[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]T[/mks_dropcap]out commence comme dans un western cosmique. Le décor est planté, le spectateur transporté sur des terres arides colorées de multi-flashs fulgurants. Nous sommes bercés dans un rêve où le blues adipeux se fait violence. Les secondes défilent, il ne reste plus que le magma sonore et ce rayon si puissant qu’il en écorche notre iris !
Yeti Lane en 2012 fut une découverte pour votre serviteur. The Echo Show m’avait happé avec ses montées au sommet de lueurs savantes. Il y avait, sur le devant de la scène, cette guitare greffée sur de multiples effets aimantés. La douzième piste Fades Spectrum annonçait avant l’heure une suite des plus épiques. Les riffs sauvages bourdonnaient dans une cavalcade qui, quatre ans plus tard, résonne de manière encore plus colossale dans les zébrures éclatantes habillant la troisième œuvre du groupe.
L’Aurore vient cogner à nos portes. L’abominable homme des neiges étant sur le point de prendre la tangente, il est donc grand temps de nous laisser porter par ce space rock gonflé d’hélium et de plomb !
Cédric Benyoucef et Charlie Boyer sont aux commandes de la navette. Au programme du voyage interstellaire, huit escales pleines de bravoures sur lesquelles nos esgourdes viennent s’engouffrer, une évidente rugosité transpirant alors de nos pores dilatés par tant d’emphase.
Délicat souffle la noirceur conductrice d’un mélange audacieux entre envolées fantasmagoriques et leitmotivs quasi wagnériens. Le chant en français semble étouffé. Fragile, il vient se nicher au cœur du typhon où il devient l’élément assez vite essentiel puisqu’il incarne l’oasis de fraicheur perdu dans cette profusion de remous.
Good Word’s Gone débarque avec son tempo stratosphérique. Nous apercevons les cordes contagieuses qui s’étirent et obsèdent des nappes synthétiques foudroyantes. Yeti Lane ose le cumul des sons qui crépitent. Ici, les artificiers usent de lance-flammes histoire de faire briller la voute de leurs innombrables étincelles. Sur la longueur, l’exécution pourrait paraître osée mais l’effort de condenser l’affaire en une double face de quatre titres chacune permet de rendre l’homogène opus totalement digeste.
Acide Amer enfonce le clou dans l’optique de nous crucifier sur place. L’humeur est tendue et nous téléporte à des années-lumière de notre chère planète bleue. Il y a une espèce d’ivresse irréversible qui s’empare de notre être. C’est si robuste, si bien ficelé ! Il est alors possible de débusquer quelques épaisseurs marécageuses derrière cette panoplie XXL.
De l’acide nitrique fumant nous passons à l’élément liquide. L’auditeur est soudainement plongé dans les nervures d’un trip sans retour. Il y a un frisson redoutable une fois que nous sommes embarqués dans cette dangereuse manigance dont le dessein est de nous faire goûter au plus grand des malaises.
La trêve sera de courte durée car il faudra prestement retourner le vinyle et déguster le titre offrant son nom à l’album. Une réussite mélodique qui, à l’image du reste du recueil, nous offre un évident talent dans le mixage et la production du tourment imprégné de combustions vives . L’Aurore est en cela une ode aux machines dont l’homme peut (encore ?) garder le contrôle afin d’en retirer la magnificence hardie.
Le final joue les prolongations sur cette plage où les grésillements exquis s’emmêlent, tissant petit à petit une toile stridente de plus en plus « noisy »
Je pourrais encore vous faire des tonnes de compliments sur cette merveille de puissance jouissive mais, désirant me plier à l’injonction de l’impératif Ne Dis Rien, je ne peux qu’obtempérer non sans vous avoir préalablement recommandé l’achat du précieux disque.
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