[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C[/mks_dropcap]’est un groupe qui fait débat. Hipsters agaçants pour certains, jeunes prodiges pour d’autres, les anglais de alt-J ne laissent en tout cas pas indifférent. Un premier album formidable, puis un second opus pas mal décrié, cependant propulsé au top 1 en Angleterre, leur son est un savant mélange de chorales pop-folk aux arrangements électroniques.
Cela fait quelques mois que les trois compères nous tiennent en haleine avec des images bizarres, des bouts de sons, des codes binaires, balancés nonchalamment sur les réseaux sociaux afin de nous faire patienter en attendant leur très attendu troisième opus Relaxer.
3WW d’abord, ensuite In Cold Blood (attention, gros kiff), puis dernièrement Adeline. Ces trois morceaux dévoilés sont un condensé du court album, qui vogue entre ballades vaporeuses et ritournelles badass. S’il est le moins homogène d’alt-J, on observe de vraies recherches dans chacun des huit morceaux. Expérimentations, richesse instrumentale et vocale, c’est ce qu’on peut appeler un retour gagnant.
Est-ce que the Animals a influencé le trio dans la création de Relaxer ? C’est une question que je me suis en effet posée après plusieurs écoutes. La troisième chanson est une (géniale) reprise de House of the Rising Sun. Déjà.
Et puis, on retrouve cette espèce de moelle épinière blues comme fil rouge, accentuée par le keyboard vintage et la voix nasillarde qui rappelle évidemment le groupe phare des années 60. Un fil autour duquel viennent se tisser étoffes pop, broderies folk et dentelles psyché. Une vraie profusion de sons acoustiques ou non, bricolés dans un joyeux bordel qui laisse part à l’imaginaire. Quelque chose de très cinématographique donc, comme les deux clips hyper léchés le laissent entrevoir.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]L[/mks_dropcap]a musique a le pouvoir d’invoquer les images, et inversement. Et ça, les garçons l’ont bien compris. À travers des incrustations de voix féminines (Ellie Rowsell de Wolf Alice sur 3WW ou Marika Hackman sur le très beau Last Year), de cris (le quasi garage Hit Me Like That Snare), ou d’envolées aériennes (Adeline), on se trouve transporté dans une multitude de décors, allant du squat industriel à des étendues plus lunaires ; le dernier Pleader aux 2’19 d’intro évoquant carrément la B.O. de Edward Scissorhands de Tim Burton, avec une tonalité parfois très métallique rappelant le cri du corbeau, et des dissonances de cordes totalement fantasmagoriques.
À la fois coloré, mystérieux, délicat et un peu fou, Relaxer est une petite bombe de créativité jouissive. Disponible depuis le 6 Juin chez Infectious Music.