[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]A[/mks_dropcap]ttention, ici pas de blagounettes ou de scénarios légers. HBO Asia présente Folklore, sa série d’horreur anthologique concentrée sur la relecture de contes et légendes asiatiques. Et le folklore en question fait froid dans le dos.
La série est née sous l’impulsion d’Eric Khoo, réalisateur singapourien plusieurs fois primé (Be With Me).
Folklore est composée de 6 épisodes de 60 minutes, 6 pays représentés par un de leurs mythes, 6 réalisateurs à l’œuvre dans 6 films terrifiques : Nobody d’Eric Khoo pour Singapour, Mongdal de Lee Sang-Woo pour la Corée, A Mother’s Love de Joko Anwar pour l’Indonésie, Tatami de Takumi Saitō pour le Japon, Toyol de Ho Yuhang pour la Malaisie et Pob de Pen-Ek Ratanaruang pour la Thaïlande.
Chaque pays a bien évidemment des spécificités de mythes et légendes folkloriques, mais les questions sociétales qu’ils traitent font pourtant écho d’une région à l’autre, révélées par le travail de réalisateurs aguerris qui ont relevé le défi commun.
1- A Mother’s Love de Joko Anwar
Wewe Gombel est un esprit féminin noir qui brûle d’être mère, prétexte de ce premier épisode qui traite des histoires parallèles de deux figures maternelles : Wewe Gombel et Murni (Marissa Anita).
Jetés hors de leur maison pour des raisons pécuniaires, Murni et son fils Jodi (Muzakki Ramdhan) squattent une vieille bicoque apparemment abandonnée. Des bruits étranges s’imposent dans les couloirs de cette vieille maison, et Murni fait l’horrible découverte de plusieurs enfants décharnés enfermés dans le grenier. Murni prévient la police et les enfants sont rendus à leurs parents.
Ce qui provoque évidemment la colère totale de leur mère adoptive, la Wewe Gombel.
En Indonésie, cet esprit vengeur enlève les enfants négligés ou maltraités, laissés sans surveillance, ou qui traînent dehors après le coucher du soleil. Protectrice envers les enfants et sans pitié envers ceux qui les mettent en danger, Wewe va vouloir se venger de Murni qui lui a fait perdre ses chérubins.
2- Tatami de Takumi Saitō
Les japonais croient que leurs pensées peuvent rester dans les tatamis, traditionnels sols de paille nattés qui se trouvent dans leurs chambres. Au fur et à mesure du temps, l’accumulation de ces sentiments négatifs et positifs grandit, s’incruste plus profondément dans la paille et s’y développent pour y vivre. L’horreur au Japon prend traditionnellement sa source dans la rancune, les pensées négatives que les autres peuvent avoir de vous.
Tatami est l’histoire de Makoto Kishi (Kazuki Kitamura), un journaliste sourd et muet qui travaille sur les affaires de meurtres. Dans le dernier cas sur lequel il enquête, il doit couvrir l’histoire de sa propre famille après la mort de son père. Dans sa maison familiale, le voilà victime de visions mystérieuses d’un enfant et de flashbacks. La vérité horrible à propos de sa famille associée à une affaire de trahison et d’avarice vont finir de bouleverser le monde tel qu’il le connait.
3- Nobody d’Eric Khoo
Le corps momifié d’une fille est retrouvé sur un chantier de construction, mauvais présage absolu pour le projet immobilier. Kang (Louis Wu), le patron du chantier, demande à Lim (Maguire Jian) son chef d’équipe et à Peng (Li Wen Qiang), un ouvrier chinois, de brûler le corps. Mais Peng n’ose pas obéir et préfère enterrer de nouveau le cadavre sans rien dire à personne. Ce faisant, il retire un clou de la nuque du mort et provoque le pire, le réveil d’un esprit vampire appelé Pontianak. Évidemment, la malédiction va faire des victimes au sein de l’équipe du pauvre Peng.
4- Pob de Pen-ek Ratanaruang
Phi Pob est un fantôme thaïlandais qui se nourrit des entrailles humaines, avec qui il est possible de passer un pacte pour sauver la vie d’un être cher par exemple, contre une action à sa mémoire.
Pen-ek Ratanaruang, réalisateur thaïlandais de renom, propose l’histoire de Pob, qui avoue le meurtre d’un grand patron américain à Manop, un journaliste à court d’argent. Pob se plaint que l’américain ne l’a pas du tout reconnu, et ne l’avait pas respecté en tant que fantôme terrifiant qu’il était sensé être. Le journaliste est dubitatif mais saisit l’occasion et conclut un accord avec Pob. Célébrité sur internet au rendez-vous pour le fantôme en mal de reconnaissance.
Horriblement drôle ou drôlement horrible, cette comédie d’horreur se joue de la différence des cultures entre les américains et les thaïlandais, incapables ici de se comprendre, de se supporter et encore moins de se faire peur. Tourné en noir et blanc, l’ambiance reste concentrée sur le genre horreur, Pob est interprété par une équipe de comédiens débutants, pari risqué mais assumé par Ratanaruang.
5- Toyol de Ho Yuhang
Toyol se passe dans une ville de pêcheurs qui subit une catastrophe économique brutale après que tous les poissons soient retrouvés morts, sans explication.
Le représentant officiel de la ville (Bront Palarae) décide d’aider ses électeurs en engageant un chamane… qui s’avère être un vrai escroc. La réputation du député est entachée par cette affaire, et c’est en toute vulnérabilité qu’il rencontre une femme aux pouvoirs mystérieux qui réussit à régler miraculeusement la situation en sa faveur.
Le sentiment amoureux se développe bel et bien, malgré un obscur et terrible secret… Toyol est dans le folklore malais l’esprit d’un nouveau-né avec des dents pointues et des yeux rouges. Convocable par magie noire, il obéit aux ordres de son propriétaire qui peut s’en servir comme arme absolue.
6- Mongdal de Lee Sang-Woo
Ok-bin (Lee Chae-yeon) est directrice d’école et a un fils adolescent, Dong-joo (Jung Yun-seok), qui a des tendances psychopathiques certaines, se fait rejeter par ses camarades.
Femme froide et distante, elle est pourtant prête à tout pour aider son fils, obnubilé mais dédaigné par une jeune fille. Prête à l’aider même par-delà la mort. Le nom de Mongdal est celui d’un fantôme coréen, qui représente un homme qui meurt lamentablement célibataire, obsédé par la moitié qu’il n’a jamais trouvé. Le sujet principal est l’amour fou de la maman de ce jeune homme pas très bien dans sa tête, prête à trouver même dans la mort la solution au désespoir de son fils. Son âme sœur…
À l’évidence, les filiations et les mères puissantes sont une sorte de point commun entre de nombreux épisodes de cette vitrine folklo-horrifique.
La première diffusion de Folklore est prévue le 7 octobre sur HBO Asia, au rythme d’un épisode hebdomadaire, et sera disponible sur sur HBO on Demand. Pas de diffusion annoncée pour la France.
Âmes sensibles s’abstenir.