[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C[/mks_dropcap]’est ce qu’on appelle un juste retour de bâton : le petit génie Will Toledo alias Car Seat Headrest commence à subir quelques critiques sur la foi de prestations scéniques un brin légères et fort décevantes en comparaison d’une discographie aussi pléthorique que réussie.
Ce n’est pas son nouveau disque qui va calmer le jeu car Twin Fantasy est le réenregistrement d’un disque, un très bon disque, paru en 2011 sur son bandcamp.
Est-ce donc bien utile de refaire le même disque ? Cette nouvelle version de Twin Fantasy est-elle meilleure que l’originale ? A-t-il déjà tout dit, tout fait ???
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]L[/mks_dropcap]a carrière de Car Seat Headrest a en effet pris une nouvelle tournure, depuis les années bandcamp et ses sorties à répétition à l’orée des années 2010. Will Toledo a regroupé quelques musiciens pour l’accompagner, il a signé ensuite chez Matador, lui permettant une visibilité bien plus conséquente.
Il nous avait déjà fait le coup du réenregistrement de quelques vieux titres sur Teens Of Style avant d’exploser sur le parfait Teens Of Denial, son premier vrai album original pour le label new-yorkais.
Will Toledo a toujours considéré Twin Fantasy comme une œuvre inachevée. Enregistré sur son ordi avec les moyens du bords, tout seul dans sa piaule alors qu’il n’avait que 19 ans, c’est pourtant le disque qui commença à lui attirer ses premiers fans, impressionnés par ses histoires d’ados malheureux, entre alcool triste, premiers émois et violence juvénile, sur un son lo-fi comme en rêvent tous les fans de rock indé et des chansons à la fois simples et démesurées.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C[/mks_dropcap]’est donc à la fois le même disque et un disque tout à fait différent que nous propose aujourd’hui Car Seat Headrest.
Les paroles ont été modifiées par un bonhomme âgé dorénavant de 25 ans en route sur la voie du succès, certains titres ont été rallongés (10 minutes au total entre la version 1 et 2) et surtout, c’est tout un groupe qui l’accompagne pour en faire le disque dont il rêvait dans sa petite voiture sur les routes de sa Virginie natale.
Bien sûr, la différence la plus immédiate est la production plus ample et le son plus direct, plus fort, parfaitement mis en valeur par les musiciens de Will Toledo, Seth Dalby, Ethan Ives et Andrew Katz ainsi que quelques invités supplémentaires dont des cuivres sur le splendide Famous Prophets.
On peut toujours s’interroger sur la pertinence du truc, comme si on avait confié à David Lynch le budget d’Harry Potter pour nous refaire Eraserhead, la première écoute confirme rapidement le talent singulier du bonhomme et qu’une bonne chanson reste une bonne chanson.
Et des bonnes chansons, Twin Fantasy en est rempli, de l’angélique My Boy en ouverture, au final et poignant Twin Fantasy (Those Boys) pour conclure ce long périple dans la caboche torturée et bouillonnante de notre tête à claques à lunettes.
C’est une délicieuse plongée dans les années 90 que nous propose le disque sur les traces de Pavement ou Grandaddy, nos héros de jeunesse sur les grandioses Beach Life In Death, Cute Things ou Nervous Young Inhumans.
Les deux disques au final se révèlent bien différents et justifient cette nouvelle version, qu’on enchaîne avec l’ancienne avec un plaisir immense, histoire de s’éviter un choix impossible !