Le livre est magnifique, tout en nuance bleutée. Anatomie d’un cœur, d’Antonia Bañados (Sarbacane), nous narre l’histoire d’une Marie Curie au Chili. Elle s’appelle Aurora, fait des études de médecine et va disséquer l’amour avec patience et passion. Une belle histoire nimbée d’une douce mélancolie.
Dans ce monde d’hommes, où les études de médecine laissent peu de place à la réussite des femmes, le parcours de la jeune Aurora ne peut que détonner. Nous sommes à la fin des années 50 à Santiago et, en ce jour de rentrée à la Faculté, le message adressé par le président de l’université aux deux seules femmes présentes sur les bancs de l’amphi est on ne peut plus clair : premièrement, vous allez devoir vous surpasser ; deuxièmement, ne me décevez-pas.
Évidemment, ça met une petite pression. Mais il en faut plus pour impressionner Aurora, dont l’assiduité aux cours et les prises d’initiatives pour animer un petit groupe d’étudiants, l’aident à se familiariser avec les veines et les artères, les vaisseaux et les os, les odeurs chimiques et sucrées si caractéristiques de la salle où l’on prépare les corps avant de les envoyer à l’étranger.
Alors qu’elle se concentre ainsi sur ses études, elle croise la route de Simon, l’assistant du professeur. Remarquée pour sa rigueur et pour la qualité de son travail, Aurora réussit aussi à distraire le jeune homme, si intéressant et attentionné. D’une visite d’exposition de sculpture à une balade dans un parc, d’une histoire de crâne à une histoire de cœur, il n’y a qu’un pas qu’aucun des deux n’ose toutefois franchir trop rapidement.
Dès lors, en resteront-ils à cette sage étape ou laisseront-ils l’amour entrer dans leur vie ? C’est tout le dilemme que nous dévoile la BD, qui n’oublie pas pour autant de partager avec nous, au fil du temps qui passe, les détails du parcours professionnel extraordinaire d’Aurora. Sensible et dotée de beaux effets visuels, Anatomie d’un cœur nous entraîne dans le sillage d’une love story originale et particulièrement touchante.