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If you know people who know me,
you might want them to speak
To tell you bout the girl or the woman you know
More than you think you know about me
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D’aussi loin qu’on puisse remonter, Chan Marshall a toujours cherché à être sincère. Sa musique a connu de multiples variations au cours du temps, mais il est toujours resté au fond cette étincelle vraie, cette impression de proximité qui…
Comment ?!
Il y en a au fond de la classe qui ne savent pas qui est Chan ? Vous êtes arrivés quand par ici ? Il y a deux ans ? Trois ans ? Haaaa, ben c’est pour ça alors. Oui, c’est une chanteuse américaine. Non, pas d’album depuis 2012. Ben oui, ça fait long. Un comeback ? Justement, on allait en parler. Mais je crois que nous devrions faire un rapide topo avant de nous y remettre. Pour les détails, vous savez bien, hein, vous avez Wikipédia. Oui, je sais, comme d’hab.
Charlyn Marie Marshall, née en 1972 (un grand cru) est effectivement une musicienne américaine. Autodidacte, découverte par Steve Shelley des Sonic Youth alors qu’elle faisait la première partie de Liz Phair en 1994, alors qu’elle traînait déjà dans le milieu musical new-yorkais depuis deux ans, elle entame une carrière d’abord prolifique entre folk et indie squelettique avant de connaître un beau succès d’estime en 1996 avec What Would the Community Think, qui rassemble ces deux éléments, plus une bonne attitude rock, et déjà un goût sûr pour les reprises de bon goût (Bathyscaphe de Smog en l’occurrence).
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La suite sera tout aussi brillante, entre albums de reprises, bandes originales de films et même DVD de chansons dépouillées pour les arbres, avant d’épaissir son son avec des disques plus accessibles vers l’an 2000 et d’y insérer une bonne dose de soul et de blues. Fatiguée, physiquement malade et en proie à de graves problèmes d’addiction, l’aventure a failli s’arrêter en 2012. Ensuite, on a eu des nouvelles, ça allait mieux, elle a eu un bébé, on était rassuré mais toujours pas de musique à l’horizon… jusqu’à cette année, avec l’annonce d’un 6ème album terminé et un beau retour avec un concert d’anniversaire de Moon Pix à Sydney, rassurant quant à sa belle voix restée intacte et son assurance sur scène retrouvée.
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Oh wanderer
I been wondering
If your brown eyes still have color
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C’est d’ailleurs avec cette voix seule et cette ligne que s’ouvre son nouvel album, Wanderer, qui est placé sous l’égide de la sobriété et de la simplicité. On ne peut s’empêcher de penser à l’absence de la voix de Chan depuis déjà cinq ans en entendant cette ligne. Si elle s’interroge sur les yeux du voyageur, nous y comprenons une métaphore de l’attente liée à l’artiste : après toutes ces péripéties, après tout ce temps, la voix sera-t-elle au rendez-vous, cette voix, si posée, si juste, si proche ?
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La réponse ne tarde pas à se faire connaître dès In Your Face, c’est oui. Pas d’effets de style, pas de virtuosité inutile, pas d’instrumentation complexe, ce titre dévoile ce dont sera fait l’album tout entier. Piano, voix, et un peu plus si on peut le caser.
Dès You Get, on a compris que le disque serait à la fois un retour aux sources, un rappel du dépouillement des premiers disques, et quelque chose d’entièrement autre. Le plaisir du retour. Le petit frisson incompréhensible qui nous fait comprendre. Cat Power nous a manqué. Tellement. Elle n’est ni inimitable ni particulièrement démonstrative, mais elle est juste. Et cette justesse de ton et l’apparente simplicité de ses chansons est ce qui nous raccroche le mieux à elle, et suspend le temps pour prendre toute la mesure de la beauté de sa musique.
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And on the street they’re all talkin bout the things you should listen
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Ces quelques mots tirés de ce troisième titre résument très bien l’accueil qui va être fait au disque. On va nous conseiller des artistes plus confidentiels, des disques plus recherchés, plus ampoulés, parce que Cat Power est un nom trop mis en avant, trop connu, mais on aurait tort de la mettre de côté pour se ruer vers la nouveauté.
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Parce que ce n’est pas un album passéiste non plus, Chan se paie même le luxe de faire un titre bankable en duo avec Lana del Rey (reléguée au second rang, ne prenant jamais la vedette) qui, à l’instar des disques de cette dernière, sonne à la fois terriblement traditionnel (ici, ce sont les sonorités blues qui sont mises en avant), intemporel (ce disque pourra passer en radio) et actuel.
Modernité assumée d’ailleurs avec le titre suivant, Horizon, qui, s’il en fallait une, est une bonne preuve que l’autotune n’est qu’un effet parmi d’autres et qu’il ne pourrit pas automatiquement les chansons sur lequel on l’applique. Le décalage entre les étranges harmonies vocales et la mélodie simplissime et scolaire de la fin du morceau, interprétée à la guitare par Judah Bauer de Jon Spencer Blues Explosion, est d’ailleurs surprenante, mais pas dérangeante du tout.
Le piano, grande figure de cet album, revient ensuite avec un des exercices favoris de Chan, la reprise, qui sera ici représentée sous la forme d’une version dépouillée du Stay de Rihanna, qui, faute d’être inoubliable, est (on se répète mais bon, c’est difficile de faire autrement) d’une justesse absolue, et c’est un plaisir non dissimulé que d’entendre cet enregistrement simple, à la limite rudimentaire, où on entend taper les touches du piano, contrastant ainsi avec les effets studio du titre précédent.
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A dead man now, once was a friend
Ran all the way upstairs just to make my defense-saved me
Threw me in the bath, with the ice and a slap
Can of coke down my throat, almost his whole hand fittin in-I was dying
First I was amused, close to death ever been
But when the white light went away I knew Death was setting in
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Les titres suivants continuent dans la même veine dépouillée, troquant le piano pour une simple guitare, mais dans un registre beaucoup plus sombre, tout d’abord avec Black nous renvoyant au visage tous les problèmes d’addiction avec lesquels Chan s’est battue par le passé, se remémorant un ami (mort aujourd’hui, si l’on en croit les paroles) et des moments d’overdose et d’oubli quasi-léthal pas si reluisants que ça. Le tout récité sans aucun pathos, sans une once d’émotion, sur une ballade folk digne des premiers disques de Cat Power, les paroles sinistres en plus.
Sur Robbin Hood, Chan nous assène cette phrase terrible : « Gun to your head, they want your soul or your money » sur fond d’accords de guitare simples et de tambourin.
Nothing Really Matters signe un retour du piano, avec le même phrasé languissant et légèrement triste que Chan a déjà utilisé sur les deux titres précédents.
L’album s’achèvera sur un départ avec les mots « Me Voy », puis pour boucler la boucle, reviendra au thème du premier titre qui donne son nom à l’album.
Alors ? Verdict ?
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Bon, on l’aura compris, nous n’avons pas tari d’éloges sur ce nouveau disque et, mis à part le fait qu’il soit assez court, il n’y a pas grand chose à lui reprocher. Alors, certes, ce n’est pas très joyeux, ce n’est pas un disque à écouter quand on n’a pas trop la forme (encore moins si on écoute les paroles), ce n’est pas particulièrement entraînant (le ton traînant et rempli de mélancolie de Chan Marshall n’est peut-être pas pour toutes les oreilles), mais c’est une réussite totale.
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C’est le disque d’une femme qui a a déjà vécu l’équivalent de quarante-cinq vies, déjà morte à l’intérieur probablement plusieurs fois, mais qui a su revenir, est toujours là, avec une grande force et une grande sensibilité, qui ne veut pas nous laisser tomber, et nous parle à mi-voix pour nous retenir.
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Wish you could stay tomorrow
Wish you would stay
Don’t go tomorrow
Don’t go anyway
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Wanderer de Cat Power chez Domino Records
En concert le 25/10 à Paris au Trianon