Les années 60 et la construction des grands ensembles sur la côte, la musique avec une copine, un accident de voiture, la séparation d’avec un compagnon, un beau père et la place qu’il a tenu, les voyages et aussi l’amour de son coin de vie.
Le roman de Nathalie Démoulin démarre sur les chapeaux de roue. Pas de temps morts et l’enchaînement des faits, racontés presque froidement.
Tout est vu, ou presque, à travers le prisme d’un promoteur immobilier, qui, sur une terre aride, sèche, décide de se lancer dans un grand projet immobilier. Il y passe tout sa vie, toute son énergie, au détriment de sa compagne et de la fille de celle-ci.
Un personnage énorme, dans tous les sens du terme, avec un passé trouble. L’Algérie et une action clandestine en lien avec l’OAS. Une souffrance jamais effacée. Le roman nous conte aussi la vie des femmes qui gravitent autour de ce promoteur, de leurs amours, des enfantements et des relations perdues. Des pages fulgurantes sur l’amour entre une mère et sa fille traversent le roman et l’éclairent poétiquement.
Bâtisseurs de l’oubli est parfois déroutant dans sa construction. Nous passons d’un narrateur à un autre et il faut faire preuve d’une grande attention pour faire le lien entre tous. Chaque chapitre, chaque confidence des personnages entre en résonance avec ce qui précède.
Voilà une oeuvre dense et troublante que propose Nathalie Démoulin, un livre et des « héros » qui vivent encore en nous après la lecture et continuent de nous questionner.
Des extraits du livre à suivre :
Bâtisseurs de l’oubli de Nathalie Démoulin, paru chez Actes sud, août 2015