[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]A[/mks_dropcap]nna Calvi a débarqué sur la planète rock un beau jour de 2011, avec sa guitare en bandoulière et un premier album qui donnait le ton. Voix magnifique, ambiance intime et maîtrise de la guitare avec le son si particulier de sa Fender. Excellent premier album, et tournée à l’avenant dévoilant une artiste à l’aise avec la scène.
Un deuxième album a suivi en 2013, plus élaboré, moins brut, mais tout aussi admirable. Et depuis, la belle s’est faite attendre et a réapparu là où on ne l’attendait pas, notamment sur le terrain de la reprise.
On aurait pu s’en douter néanmoins, car Anna Calvi livrait déjà sur scène une reprise époustouflante de Jezebel de Piaf, et c’est peu après la mort du maître Bowie qu’on l’a entendue reprendre Blackstar avec Amanda Palmer dans une version hantée à tomber. Plus tard, elle reprendra aussi Lady Grinning Soul, ou Sorrow avec John Cale.
Aujourd’hui, la belle ensorceleuse nous revient enfin avec un troisième album tant attendu, Hunter. L’album a déjà été précédé par deux beaux singles, dans des styles très différents, dont le titre éponyme Hunter, à l’orchestration magnifique, parsemé de cordes à la Twin Peaks.
Enregistré entre Londres, et Los Angeles, Anna Calvi s’est entourée de quelques pointures, comme Adrian Utley de Portishead aux claviers et Martyn Casey des Bad Seeds à la basse.
Difficile de ne pas être impartial quand on est déjà fan de la talentueuse artiste, et de fait, dès le premier morceau, on est happé : une simple guitare, quelques coups de batterie introduisent ce nouvel album, avec cette voix qui nous envoûte directement. As a Man avec son refrain susurré pose alors le décor.
Don’t Beat the Girl out of My Boy, premier single, avec ses chœurs accrocheurs et son lyrisme assumé est quasi un hymne. À noter qu’il sera beaucoup question d’identité sexuelle dans cet album, notamment via ces deux singles. Elle explique, à propos d’Hunter, que le titre parle d’explorer une sexualité, plus subversive et qui va au-delà de ce qui est attendu d’une femme dans notre société patriarcale et hétéronormative.
Le talent d’Anna Calvi, c’est aussi de trousser des morceaux tels qu’Indies or Paradise, qui commencent tout en voix susurrées, avec une rythmique implacable derrière et des refrains qui explosent ensuite en grandiloquence.
Hunter alterne morceaux lyriques et passages plus doux et mélancoliques, portés par la belle guitare d’Anna Calvi, comme sur le languissant Swimming Pool ou le très dépouillé Away.
C’est un bel album qui nous est proposé, avec des mélodies enchanteresses, des guitares magiques et cette voix profonde qui nous hante longtemps.
Il y a un style Anna Calvi, comme sur Alpha, morceau très simple en apparence, avec sa guitare sèche et ses claquements de doigts, peu d’orchestration en apparence, mais un morceau très riche au final.
Les derniers titres sont assez courts en nom, mais intenses musicalement : Chain laisse exploser la puissante voix d’Anna Calvi et nous rappelle que l’on a aussi affaire à une grande chanteuse ; Wish est un morceau entêtant, grâce à son riff crescendo qui ne lâche le morceau que pour le fabuleux refrain sur lequel on jurerait entendre Lana Del Ray .
L’album se clôt sur une ballade déchirante, et c’est déjà l’heure de se dire au revoir… 10 titres c’est trop court, mais quelle intensité !
Anna Calvi nous prouve encore une fois qu’elle est une artiste totale, auteure, compositrice, guitariste de talent. Et si voulez prolonger l’aventure, foncez la voir en concert, c’est encore mieux, et ça tombe bien, elle est en tournée !