans le corps d’un sanglier. Les deux mondes (à moins qu’il y en ait d’autres !) se télescopent et provoquent l’effondrement psychique du personnage joué par Alain Chabat (du sur mesure !).
Un film tour à tour dérangeant, inquiétant ou intriguant, bourré d’idées et d’énergie, sans jamais perdre son humour totalement décalé. Une radicalité de mise en scène (notamment avec la musique en boucle, tout comme la narration) qui pourrait agacer certains mais qui séduira les curieux.
[mks_separator style= »dotted » height= »2″]
BIRDMAN de Alejandro Gonzalez Inarritu
(Sortie le 25 février)
Un grand film. Scénario jouissif, mise en scène bluffante, et une histoire vertigineuse dans la lignée de Black Swan sur le processus de création entre réalité et fantasme. Le film dit tellement sur notre époque et sur la consommation du cinéma avec tous les films de super-héros qui nous viennent d’Hollywood en panne d’idées de scénarios.
Mickaël Keaton qui a lui-même porté la cape dans Batman incarne un de ses meilleurs rôles, avec cet acteur/metteur en scène qui veut retrouver l’adrénaline de l’adulation du public. Une mise en abîme saisissante sur notre monde et le regard que nous portons sur le cinéma. Assurément un film qui restera important.
[mks_separator style= »dotted » height= »2″]
INHERENT VICE de Paul Thomas Anderson
(Sortie le 4 mars)
Le réalisateur retrouve Joaquin Phoenix à nouveau génial dans un rôle complexe, et belle surprise la musique est une nouvelle fois signée Jonny Greewood guitariste de Radiohead. Au casting également le charismatique Benicio Del Toro, et de nombreux seconds rôles de choix avec Reese Witherspoon, Owen Wilson ou Josh Brolin. Un film à l’ambiance particulière qui rappelle la moiteur de Paperboy ou le psychédélisme de Las Vegas Parano.
Film à ne pas voir dans le même état que ses personnages surtout, vous risqueriez de ne pas tout comprendre dans cette intrigue policière tortueuse vécue du point de vue d’un hippie.
[mks_separator style= »dotted » height= »2″]
A LA FOLIE de Wang Bing
(Sortie le 11 mars)
Wang Bing signe un long documentaire (3H47) venant de Chine, qui nous intègre littéralement au cœur de cette prison par sa mise en scène radicale. C’est tour à tour terrible, éprouvant ou touchant. Nous vivons le temps d’une expérience cinématographique l’enfermement que vivent au quotidien ces personnes. On se dit qu’on ne tiendrait jamais dans cet univers. Et ces hommes sont là, ils survivent. Comme l’un d’eux l’exprime à un moment, « ici tu rentres à peu près sain mais tu tombes vite dans la folie ». Il y a celui qui est là depuis 12 ans, ou celui qui vient d’être interné ou cet autre encore qui a une courte permission. Très peu de soignants, les patients sont livrés à eux-mêmes. Ils attendent, parfois ils se révoltent et crient dans la nuit. Personne ne leur répond.
Un film vraiment terrible auquel je repense souvent depuis que je l’ai vu.
[mks_separator style= »dotted » height= »2″]
SEAFOG (Les Clandestins) de Sung Bo Shim
(Sortie le 15 avril)
Film coréen sombre et magnifique avec des scènes particulièrement violentes. Si le réalisateur part d’un sujet d’actualité il s’en détache pour nous emmener dans un film de genre très noir où la condition humaine mise à mal révèle les monstres enfouis en chacun de nous.
Un huis-clos étouffant et moite. Très belle découverte.
[mks_separator style= »dotted » height= »2″]
TAXI TÉHÉRAN de Jafar Panahi
(Sortie le 15 avril)
C’est magistral à tous les niveaux tellement le cinéaste brouille les pistes et nous pousse à interroger le réel et la façon de le mettre en scène. On sent une grande liberté dans son cinéma alors même qu’il est interdit de tourner dans son pays !
Lorsque le film s’est terminé il y a eu un silence total dans la salle. Un très grand film.
[mks_separator style= »dotted » height= »2″]
EVERYHTING WILL BE FINE de Wim Wenders
(Sortie le 22 avril)
Tomas, un jeune écrivain en mal d’inspiration, conduit sa voiture sans but sur une route enneigée et en raison du manque de visibilité percute mortellement un jeune garçon qui traversait la route. Après plusieurs années, et alors que ses relations volent en éclats et que tout semble perdu, Tomas trouve un chemin inattendu vers la rédemption.
Du pur Wenders avec James Franco et Charlotte Gainsbourg bouleversants.
[mks_separator style= »dotted » height= »2″]
UN PIGEON PERCHÉ SUR UNE BRANCHE PHILOSOPHAIT SUR L’EXISTENCE de Roy Andersson
(Sortie le 29 avril)
J’avais découvert ce cinéaste en 2000 avec Chanson du deuxième étage, un film étrange et beau, avec ces personnages blafards qui erraient dans un monde post apocalyptique. Avec ce nouveau film Roy Andersson signe une nouvelle fois une fable bouleversante sur l’existence humaine. Chaque scène est filmée en un plan séquence en studio, l’action se déroule dans le cadre et révèle un travail de mise en scène véritablement impressionnant. Ça joue, ça vibre, c’est vivant, mais aussi mort, avec ces tableaux sombres et nihilistes.
Un cinéma qui ne ressemble à aucun autre récompensé avec un Lion d’Or à Venise cette année. À découvrir absolument.
[mks_separator style= »dotted » height= »2″]
COBAIN : MONTAGE OF HECK de Brett Morgen
(Sortie le 4 mai)
LE documentaire que j’attendais sur Cobain depuis tant d’années, Brett Morgen l’a fait ! Et il a été plus qu’inspiré en s’attelant à ce projet, il mixe un parfait mélange d’extraits racontés en dessins, d’images d’archives de Cobain avec notamment des rushes super 8 inédits de films de famille, des premières répétitions dans sa chambre, des interviews de sa famille qui s’expriment dans un film pour la première fois, des proches, et aussi bien-sûr Courtney Love. Un documentaire passionnant qui raconte aussi l’ascension de Nirvana et qui dévoile un portrait sombre et torturé de l’homme.
Morgen innove avec une mise en scène riche d’éléments hétéroclites et réussit un équilibre parfait tout en parvenant à raconter l’intime avec respect et bienveillance, et surtout sans aucun voyeurisme. Projet par excellence casse-gueule. Et c’est tout simplement le meilleur documentaire rock réalisé sur une icône américaine, c’est hyper créatif !
« Qui es-tu ? – I’m Kurt Cobain »
[mks_separator style= »dotted » height= »2″]
LA TÊTE HAUTE d’Emmanuelle Bercot
(Sortie le 13 mai)
Le jeune Rod Paradot est bluffant, Benoit Magimel retrouve enfin un rôle tout en émotion où il est touchant, Catherine Deneuve est parfaite en juge pour enfants, et Sara Forestier est incroyable en mère totalement dépassée par la responsabilité d’élever ses enfants. Certes le film est inégal, la musique n’est pas toujours bien choisie, et le mixage son est vraiment horrible (c’est un problème qu’ont beaucoup de films français…).
Il n’en demeure pas moins un film fort qui prend aux tripes, et surtout qui pose le problème de l’éducation. Combien de parents dépassés et combien d’enfants délaissés ou abandonnés ?
[mks_separator style= »dotted » height= »2″]
TROIS SOUVENIRS DE MA JEUNESSE d’Arnaud Desplechin
(Sortie le 20 mai)
Depleschin on aime ou on déteste. Moi j’aime chez lui cette tonalité de jeu que je déteste chez d’autres réalisateurs français.
Une grande liberté dans la mise en scène, un scénario habile et surtout, la révélation du film, Quentin Dolmaire jeune acteur attachant et assez impressionnant dans le rôle de Mathieu Amalric jeune.
[mks_separator style= »dotted » height= »2″]
IRVIN YALOM, LA THÉRAPIE DU BONHEUR de Sabine Gisiger
(Sortie le 20 mai)
Le film de l’année qui fait du bien ! Un portrait sensible du psychothérapeute, Irvin Yalom, à travers ses proches et notamment sa famille, sa relation à sa femme et aux autres. Une mise en scène qui laisse le temps de la rêverie au spectateur et de faire sien les mots des intervenants.
Une ode à la vie, à l’écoute, au partage, à l’ouverture sur l’Autre.
[mks_separator style= »dotted » height= »2″]
LE MONDE DE NATHAN de Morgan Matthews
(Sortie le 10 juin)
Un film sensible sur un sujet (l’autisme) peu abordé en fiction au cinéma. L’acteur (qui jouait déjà Hugo Cabret dans le film de Scorcese) est vraiment attachant.
Du pur cinéma familial mais réussi.
[mks_separator style= »dotted » height= »2″]
VALLEY OF LOVE de Guillaume Nicloux
(Sortie le 17 juin)
Un film prenant de bout en bout, Huppert et Depardieu tour à tour attachants ou agaçants, et lui est énorme dans tous les sens du terme, le réalisateur le filme comme on l’avait plus vu depuis Le Garçu de Pialat, et au final réussit un travail intéressant sur le corps de l’acteur. La mise en scène donne toute sa dimension à l’espace autour d’eux, menaçant, étouffant, vertigineux, c’est vraiment la deuxième bonne idée du film que d’aller poser sa caméra dans ces décors naturels sublimes ; et enfin le ton du film est parfaitement équilibré entre comédie décalée et un certain flottement du côté du film fantastique.
Un grand film qui ne m’a pas totalement quitté depuis que je l’ai vu. Certaines images restent, surgissent et continuent de me troubler.
[mks_separator style= »dotted » height= »2″]
MUSTANG de Deniz Gamze Ergüven
(Sortie le 17 juin)
J’ai lu ici ou là la référence au film de Sofia Coppola, Virgin Suicide, et on va pas se mentir j’y ai pensé aussi. Mais ici le contexte est radicalement inscrit dans l’histoire, et le point de vue de la réalisatrice adopte celui de ces cinq soeurs sans jamais les lâcher, et jouées de façon exceptionnelle par les cinq jeunes comédiennes. Le film raconte de façon très simple ce que c’est que d’être une femme dans en Turquie. Avec toutes les contradictions que cela implique, à commencer par la complicité même des femmes dans leur assouvissement à l’homme. Les jeunes actrices sont attachantes, pleines de fraîcheur et de rage mélangées, d’énergie, celle de la jeunesse qui se révolte contre un système établi.
Le film est très fort, la mise en scène tendue, avec de vrais moments de grâce. La plus jeune des soeurs telle une Antigone moderne sera leur flambeau.
[mks_separator style= »dotted » height= »2″]
VICTORIA de Sébastian Schipper
(Sortie le 1er juillet)
Le pari du film tient dans son dispositif puisque le réalisateur a choisi un seul plan séquence de deux heures. Un vrai. La performance est remarquable pour ça en tout point. On doute un peu de la crédibilité de certaines scènes, mais comme le point de vue du film est celui de Victoria, cette jeune fille d’origine espagnole vivant à Berlin, sa naïveté et les substances ingurgitées en boîte de nuit, justifie sans trop de problème ce bémol. Et le film arrive à nous tenir malgré tout à notre siège. Le bât blesse vraiment sur le propos même du film. A discuter.
Je me fais un point d’honneur à ne jamais spolier un film. Celui-là reste à découvrir malgré ses défauts, et rien que pour l’audace de son réalisateur il vaut le détour.
[mks_separator style= »dotted » height= »2″]
LOVE de Gaspard Noé
(Sortie le 15 juillet)
Un film davantage sur une conception nihiliste de l’amour (absent du film), naïf comme son personnage principal qui confond désir et amour. Les scènes de sexe explicites qui ont fait couler beaucoup d’encre, sont sensuelles, filmées la plupart du temps de loin, pas de gros plan appuyé sur les pénétrations, nous ne sommes pas ici dans le genre pornographique mais dans la tentative d’un auteur à capter l’essence d’un sentiment. Noé parle du manque d’amour à donner quand on en a si peu en soi. Traduire cela à l’image relève d’une ambition que je ne me vois pas saquer comme certains le font, je suis toujours plus pour saluer l’audace que pour l’enfermer.
Oui le couple s’égare dans des lieux ou pratiques sordides, nous n’enlèverons pas à Gaspard Noé ce qui fait aussi le charme de son cinéma, un brin de provocation, d’humour et d’outrance.
[mks_separator style= »dotted » height= »2″]
LA NIÑA DE FUEGO de Carlos Vermut
(Sortie le 15 août)
Une vraie belle découverte que ce film violent, troublant, implacable comme une tragédie grecque, un scénario malin qui dévoile peu à peu les liens troubles entre les personnages, une mise en scène au cordeau et d’une efficacité redoutable.
A voir assurément.
[mks_separator style= »dotted » height= »2″]
[mks_separator style= »blank » height= »2″]
DHEEPAN de Jacques Audiard
(Sortie le 26 aout)
Quasi-documentaire dans sa forme au début pour peu à peu mélanger les genres, le dernier film de Jacques Audiard est un grand film. Je me dis toujours que si le cinéma aide à enlever quelques clichés ou idées préconçues c’est toujours ça de gagné sur la barbarie obscurantiste liée à la méconnaissance d’un sujet. Ici Audiard place l’humain au cœur de la vaste machine qu’est devenu le monde et montre l’humanité là où elle est souvent présentée comme déshumanisée, comme c’est le cas avec les réfugiés politiques, appelés migrants, mais nous le savons tous aujourd’hui que les migrants n’ont pas vocation à l’être mais le sont pour fuir un pays en guerre.
Du social le réalisateur passe au thriller pour mieux mettre en avant la peur dans laquelle ces réfugiés vivent et surtout le regard qu’ils portent sur les pays où ils atterrissent (ici une cité en France). Sujet très peu évoqué au cinéma… La fin du film est magistrale et d’une puissante rare qui prend aux tripes.
[mks_separator style= »dotted » height= »2″]
CEMETERY OF SPLENDOUR d’Apichatpong Weerasethakul
(Sortie le 2 septembre)
La grosse claque cinématographique de l’année. J’ai littéralement été envoûté par le film et son atmosphère de rêve éveillé, ou d’une réalité ressemblant à rêve comme le réalisateur présente son film. Je me suis retrouvé dans le même état physique que lorsque je pratique de l’auto-hypnose, je suis parti au-delà du film même je crois. L’ambiance est hypnotique, à tel point qu’à la fin du film je n’avais pas vu les deux heures passer. Whaou.
Du cinéma à l’état pur, des images oniriques qui circulent en moi depuis. Parti d’un fait divers dans lequel il avait entendu parler de soldats atteints d’une maladie mystérieuse dans le nord du pays, le réalisateur a mélangé cette image de soldats isolés avec celles de l’hôpital près duquel il vivait avec ses parents, et de son école à Khon Kaen. Les rêves sont pour lui aussi très importants, il dit beaucoup noté les siens et s’en inspirer. Plusieurs fois le film opère des basculements, le fantastique, la magie surgit, et ça m’a plongé dans un état de volupté totale. Les corps se touchent, communiquent et leur énergie circule beaucoup entre eux, mêlant la temporalité et les lieux. La scène où les déesses surgissent devant Jenjira est fascinante. Ou encore la déambulation de Jenjira avec la médium qui est le vecteur corporel du soldat qui lui montre le royaume enfoui est incroyable.
J’avais déjà pris une claque avec deux de ses précédents films Tropical Malady (2004) et Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures (2010), je vais rattraper ceux que j’ai manqués. C’est un cinéma rare et unique. Moi qui peine à dénicher des films enthousiasmants, me voilà comblé. J’ai même l’impression de l’avoir rêvé…
[mks_separator style= »dotted » height= »2″]
MARCEL CONCHE, LA NATURE D’UN PHILOSOPHE de Christian Girier
(Sortie le 30 septembre)
Documentaire surprenant, touchant et passionnant, ça fait tellement du bien de voir une pensée en mouvement dans un monde moderne qui en manque terriblement ! La philosophie qu’il défend et la vision du monde naturaliste rejoint totalement mes propres réflexions. Un peu d’Humanisme parmi tous les Capitalistes qui nous entourent, ça réchauffe le cœur.
[mks_separator style= »dotted » height= »2″]
SICARIO de Denis Villeneuve
(Sortie le 7 octobre 2015)
Après le magnifique Incendies (2010), le saisissant Prisoners (2013), ou encore le troublant Enemy (2014), le nouveau thriller de Denis Villeneuve est une nouvelle fois une réussite. Film poisseux, tendu en permanence, on respire à peine pendant deux heures, et on en ressort en sueur comme ses personnages.
Ce réalisateur a vraiment compris la puissance de déflagration de ce que veut dire mettre en scène une histoire ; si l’on pense à Traffic (2000) de Soderberg, Villeneuve adopte un tout autre traitement car ce qui l’intéresse plus que le genre, c’est raconter notre époque malade avant tout par ses personnages. Un des grands films de cette année.
[mks_separator style= »dotted » height= »2″]
ALPHABET de Erwin Wagenhofer
(Sortie le 21 octobre)
Comme le dit ce film c’est à chacun aussi de s’éduquer soi-même, d’être ouvert au monde et curieux de ce qu’il peut offrir ; ici au-delà du constat effarant de nos méthodes d’apprentissage qui ne sont pas basées sur le développement personnel de l’individu mais sur sa capacité à s’intégrer économiquement dans la société qui nous dévore tous, on ouvre son horizon à d’autres méthodes éducatives pour reposer la question essentielle de la place de l’Humanisme dans nos sociétés.
Un film optimiste par le champs des possibles qu’il ouvre.
[mks_separator style= »dotted » height= »2″]
MON ROI de Maïwenn
(Sortie le 21 octobre 2015)
Mon roi est un film fort, qui secoue, et peut-être avez vous vous-même rencontré des pervers narcissiques dans votre vie, vous reconnaîtrez le processus bien huilé de ces personnages, le film vous permettra de vous armer contre eux ; et pour ceux qui sont novices l’atout c’est que vous saurez les repérer après avoir vu le film et vous ferez gagner beaucoup de temps à l’avenir si vous en croisez et c’est déjà pas rien.
Un film éducatif presque au final, et surtout une romance explosive et passionnée qui ravira ceux qui aiment forts.
[mks_separator style= »dotted » height= »2″]
THE LOBSTER de Yorgos Lanthimos
(Sortie le 28 octobre)
Un film atypique, scénario inventif, mise en scène radicale, un ton décalé parfois très drôle parfois glaçant.
Sur la longueur c’est inégal mais ça vaut le détour par son originalité. Un cinéaste à suivre.
[mks_separator style= »dotted » height= »2″]
JE SUIS UN SOLDAT de Laurent Larivière
(Sortie le 18 novembre)
Le film commence comme une chronique sociale sur les conditions de vie difficile d’une famille en Province, pour peu à peu glisser dans quelque chose de plus inquiétant et finir en thriller. Louise Bourgoin y est exceptionnelle. Un film profondément humaniste avec un sujet rare au cinéma et qui engage une réflexion sur le traitement des animaux dans nos sociétés.
Je pense alors à la phrase de Gandhi : » On reconnaît le degré de civilisation d’un peuple à la manière dont il traite les animaux ».
[mks_separator style= »dotted » height= »2″]
POÉTIQUE DU CERVEAU de Nurith Aviv
(Sortie le 2 décembre)
A partir de quelques photographies de ses archives personnelles, des souvenirs et des réflexions que ces images réveillent en elle, la cinéaste va à la rencontre de cinq chercheurs en neurosciences et d’un psychiatre-psychanalyste pour les questionner sur des sujets tels que la mémoire, les neurones miroirs, le bilinguisme, la lecture, l’odeur, les traces de l’expérience. Il s’agit d’un jeu de va-et-vient entre le biographique et le biologique.
Très beau documentaire qui part de l’histoire personnelle de la réalisatrice pour s’ouvrir vers quelque chose de plus universel. La forme est ténue, simple, et j’aime beaucoup les rapprochements dus à l’exploration du film sur sa propre histoire et le sens qu’elle lui donne.
[mks_separator style= »dotted » height= »2″]
BACK HOME de Joachim Trier
(Sortie le mercredi 9 décembre 2015)
Un film tout simplement magnifique. Par touches subtiles, la mise en scène lève le voile sur ces personnages en souffrance par leur histoire intime, et surtout réussit la tentative d’expliquer ce besoin, cette envie, ce « plus fort que tout », qui pousse les reporters photographes comme Isabelle Reed (fragile et désarmante Isabelle Huppert) à toujours retourner sur le front. Et ce sentiment restitué à merveille, oui c’est tellement dur là-bas qu’elle ne pense qu’à une chose : y retourner. Encore. Toujours.
Un film sur le deuil, mais sur le fil, en équilibre permanent entre les êtres. La force de cette histoire réside dans une mise en scène feutrée qui suit ses personnages au plus près de leur ressenti émotionnel (dans une séquence nous suivons le père qui suit le fils), on ne sait jamais de quel côté le film va pencher, et s’engouffrer. On sent une certaine colère chez les personnages, quelque chose de borderline, de tendu, traité sur un ton mélancolique et doux. Ce n’est pas un film pesant pour autant, loin de là, c’est beau et lumineux. Vraiment.
[mks_separator style= »dotted » height= »2″]
LA MONTAGNE MAGIQUE de Anca Damian
(Sortie le 23 décembre)
La biographie d’Adam Jacek Winker, traverse près d’un demi-siècle d’histoire. Polonais réfugié à Paris dans les années 60, sa vie aventureuse prend un tournant radical dans les années 80. Se rêvant chevalier du 20ème siècle, Jacek quitte la France pour combattre les soviétiques aux côtés du commandant Massoud en Afghanistan. Des archives photographiques, des croquis ainsi que des films appartenant à Jacek Winkler font partie intégrante de ce documentaire d’animation dans lequel la réalisatrice les incorpore sous forme de collages, d’aquarelles et de photographies animées.
Un cinéma engagé, poétique, avec la voix de Miossec comme narrateur. Une oeuvre forte à découvrir.
[mks_separator style= »dotted » height= »2″]
AU-DELÀ DES MONTAGNES de Jia Zhang-ke
(Sortie le 23 décembre)
Chronique romanesque de son époque, le cinéaste continue d’explorer les oubliés de la société chinoise. Si l’on pense à un Jules et Jim asiatique au début du film, ce postulat est pulvérisé par la suite. Grande liberté narrative et formelle, des personnages restent, d’autres disparaissent, d’autres surgissent, le cinéaste lève le voile peu à peu sur ce qu’il a vraiment envie de dire. Il y a une telle modernité dans son cinéma. Et une fin véritablement bouleversante pour qui ceux qui, comme moi, se seront attachés aux personnages.
Une mise en scène d’une simplicité désarmante et tellement subtile, des acteurs magnifiques dont Zhao Tao l’actrice principale (et épouse depuis 2012 du cinéaste), elle est la révélation du film, impressionnante, elle aurait largement mérité un prix d’interprétation à Cannes cette année. Depuis que j’ai vu ce film j’y repense avec émotion.
[mks_separator style= »dotted » height= »2″]
TOP 10
Cemetery Of Splendour d’Apichatpong Weerasethakul
Mountains May Depart de Jia Zhang-ke
Back Home de Joachim Trier
Cobain : Montage Of Heck de Brett Morgen
Taxi Téhéran de Jafar Panahi
Birdman de Alejandro Gonzalez Inarritu
Valley Of Love de Guillaume Nicloux
Un Pigeon Perché sur une Branche… de Roy Andersson
À La Folie de Wang Bing
Two Years at Sea de Ben Rivers