[dropcap]L[/dropcap]e troisième album studio des bouillants américains Smashing Pumpkins est emblématique à plus d’un titre (et il en comporte la bagatelle de vingt-huit), qu’on le prenne sous l’angle du cadre de l’Histoire du rock américain comme au sein du parcours du groupe lui-même.
Après deux disques furieux et massifs (le brutal Gish de 1991 et le plus coloré Siamese Dream en 1993), tous deux cornaqués par le producteur Butch Vig, responsable, avec le succès que l’on sait, du mur du son de l’iconique Nevermind de Nirvana, le turbulent Billy Corgan revoit sa formule à la hausse et se tourne vers les plus subtils Alan Moulder et Flood, plus à même d’accompagner et de retranscrire sur bande la diversité folle qui caractérisait sa prolifique créativité d’alors.
Ainsi, pas moins de cinquante-sept chansons furent finalisées au cours de la gestation de ce magnum opus, et la moitié d’entre elles figureront au casting final du double album gargantuesque, répondant au titre aussi épique qu’évocateur de Mellon Collie And The Infinite Sadness, qui en résultera.
De saillies mélodiques tranchantes (sur les singles Bullet With Butterfly Wings et Tonight, Tonight) en ballades crèves-cœur (les délicates To Forgive et Beautiful bien sûr, mais aussi les deux merveilleuses compositions du guitariste James Iha, Take Me Down et Farewell And Goodnight, qui clôturent chacun des deux disques), de brûlots rock incandescents (les explosifs Zero, An Ode To No One et Bodies) en implacables attaques de guitares rougeoyantes (le sauvage Tales Of A Scorched Earth ou l’hypnotique X.Y.U.), le groupe déploie tout un spectre de variations inédites, de l’acoustique la plus précieuse à l’électricité la plus incontrôlable, accompagnant d’une fougue habitée toute l’imagination de son leader inspiré comme jamais.
En guise de cerise sur ce gâteau déjà bien garni, la fulgurance pop de 1979, écrite et gravée dans le marbre lors des tout derniers jours de l’enregistrement du disque, fournira aux Smashing Pumpkins leur plus gros tube à ce jour, dessinant un arc tendu entre le romantisme poupon de The Cure et la mélancolie sourde de New Order.
[dropcap]À[/dropcap] l’arrivée, ce disque ambitieux et gonflé rencontrera un succès colossal (décuple disque de platine rien qu’aux États-Unis, un record pour un double album, forcément plus onéreux que la moyenne), s’écoulant à des millions d’exemplaires dans le monde et faisant de ses auteurs des stars internationales. La suite sera malheureusement nettement moins rose pour le groupe, d’insolubles frictions internes en réinventions sonores plus ou moins réussies, de séparations acrimonieuses en réunions improbables qui parviendront toutefois à retrouver, par moments, la magie d’antan.
Il n’empêche qu’avec le temps, Mellon Collie And The Infinite Sadness a pris une patine singulière et unique, incarnant autant le son typique d’une époque révolue que dessinant de fascinantes pistes encore en friche à ce jour, sortant le rock alternatif US d’alors de son ornière grunge réductrice pour l’emmener vers un psychédélisme bariolé et décomplexé, lorgnant autant sur les possibilités d’un rapprochement encore timide avec l’électronique qu’assumant une douceur chaleureuse et inattendue, lovée entre mélancolie diffuse et tristesse infinie.
KAAAAAAAAAA-BOOOOOOOOOOM !!!
Chef d’œuvre Ui Ui Ui
Meilleur disque de tous les temps!
Forcément… By starlight I’ll kiss you, etc.