[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C[/mks_dropcap]ondamnée, tel Sisyphe, à mener des « revues » à Vegas jusqu’à la fin des temps, Britney Spears s’éloigne irrémédiablement de l’époque dans laquelle elle vit. Son Instagram la montre peignant des tulipes et des iris ou enchaînant ad libitum de pénibles exercices musculaires sans rien nous dire de 2018. De Toronto à Scarborough, ses concerts se ressemblent tous qui pourraient être donnés par un hologramme tellement elle donne peu d’elle-même. Elle finit exténuée mais sans rien qui différencie un concert d’un autre.
Il faut s’y résoudre, le temps de Britney Spears est passé. Harmony Korine l’avait pressenti dans Spring Breakers : la Princesse de la Pop n’était peut-être que l’icône creuse d’une génération aimant à se contempler dans le miroir de sa propre vacuité (tout en mimant Everytime affublée d’une cagoule fuchsia).
https://youtu.be/kD8hbg67u5c
Il fut cependant un temps où cette « coquille vide » fut la pertinence même. De 2003 à 2007, peu en effet étaient parvenus à se réinventer comme elle. La « petite fiancée de l’Amérique » avait réussi le tour de force de passer des minauderies perfides mais sans malice d’Oops I Did It Again à la danse des 7 voiles d’ I’m A Slave 4 U, du prototype de la sassy girl à la Salomé capiteuse d’In The Zone, ce qui n’était pas rien. Puis, l’habituelle hydre médiatique faisant son office, elle entama une rapide descente aux enfers adoptant une tonsure « up yours » et réglant ses comptes à coups de parapluie sur des paparazzi en embuscade. Moquée, humiliée, lynchée par ceux-là même qui l’avaient faite princesse, elle faillit sombrer totalement avant que de délivrer son plus beau disque, Blackout. Noir, vénéneux, toxique, Britney gagna notre cœur pour ne plus en être délogé. Cette « coupure de courant » opportune lui donnait une nouvelle dimension, lâchant la bride à ses penchants les plus exhibitionnistes (Piece Of Me), choisissant judicieusement des producteurs aventureux (Bloodshy&Avant) et réduisant Max Martin, le mentor des jeunes années à la portion zéro. Il y avait de la mante religieuse dans ce désir fièrement proclamé (Gimme More) quitte à couper la tête des amants trop tièdes. Hélas, ce sommet renversant fut aussi son chant du cygne. Il y eut quelques troublantes récidives (Womanizer, Gasoline) mais sans le frisson intégral que nous donna Blackout. Le charme était rompu et Britney pouvait recouvrir la garde de ses enfants : elle ne ferait plus courir aucun danger à quiconque.
On avait tellement fantasmé cette seconde carrière qu’on fut groggy de la voir enfiler la défroque de jury pour X Factor. On la perdait pour ne plus la retrouver. Mais le feu qui brûla cet automne 2007 ne s’est jamais complètement éteint. Demeurent en effet l’incandescence d’une poignée de morceaux ravageurs (Break the Ice, Radar, Freakshow) et une exubérance portée haut qui ne s’oublieront pas.
Pour cela et pour tout le reste, Happy Birthday Pinky !
Là où il faut et bien comme il faut en revanche l’Eric, pour sûr !