[dropcap]D[/dropcap]écouvrir l’univers musical de Cécile Seraud, c’est le gage d’en ressortir rempli d’un sentiment enchanté, quand bien même les diffusions de l’intéressée se trouvent dépourvues de mots. Il faut dire que le langage délivré par son piano est une véritable invitation à l’échappée, nos yeux rivés en direction de l’océan, nos oreilles bien calées sur les dix inspirations qui composent son premier album Shoden.
La lorientaise aura franchi le cap, aidée en cela par Sylvain Texier, maitre agenceur du recueil chargé de réverbérations mélancoliques et souples. Les références qui nous viennent illico en tête sont pour le moins prestigieuses (de l’incontournable père inspirateur de tous, Erik Satie, aux émotions plus modernes d’Ólafur Arnalds) Vous l’aurez compris, le ton est leste bien que souvent embruiné, épuré, trimbalant ici et là autant un appel au grand large qu’un désir de grand frisson (Le Baiser Bleu).
Si c’est au ralenti que la Petite Valse Perdue nous berce de sa quiétude contrastée, c’est en toute discrétion adroite que Cécile Seraud parvient, par quelques enchainements de notes, à susciter un sentiment partagé entre une dispersion cafardeuse et cette dextérité liant le contact de ses propres doigts aux touches du clavier. Outre l’évidente qualité de la partition, il se dégage de Shoden un amour saisissant pour l’instrument en lui-même, pour le plus assuré des impacts, la plus agréable des perceptions tactiles.
Illustration accomplie grâce à l’élégance d’interludes, comme des billets doux adressés à l’auditoire. La lancinante alchimie proposée en duo avec le violoncelle de Juliette Divry ajoute alors à l’image d’un ruissèlement léger, l’impression d’une rosée vivifiante venue caresser notre visage…
A travers l’articulation de Pen Er Malo, c’est quelque peu le reflet de Yann Tiersen qui transparait. La contemplation de la compositrice et interprète se partage avec l’accélération d’un cœur qui palpite. Life qui achève le dessein marque l’évidence d’une nouvelle et ultime cadence touchante. La sincérité qui transparait de l’ensemble est un des éléments majeurs permettant d’affirmer un engouement non feint pour cette franche réussite. Croyez-moi, votre louable aspiration à la dérobade, loin de l’agitation, n’en sera que plus rassasiée.
Shoden – Cécile Seraud
autoproduction – 23/10/2020
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Image bandeau : Cedric Raylet