[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]S[/mks_dropcap]i la carrière d’Angel Olsen a réellement décollé suite à la sortie de “Burn Your Fire For No Witness”, son nouvel album “My Woman” va avec certitude la faire passer à l’étape supérieure. Plus variés et au son plus riche, les dix titres du disque risquent de surprendre les fans de la première heure. C’est une Angel Olsen affable et sûre d’elle que nous avons rencontrée en terrasse d’un hôtel parisien pour nous parler de son rapport au succès, de l’écriture de ce nouvel album et de ses ambitions.
Tu as récemment déclaré que les réponses à tes futures interviews seront assurées par des amis, une marionnette ou des dessins. J’espère que c’est bien toi et non un sosie que j’ai en face de moi !
(rire) Non, je te rassure, c’est bien moi. C’est une blague qui date de l’enregistrement de l’album. Je commençais à répondre aux interviews et visiblement, les journalistes ne faisaient aucune recherche sur mon travail et donnaient l’impression que je devais me sentir honorée par le fait qu’ils m’accordent de leur temps. Certaines questions t’épuisent parfois et pourtant tu ne peux pas le montrer. Ça devient un jeux à la longue. J’en ai parlé au producteur du disque qui m’a suggéré d’utiliser une marionnette à main pour répondre aux interviews (elle imite la voix d’une marionnette avant d’éclater de rire).
Comment as tu vécu la période qui a suivi la sortie de “Burn Your Fire For No Witness” ?
L’année ayant suivi la sortie du dernier album a été entièrement dédiée aux concerts. J’ai ensuite enchaîné par une tournée des festivals. Je finissais par rencontrer une certaine lassitude à jouer en live. Je tombais souvent sur les mêmes groupes lors des festivals et nous avons commencé à échanger sur nos angoisses. Ça m’a fait du bien car je me suis sentie moins seule. Certains rencontraient beaucoup de succès, d’autres comme moi étaient en bonne voie. Je leur ai demandé quelles options et décisions ils avaient prises, avec qui ils travaillaient, comment ils géraient leur carrière etc. Comme beaucoup, au lieu de me réjouir et de vivre sur un nuage, j’étais souvent effrayée.
As tu eu besoin de te couper des tournées incessantes pour composer ces nouveaux titres, ou bien arrives tu à gérer les deux parallèle ?
J’ai effectué un grand break après cette tournée des festivals. Mais avant celui-ci nous avons joué en Australie. J’y ai composé deux trois chansons, les premières en un an. C’était nouveau pour moi car je n’avais jamais composé en tournée auparavant. C’est en Australie que j’ai commencé à composer au piano et au synthé pour la première fois. Je n’étais pas certaine que c’était la meilleure des choses à faire car ce n’est pas naturel pour moi. Je ne savais pas si c’était moi qui souhaitais évoluer ou si je me forçais à le faire. Nous avons ensuite tourné au Portugal, en Espagne, en Grèce et en Turquie. Nous sommes restés trois jours dans chaque pays. Un jour de concert puis deux jours de détente organisés par les promoteurs. En Grèce par exemple nous pouvions traîner au restaurant, nous avons visité une île. A Istanbul, nous avons visité la partie asiatique de la ville. Chaque jour était comparable à une véritable expérience au lieu de n’être que du travail. Du coup, quand je suis rentrée à la maison, j’étais inspirée par ces voyages et j’ai composé cinq ou six titres d’un coup. Quand je manque de sommeil ou suis plongée dans une ambiance continue de travail, la dernière chose que j’ai envie de faire est de composer.
As-tu changé tes méthodes de composition pour ce nouvel album ? As-tu tendance à beaucoup travailler en amont ou bien le plus gros du travail s’est-il effectué en studio ?
Non, tout est prêt avant d’arriver en studio. Je suis une obsédée du contrôle et je veux même être présente lorsque l’on édite les chansons. Même si l’on travaille dans un super studio bien équipé, avec des excellents musiciens, le mixage est très important. J’ai travaillé avec John Congleton par le passé et je voulais renouveler l’expérience avec lui. Mais entre temps je suis devenue amie avec Justin Raisen, un type qui mixe de la musique totalement différente de la mienne. Il composait des titres pour des pop stars. J’ai hésité à lui demander de travailler avec moi car je ne voulais pas qu’il prenne part au processus d’écriture, ce qui pouvait être problématique pour lui vu ce que ça peut rapporter par la suite. Pourtant il s’est montré intéressé par ma vision et était prêt à me suggérer quelques idées si j’en avais besoin. Ça tombait bien car je ne me sentais pas prête à produire mes propres disques. Bref, je savais où je voulais aller, nous avions déjà répété avec le groupe et je leur avais bien exposé mes souhaits. Il ne restait plus qu’à enregistrer. A ce stade, le producteur n’est plus qu’un guide qui est là quand tu rencontres des difficultés.
Pourrais-tu nous donner un exemple de l’apport de Justin Raisen à l’album ?
Un de ses conseils a été de ne jamais négliger la deuxième chanson d’un album. Je lui avais envoyé une démo pour celle-ci, mais je n’étais pas convaincue de la qualité du titre qui sonnait un peu comme ce que j’avais déjà fait précédemment, avec un son un peu sixties. Il m’a conseillé de l’enregistrer juste pour le plaisir. Mais le groupe ne la connaissait pas bien, ça nous aurait retardé. Entre temps, nous avons bénéficié d’un jour supplémentaire de studio et nous avons décidé de donner sa chance à ce titre. Et ça a fonctionné. C’était un moment magique, chaque musicien dans une pièce séparée jouait une partie qu’il venait juste d’apprendre vaguement. Nous avons voulu la jouer live pour voir ce qui se passerait. Je ne le savais pas, mais Justin jouait du tambourin en douce. J’avais l’impression de me retrouver dans une ambiance à la Phil Spector, car le matériel utilisé avait une connotation historique. Nous avons enregistré sur une console ayant appartenue à Neil Young. La liste de musiciens ayant enregistré des classiques dans ce studio est impressionnante. Mais au lieu de me mettre la pression, ça m’a plutôt inspirée. Je savais que quelque chose de cool était en train de se passer. J’étais vraiment heureuse d’assister à ce type de moment où l’on se dépasse pour créer de la pop music dans un effort collectif.
Jusqu’à aujourd’hui, on pouvait grossièrement résumer tes albums comme oscillant entre des chansons brutes ou country-folk.
On retrouve un petit peu de ça dans “My Woman”, mais tu as semblé vouloir laisser tes chansons respirer et aspirer vers plus de grandeur musicalement et en termes de production. Partages-tu cette opinion ?
Oui j’écoutais beaucoup de vieux classiques, c’est pourquoi j’ai voulu enregistrer en live directement sur bande avant de commencer le travail d’edit. C’était un challenge que d’être en studio et de ne pas ajouter des couches et des couches d’instruments. Tout relevait de la confiance entre moi et le groupe. Ils devaient pouvoir écouter, mémoriser et jouer à la perfection. Nous avons enregistré dans un studio minuscule, à tel point que certains jouaient dans le hall. Nous devions nous écouter les uns les autres pour pouvoir suivre l’évolution du titre. C’est d’ailleurs ce qui résume le mieux l’album : l’écoute. J’attache une grande importance à la progression et l’évolution du son dans mes chansons. N’ayant pas suffisamment de recul, je ne sais pas si ça ressort sur l’album. Il n’y a que mes vocaux sur “Women” et “Sister”, les deux chansons les plus longues du disque pour lesquelles je n’ai pas eu recours au live car je ne voulais pas perdre en intensité sur la durée. C’est une étape supplémentaire depuis mon précédent album qui n’avait été enregistré que partiellement en live. En en parlant autour de moi, j’ai réalisé que pas mal de gens n’aimaient pas les disques enregistrés dans les conditions du live. Certains trouvent que ce type d’album affiche un truc du genre : “voici mon groupe, et voilà comment ils se débrouillent en tant que musiciens”.
Au contraire je trouve que c’est le meilleur moyen d’afficher tes influences et ce que tu es vraiment à un instant T.
Exactement. Steven a commencé à écouter pas mal de Stevie Wonder et du Jazz. Il a donc naturellement commencé à jouer du Fender Rhodes et à s’intéresser de plus en plus en synthés. Ce qui tombait bien car moi aussi j’étais dans une période synthé, même si mes influences étaient différentes. Emily était obsédée à l’époque par le son de basse de Serge Gainsbourg période “Melody Nelson”. Josh est très critique sur tout ce qui concerne la pop musique, le jazz et le hip hop. Dans le van, en tournée les discussions sont sans fin. Si tu interviewais chaque membre du groupe, ils pourraient te faire de longues déclarations intellectuelles sur Kanye West ou la carrière de Kendrick Lamar. C’est vraiment ennuyeux d’avoir à subir leurs conversations, mais d’un autre côté, j’adore qu’ils réfléchissent et intellectualisent tous les aspects de la musique. Car tu l’entends quand ils jouent. Pour la deuxième face du disque, je voulais nous autoriser à jouer et chanter plus librement, sans que ça sonne trop réfléchi. La face A est plus axée sur les mots, mais d’une façon légèrement différente de mes albums précédents. Même si “Never Be Mine” est un peu nostalgique, un aspect qui a souvent été présent dans mes chansons. Mais ce n’est pas très important, j’ai pris du plaisir à travailler ce titre malgré mes hésitations initiales. Je l’adore au final, mais c’est normal car je connais toutes les étapes de sa création. La face B est plus libre, plus ambitieuse. Elle sera plus adaptée à nos concerts en festivals. J’adore m’y produire mais au bout d’un moment tu n’as pas envie de lasser le public après avoir joué plusieurs titres dans la même veine. Bon, c’est également un moyen pour le groupe de ne pas tomber dans la routine. Ces nouveaux morceaux rendront notre set plus intéressant et plus fun.
L’album sonne comme un disque qui pourrait faire passer ta carrière à un stade supérieur.
Y avait-il un peu de cette volonté au fond de toi, te considères-tu comme quelqu’un d’ambitieuse ?
Oui. Ma réponse peut paraître audacieuse, j’en suis consciente. Mais beaucoup de journalistes et de gens de mon entourage pensent que mon ambition était de réaliser un disque sur les femmes s’adressant aux femmes. Il faut sourire et rester poli, même si au fond de moi je me demande s’ils ont vraiment écouté l’album. Je sais que parfois d’un pays à l’autre, il y a une barrière culturelle et qu’il est parfois compliqué de saisir des subtilités de langage si l’anglais n’est pas ta langue maternelle. Ok j’aborde des sujets féminins, mais parce que je suis une femme. Je pourrais même me considérer comme une féministe car je suis née femme. Je n’ai donc pas vraiment le choix (rire). Mais j’essaie de parler de l’amitié et de l’amour dans des contextes variés. Ce n’est donc pas un disque uniquement pour les femmes.
Est-il aussi important pour toi de faire évoluer ton chant que ta musique, car sur “No Woman” les deux vont de paire ?
Par exemple, ta voix sur “Those Were The Days” est presque méconnaissable.
Quand je chante pour d’autres, j’utilise ma voix différemment pour m’adapter à leur musique. Un peu comme sur “Those Were The Days”. Les gens qui s’attendent à un disque de folk vont être déçus. J’ai changé, je ne suis plus la même personne. Je n’ai donc plus envie de créer la même chose qu’avant, musicalement et vocalement. J’écoute beaucoup de R&B et pour pouvoir chanter ce type de chanson, il faut que j’adapte la structure de mes titres pour pouvoir chanter différemment. Le challenge était d’y arriver tout en écrivant des paroles auxquelles je peux m’identifier. J’ai réussi à écrire en partant dans des directions inhabituelles tout en gardant une approche très personnelle. Je n’ai pas utilisé les mêmes astuces que d’habitude.
C’est le cas avec “Intern” qui ouvre l’album, sans doute le morceau le plus inattendu de l’album, avec une dominante de synthés, des chœurs trafiqués.
Il ne ressemble pas à grand chose d’autre sur le disque. As-tu hésité avant le faire figurer sur “My Woman” ?
Ce morceau est né d’une session où nous plaisantions avec des amis. Notamment l’un d’entre eux, Oscar qui joue de la musique à base de synthés. J’ai pas mal écouté ses disques, ainsi que le dernier Soko, Perfume Genius et des artistes plus récents. Mais aussi de vieux classiques, notamment l’intégrale de The Cars pour observer leur évolution. J’ai voulu adapter toutes ces influences et les rendre moins célestes. J’ai donc expérimenté avec un synthé histoire de m’amuser, et à écrire des paroles autour d’une stagiaire (« Intern » en anglais ndlr). J’ai commencé à vraiment aimer le résultat. Je me suis dit que je pourrais placer ce titre à la fin de l’album, histoire de… (coupant net sa phrase) Et puis j’ai trouvé qu’il serait amusant de l’utiliser pour ouvrir l’album pour perturber les gens. Je les entends déjà : “ce n’est pas possible, elle nous a trahis !” (rire). “Pop”, la dernière chanson est la plus sobre de l’album. Juste un piano et ma voix. Le titre d’ouverture et celui de clôture sont à l’opposé l’un de l’autre et complètement différents du reste du disque. J’ai pensé qu’il était préférable de faire une sorte de déclaration effrontée et un peu folle pour accueillir l’auditeur et quelque chose de plus live et organique pour lui dire au revoir.
C’est d’ailleurs “Intern” que tu as choisi pour trailer de l’album.
Tu sembles aimer les prises de risque !
Oui, le nombre de réactions que ce trailer a suscité est incroyable. Généralement je ne prête aucune attention aux commentaires sur mes chansons. Mais avec “Intern”, c’est différent. C’est un titre qui parle d’échanges et de comment les autres te perçoivent. Et finalement ça ne se passe pas très bien. Mais qu’est ce qui est le plus important ? Avoir une personne dans ta vie que tu aimes et qui sera toujours là pour toi, ou bien un entretien d’embauche qui dure dix minutes et qui se passe mal. J’ai souvent été confrontée à ce genre de situation. Donc pour y ajouter une touche d’humour et de dérision, j’ai utilisé des synthés. C’était comme expérimenter avec le système. Vous attendez un morceau de moi à la guitare et je vous offre quelque chose qui n’a rien à voir. Par contre vous aurez ce que vous attendez plus tard, mais il va falloir attendre (rire).
Tu en as même dirigé la vidéo.
Oui celle-ci et celle de “Shut Up Kiss Me”. Je ne l’ai pas fait pour m’auto déclarer réalisatrice. J’ai des gens qui ont fait un superbe travail sur mes vidéos par le passé. Particulièrement Christophe de la Blogothèque dont le travail est unique et intime. Mais je voulais prolonger le thème de la musique en le mettant en image au lieu de dire à quelqu’un d’autre : “voici ma chanson, je t’offre mon image, adapte le tout avec ta vision personnelle”. Là j’ai pu mettre en scène le personnage que j’avais créé, il y avait une continuité. Quitte à faire des erreurs, je préfère les réaliser moi même plutôt que de devoir être confrontée à celle des autres. J’ai beaucoup appris et c’était fun. Je sais maintenant utiliser le matériel de tournage, manager une équipe, gérer l’aspect logistique, négocier etc. Nous avons travaillé dix heures par jour. Ça m’a ouvert les yeux sur la difficulté de ce travail.
C’est la première fois que tu utilises une photo de toi sur l’un de tes LP. La pochette de l’album joue sur un côté intemporel qui sied parfois bien à ta musique.
Es tu à l’ origine de l’idée de cet artwork ?
Oui, j’ai tout contrôlé également. Je porte une perruque car je n’avais pas envie de passer un temps fou à me coiffer. Dolly Parton le fait, pourquoi pas moi ! (rire). La vidéo de “Shut Up Kiss Me” utilise le personnage de la pochette et le transpose dans un thème autour du patin à roulettes. Je voulais un look imprégné des 70’s avec une touche de modernité.
Tu sembles aimer appliquer des effets sur ta voix. C’est le cas par exemple sur “Shut Up Kiss Me”.
Est-ce pour mieux appuyer tes propos ?
Oui. J’aime beaucoup les disques organiques, mais aussi quand les disques pop utilisent la voix comme un instrument. J’ai particulièrement développé ce dernier aspect sur le disque.
[mks_pullquote align= »left » width= »250″ size= »22″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]Pour moi rien ne vaut ces instants dans un disque où tu comprends que les voyants sont dans le rouge, lorsque le micro n’arrive pas à contenir clairement une voix qui s’emporte ou un instrument. Tu a l’impression d’atteindre une autre dimension.[/mks_pullquote]
On parle souvent du cap difficile du deuxième album pur un artiste. T’es tu sentie libérée après “Burn Your Fire For No Witness” ou bien au contraire la création de “My Woman” n’a pas été facile ?
J’étais clairement plus à l’aise pour créer le son que j’avais en tête avec le groupe. Mais chaque expérience est différente. Cette fois-ci jouer et chanter étaient plus naturels ce qui a facilité les choses car nous avons tout enregistré sur bande. Ce n’était pas le cas de l’album précédent dont le son est bien plus propre. Il y a toujours des passages Lo-Fi sur “My Woman” dans lesquels tout vole en éclat. Pour moi rien ne vaut ces instants dans un disque où tu comprends que les voyants sont dans le rouge, lorsque le micro n’arrive pas à contenir clairement une voix qui s’emporte ou un instrument. Tu a l’impression d’atteindre une autre dimension. Il a fallu trouver le juste équilibre entre ces moments remplis d’excitation et quelque chose qui reste agréable à écouter pour l’auditeur. Justin Raisen nous a bien aidés à ce niveau là. Son ingénieur aussi. Il savait parfaitement quel type de micro spécifique utiliser pour obtenir le son idéal. C’était comme être dans une aire de jeux. A aucun moment nous ne nous sommes embêtés. Sur “Burn Your Fire For No Witness” je cherchais bien plus à exprimer fermement mon opinion. J’étais effrayée et c’est le seul moyen que j’avais trouvé pour masquer mon manque d’expérience. J’essayais de tourner ça à mon avantage pour trouver de nouvelles pistes. Le producteur a vraiment été patient avec moi. Cette fois-ci, à quelques exceptions près, nous étions sur la même longueur d’onde. Des amis passaient nous rendre visite au studio. En temps normal je n’aurais pas aimé ça, mais pourtant ça ne m’a pas dérangé. C’est pour te dire à quel point nous étions sûrs de ce que nous faisions. Le succès de “Burn Your Fire For No Witness” a également bien aidé en termes de confiance. Je me suis dit que j’allais peut être perdre quelques fans avec “My Woman”, mais j’étais prête à le faire pour rendre le process plus intéressant. Et vu le plaisir que j’ai eu à l’enregistrer, à aucun moment je n’ai regretté ma décision. Je me souviendrai toujours des moments passés dans ce minuscule studio à Hollywood. Ça sonne un peu mielleux, mais c’est pourtant vrais.
Tu partages le même producteur que Lawrence Rothman, Justin Raisen. L’as tu rencontré lors du duo que tu as enregistré avec Lawrence ?
Tout à fait. Justin nous a contactés moi et mon manager. Il voulait que je chante sur le morceau d’un type, mais ses explications étaient étranges. Je me suis demandé qui était ce parfait inconnu et j’ai demandé à ce qu’il m’appelle. Il m’a dit que Lawrence enregistrait une série de chansons et que chacune d’entre elles serait filmée par sa femme qui est réalisatrice. Il voulait m’inclure dans ce qui semblait être un gros projet. C’était encore très vague et je lui ai clairement demandé : “qu’est ce que tu attends de moi !? Envoie moi une démo et si ça me plaît, j’y participe” (rire). Justin était charmant et très drôle au téléphone. Un peu plus tard j’ai joué en concert à Los Angeles et j’en ai profité pour les rencontrer, lui et Lawrence. Lawrence était habillé d’un costume et était posé, discret et adorable. Il me posait beaucoup de questions, il s’intéressait à moi. Et à côté Justin portait une énorme chaîne en or et parlait comme un mec des rues. Il partait dans tous les sens. Ces deux là ne vivaient visiblement pas sur la même planète (rire). Je l’ai traité de grand malade. Il a fini par m’envoyer le morceau en question et je suis resté impressionnée par sa beauté. On sentait qu’il se passait quelque chose de très fort entre Justin et Lawrence sur le titre, même s’ils paraissent ne rien avoir en commun vu de l’extérieur. Nous avons enregistré le titre en un jour, puis à la fin de la séance on a parlé de nos artistes favoris en se passant des vidéos sur Youtube. Nous avons commencé à pas mal échanger après ça et je me suis aperçue que Justin était quelqu’un de vraiment cool qui savait de quoi il parlait en termes de musique. Peu importe le fait qu’il ait travaillé ou composé pour des artistes n’ayant rien à voir avec moi ou que nous ayons des personnalités différentes. C’est une personne très créative. J’ai commencé à lui envoyer des maquettes pour avis, sans aucun plan derrière car je voulais travailler à nouveau avec John Congleton. Puis je me suis dit qu’il serait dommage de ne pas explorer cette relation musicale naissante entre nous et de voir où cela pourrait nous mener. Je voulais une présence intéressante, plus que quelqu’un qui me dise quoi faire. Cela faisait un moment que nous étions collés les uns aux autres avec mon groupe. Et chacun d’entre nous a des opinions bien tranchées qu’il n’hésite pas à donner. Je pense que ça nous a fait du bien d’être au contact d’un inconnu, ça a changé notre dynamique. John est tellement adorable que chacun lui a donné le meilleur de lui même.
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Crédit photo : Alain Bibal
Merci à Agnieszka Gérard