[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]Q[/mks_dropcap]uand 2 artistes annoncent une collaboration, on est souvent très excité, puis légèrement inquiet puis au final la déception prend souvent le dessus, surtout quand les dits artistes viennent d’horizons lointains.
Alors, quand j’eus la surprise d’apprendre que Cooper Crane alias Bitchin Bajas, s’associait à Bonnie Prince Billy, les doutes s’immiscèrent rapidement.
Bonnie Prince Billy, en particulier, en bon boulimique qu’il est, est le roi des disques partagés que ce soit avec Tortoise, Matt Sweeney et autres Trembling Bells et je dois l’avouer, j’ai tendance à la préférer, tout seul, à traîner sa joie de vivre de sa voix lancinante.
Alors, qu’en est-il de ce projet au titre intrigant : Epic Jammers & Fortunate Little Ditties ? La mayonnaise prend-elle entre l’univers planant et enfumé de Bitchin Bajas et le folk décharné de Will Oldham ?
[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]P[/mks_dropcap]our tout dire, je n’étais pas si inquiet que ça, voire même carrément optimiste après avoir déjà eu un avant-goût de leurs travaux communs au travers de la splendide compilation Shirley Inspired sortie l’année dernière chez Earth Recordings et dont Jism vous en avait dit le plus grand bien en ces lieux.
Bitchin Bonnie Billy Bajas méritaient bien plus qu’un B, foi de Beachboy, tant leur reprise de Shirley Collins, Pretty Saro est de toute beauté, poignante ballade que notre ami de Louisville porte au pinacle sous les nappes synthétiques de Bitchin Bajas.
Leur nouveau projet est cette fois étendu à 9 titres inédits qui fleurent bon les substances certes illégales mais permettant une atmosphère détendue voire euphorique, de Show Your Love And Your Love Will Be Returned à Nature Makes Us For Ourselves.
Je ne suis pas sûr qu’on y voyait grand chose dans le studio et que cette odeur de Patchouli ne nous aurait pas collé une petite migraine mais en ces temps difficiles, un peu d’amour, voire même beaucoup, ça ne peut pas faire de mal.
Le premier morceau May Life Throw You A Pleasant Curve est dans la lignée de Pretty Saro, douce ballade où la voix de Bonnie Prince Billy et quelques notes de guitares et de flûtes s’enroulent autour des sonorités ambient de Bitchin Bajas. Par la suite, Cooper Crane et ses complices prennent la main et nous embarquent dans un trip psyché-dronesque loin de l’univers country de notre Palace Brother adoré.
Bonnie Prince Billy se laisse aller dans ce long jam improvisé et hallucinant. Epic Jammers & Fortunate Little Ditties a été enregistré chez lui, en une seule journée et on a vraiment l’impression qu’il leur a confié les clés de la maison.
Voix, guitares, synthés, gamelan, tous ses instruments se croisent, se répètent et s’enchevêtrent pour une longue méditation planante et introspective. On ferme les yeux, on se laisse porter, on s’étonne même à se relaxer en écoutant Bonnie Prince Billy, plus habitué à nous tirer toutes les larmes de notre corps.
L’aspect répétitif de la musique de Bitchin Bajas est à son sommet, on décolle très vite, lové sur un nuage rose, un sourire idiot sur notre visage ahuri car comme ils le déclament eux-même, Despair Is Criminal.
L’album tient plus du trip qu’autre chose, les morceaux dépassent souvent les 7 minutes sauf le magnifique Your Hard Work Is About To Pay Off Keep On Keepin On qui s’achèvent d’un seul coup d’un seul, quel est le con qui a fait sauter les plombs…
Le disque porte au final bien son nom avec ses chansonnettes à la sauce épicée. Quelques cyniques feront la fine bouche devant tant de félicité contemplative, tant pis pour eux, car ceux qui se laisseront porter feront de ce disque un des incontournables de 2016.
Epic Jammers & Fortunate Little Ditties est disponible chez Drag City/Modulor depuis le 18 mars. Allez-y, car ainsi You Will Soon Discover How Truly Fortunate You Really Are !
Le site de Bitchin Bajas – Le site de Bonnie Prince Billy