[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#508fbf »]A[/mks_dropcap]près Constellations paru en 2014 aux mêmes éditions Stock, Adrien Bosc publie en cette rentrée littéraire un nouveau roman traitant d’un sujet historique. Capitaine raconte l’exil d’un groupe de personnes à bord du Capitaine-Paul-Lemerle parti de Marseille le 24 mars 1941. Fuyant le nazisme, les exilés vont rejoindre la Martinique puis d’autres horizons. Il y a sur ce bateau des inconnus, tout comme des personnalités culturelles. Adrien Bosc nous raconte ce voyage forcé avec efficacité, comme il ferait l’hommage de l’exil et de ce qu’il provoque d’humanité.
À bord du Paul-Lemerle, on retrouve André Breton, Anna Seghers, Claude Lévi-Strauss, Victor Serge ou encore le peintre cubain Wifredo Lam. Tout ce monde se fréquente, évolue au gré des courants marins. Le fantôme du fascisme planant derrière eux comme un monstre prêt à les engloutir. Dans cette quête, il n’y a pas toujours d’attitudes héroïques : les habitudes de la société et de sa hiérarchie se redessinent à bord. Le capitaine du navire n’est pas un brave. Pétainiste, il répugne à voir cette population cosmopolite tenter un nouvel avenir. Viendra ensuite la Martinique, l’internement. Le fascisme et sa guerre sont comme de la glu sur les corps qui veulent s’en échapper.
Adrien Bosc signe ici un roman qui prend l’allure d’un témoignage sur l’exil, pour remettre en mémoire ce qu’il représente historiquement. Étayé de nombreux extraits de journaux et autres textes, Capitaine reste un livre abordable, peut-être un peu consensuel, qui permet de concrétiser une part de l’Histoire dans notre imaginaire. L’exil reste l’un des moyens déchirants de réaffirmer notre être au monde et l’écrivain lui redonne son souffle, sa légitime vigueur historique.
Capitaine d’Adrien Bosc
Paru le 22 août aux éditions Stock