[dropcap]A[/dropcap]llez une petite dernière avant de changer de décennie, en glissant quelques mots sur le plus présent des absents ou inversement.
Je vous parle bien sûr de Bonnie Prince Billy qui nous revient avec I Made A Place et 13 nouvelles chansons originales, ce qui ne nous était pas arrivé depuis 2011 et l’excellent Wolfroy Goes To Town. C’est en soi une bonne nouvelle, cela l’est encore plus quand s’écoulent les dernières mesures du magnifique Building A Fire qui clôture le disque.
[dropcap]B[/dropcap]ien sûr, entre ce septennat, il ne s’est pas passé une année sans que Will Oldham ne fasse parler de lui. Depuis ses débuts en 1993 et sa découverte avec le génial There Is No One What Will Take Care Of You en tant que Palace Brothers, le bientôt quinquagénaire a toujours été très actif à la limite de la boulimie, multipliant les projets, les collaborations et les changements de noms.
Néanmoins, depuis quelques années, il s’est contenté de retravailler ses propres morceaux (Singer’s Grave A Sea Of Tongues ou Songs Of Love And Horror) ou de reprendre les œuvres de Merle Haggard sur Best Troubador ou Susanna sur Wolf Of The Cosmos.
De même, Bitchin Bajas, Bryce Dessner, Trembling Bells et tant d’autre jusqu’à récemment, notre Baptiste W. Hamon national ont eu le bonheur de pouvoir collaborer avec notre bonhomme, qu’on se désespérait de revoir seul maître à bord.
Adepte depuis ses débuts du DIY, Bonnie Prince Billy, en bon artisan, est gentiment paumé au milieu des plateformes du streaming et des réseaux sociaux, lui faisant perdre toute motivation pour se remettre sérieusement au boulot. Heureusement, une invitation pour une résidence artistique à Hawaï en compagnie de sa femme, Elsa Hansen Oldham, artiste spécialiste en point de croix, lui redonnera le goût et l’envie de recomposer quelques nouvelles chansons.
[dropcap]D[/dropcap]e retour dans le Kentucky, à Louisville, il réunit quelques amis fidèles dont la grande Joan Shelley, le guitariste Nathan Salsburg ou bien encore le bassiste Danny Kiely. En 2 jours, I Made A Place est bouclé !
Le séjour sous le chaud soleil d’Hawaï a fait du bien à Will, qui nous offre là un disque lumineux et léger, comme si le succès et la paternité lui donnaient l’envie d’envisager le futur avec optimisme, riche de toutes ses expériences. Look Backwards On Your Future, Look Forward To Your Past, en tête de gondole, I Made A Place apparaît comme le compagnon idéal, en chemise à fleurs, du Shepherd In A Sheepskin Vest de son vieux camarade de route, Bill Callahan.
Du banjo sautillant de New Memory Box au guilleret Squid Eye, l’atmosphère est aux sourires chaleureux et aux franches poignées de mains, le disque donne le sentiment d’accueillir chez soi, ses meilleurs amis pour quelques verres et souvenirs.
Une certaine tristesse pourra s’installer sur les splendides The Glow Pt. 3 ou I Have Made A Place, le monde a beau s’écrouler sur This Is Far From Over, I Made A Place fait du bien et réchauffe les cœurs. Bonnie Prince Billy chante magnifiquement bien, sa voix se mariant en particulier à merveille avec celle de Joan Shelley, ses autres collaborateurs sont à la hauteur et nous voilà, divine surprise, avec un de ses tout meilleurs disques !
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I Made A Place de Bonnie Prince Billy
sorti le 15 novembre chez Domino Records et Drag City
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