[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#BE07F8″]L[/mks_dropcap]a comédie anglaise (que j’aime tant, tu l’auras compris depuis le temps, les gens) commençait sérieusement à s’essouffler. Elle semble loin l’époque, que dis-je, l’âge d’or des Black Books, Green Wing et autre IT Crowd. Les scénaristes semblant se concentrer plus sur ce qui fonctionnent, autrement dit, ce qui est « bankable », telle la SF (Humans, Black Mirror…) ou les policiers ( Happy Valley, No Offence, Broadchurch…). Loin de moi l’idée de m’en plaindre, nous savons tous très bien que le Royaume-Uni reste une valeur sûre côté idées originales.
Mais c’est dans ce genre quelque peu en jachère que débarque Michaela Coel (son nom, si magnifiquement choisi… ahem… est un pseudo, étant en fait, à la ville, Michaela-Moses Ewuraba O Boakye-Collinson… à tes souhaits).
QUI?
En effet, un nom inconnu pour toi, les gens sérivores français. Pourtant, elle a déjà un sacré beau parcours derrière elle, la gazelle.
Allez, petit cours de rattrapage : cette comédienne anglaise de 29 ans (« héroïne » de Chewing Gum – oui, je le mets entre guillemets car ce personnage, haut en couleur, est loin d’être du « bon » goût de tout le monde), qui a déjà fait ses preuves au Théâtre dans des productions telles que Home et Medea, est également poète (elle a gagné, trois années de suite, le Theatre Royal Stratford East Poetry Slam award), auteur compositeur (elle est à l’origine de la BO de la série et a sorti deux albums : Fixing Barbie en 2009 et We’re the Losers en 2011 ) et, donc, scénariste à succès. Ce programme, qu’elle a écrit et réalisé a obtenu pas moins de 2 BAFTA, ainsi que 2 récompenses de la RTS (Royal Television Society) l’an passé. Bref, c’est pas franchement une bleue.
La série est d’ailleurs adaptée de sa pièce semi autobiographique « Chewing Gum Dreams », dans laquelle la protagoniste, Tracey, avait 14 ans. Il s’agissait d’un seul-en-scène où Coel racontait cette vision « rêvée » qu’avait cette adolescente sur un monde restreint à sa proche famille, ses amis et ses voisins (souvent les mêmes) dans une cité défavorisée londonienne.
Dans cette version télévisée proposée par la chaîne E4 et diffusée également par Netflix, elle en a 24, est élevée, avec sa sœur, par une mère ghanéenne ultra croyante, dans ladite banlieue. Et elle est vierge. C’est bien là tout le propos dans cette histoire car elle est franchement décidée à la perdre cette « gênante » virginité. Elle a d’ailleurs un petit ami, Connor, qui ne serait pas du tout contre l’idée de lui donner un coup de main dans cette quête (bah voyons!) mais le souci c’est que son éducation bien ancrée dans les préceptes de l’Église Pentecôtiste lui met des bâtons dans les roues. Que son petit ami officiel (l’officieux étant blanc, ça pourrait poser problème avec maman), est probablement gay. Et qu’à 24 piges, ça demande un peu de courage de se lancer… et c’est pas faute d’avoir pris son élan.
Tu l’auras compris les gens perspicaces, la situation est déjà suffisamment burlesque en elle-même pour nous garantir un bon moment de comédie. Mais c’est sans compter sur les talents d’écriture de Coel qui nous offre, dans Chewing Gum, des dialogues aussi bien que des apartés hilarants, un rythme effréné (le format d’un épisode est d’environ 25 minutes) parfaitement géré et des personnages bruyants et extravertis, aussi bien écrits que joués. Tout cela, dans une exagération totalement assumée. Car, oui, ils en font des caisses, le langage est loin d’être châtié, les situations sont peut-être un chouia foutraques (hum) mais il faut rappeler qu’il s’agit du point de vue d’une jeune femme dont l’expérience de la Vie équivaut à celle qu’elle a de la sexualité, donc plus que limitée… et qu’elle est, par dessus le marché, complément dingue ! Autant de bonnes raisons pour se retrouver dans des situations où ses interactions avec le monde « réel » équivalent à une multitude de Big Bangs.
Voilà donc le tableau : de la comédie anglaise repensée par une auteure de génie qui, après cette première rencontre, ne devrait pas te laisser indifférent.
Au pire, tu auras souri un peu, au mieux, tu souffriras d’incontinence chronique. De toute façon, c’est ce qui nous attend tous un de ces jours alors autant que ce soit pour de bonnes raisons.
La seconde saison vient de se terminer et espérons très fort qu’il y aura un…
to be continuède…
J’adore cette série, les personnages sont dingues et c’est une série sans prise de tête mais IMPOSSIBLE de trouver la saison 2 en VOSTFR. Je me débrouille bien en anglais et j’arrive à regarder mes séries en VO mais c’est vrai qu’avec l’accent et expressions british, c’est un peu plus difficile et ça demande plus de concentration. Mais je crois que je vais devoir me contenter des épisodes en VO !
Bises 🙂
C’est le genre de série qu’il serait difficile de doubler en français…voire épouvantable ! L’attraction première étant, justement, l’écriture. L’idéal étant de se mater un épisode de Chewing Gum puis d’enchaîner avec un épisode de Downton Abbey, par exemple. Après quelques séances, l’anglais n’aura plus de secret pour toi. Un conseil bonus : trouver les sous titres anglais!!!Tu verras, ça fait énormément avancer le shmilblick.
En attendant, enjoy
tellement dommage qu’il ait arrête cette série au bout de deux saison