[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]À[/mks_dropcap] Rathmoye, petit bourg d’Irlande dans lequel « il ne se passe jamais rien », les habitants enterrent la vieille et riche Mrs Connulty. C’est alors qu’un étrange jeune homme arrive en vélo et se met à photographier l’événement. L’inconnu suscite évidemment la curiosité, notamment celle de la jeune et jolie Ellie, qu’il remarque aussitôt.
Fille de l’assistance publique, Ellie est la seconde épouse du fermier Dillahan, qu’elle a accepté d’épouser en songeant qu’aucun autre avenir ne lui serait offert. Épouse dévouée, douce et travailleuse, elle s’ennuie dans cette vie à la ferme loin du village. Son mari est bon mais c’est un taiseux, maladroit dans l’expression de sa tendresse, qui a du mal à se remettre de l’accident qui lui a enlevé sa famille. Quant au jeune homme, il s’agit de Florian Kilderry, revenu pour vendre la maison de ses parents avant de partir s’installer à l’étranger.
L’arrivée de Florian va bouleverser la vie d’Ellie, qui pense trouver en lui le moyen d’échapper à la monotonie de son existence, et découvre pour la première fois le sentiment amoureux et la sensualité. Cet été-là, Ellie et Florian vont donc vivre une passion clandestine, d’une sincérité et d’une pureté absolues pour la jeune femme, qui se jette à corps et à cœur perdus dans cette histoire. Sous le regard scrutateur des villageois, personnages secondaires remarquablement incarnés, à l’affût du moindre frémissement dans ce tout petit monde.
C’est une histoire d’amour aussi fugace que retenue que nous livre ici William Trevor, nouvelliste et romancier de génie reconnu dans le monde entier, décédé à l’âge de 88 ans le 20 novembre 2016. Ce grand maître du clair-obscur, explorateur passionné et subtil des tréfonds de l’âme, n’a cessé de décrire tout au long de son œuvre des gens aux existences ordinaires, confrontés aux aléas de la vie et basculant, à la faveur d’une fêlure, dans des abîmes de chagrin et de solitude.
Observateur pénétrant et subtil des choses humaines et du désordre des sentiments, ce virtuose des lettres nous offre avec Cet été-là un roman d’une délicatesse infinie, tout en pudeur et en sensibilité. Un texte à découvrir le temps d’un été, comme tous ceux d’un auteur qui fut et restera une des plus grandes voix irlandaises de notre époque.
Farewell, William.
Cet été-là de William Trevor, traduit de l’anglais (Irlande) par Bruno Boudard, éditions Phébus 2012, et paru dans la collection Points Seuil en 2013.