[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#991d0a »]S[/mks_dropcap]ouvenez-vous, il y a un an et des poussières, je braquais les projecteurs sur la petite structure de Damien Luce, Cold Dark Matter Records. A ce moment, le label sortait une excellente compilation de la scène underground métal et autres musiques dites bizarres, Prima Giedi, basée surtout sur les coups de cœur du boss. Les différentes sorties qui ont suivies en 2015 (pour rappel : la démo de Ende, chroniquée en ces lieux ou encore Dead, très bon projet coldwave sorti en cassette) ont confirmé l’aspect sincère de la démarche, fonctionnant uniquement au coup de cœur. Si je me permets ce petit rappel c’est que cette année, ce n’est pas moins de deux projets, excellents, qui vont l’occuper pour un bon paquet de temps.
[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#991d0a »]T[/mks_dropcap]out d’abord la réédition du HyBreed de Red Harvest, classique de 1996 passé inaperçu en son temps (vous n’êtes pas sans savoir à ce propos que l’album suivant HyBreed se nomme, curieusement, Cold Dark Matter). L’album, au patronyme judicieusement choisi, mélange habilement Killing Joke, les Cure et Ministry, Ambient Tribal, Doom, Shoegaze et Indus avec une cohérence qui, vingt ans plus tard, laisse encore pantois. Or donc, pour ses vingt ans, HyBreed va subir un lifting complet et retrouver une seconde jeunesse en cours d’année. Celui-ci a donc commencé en février dernier, le trois pour être précis, avec la sortie sous format cassette (disponible sur le site Cold Dark Matters), qui a la particularité de conserver le master d’origine, puis continuera en cours d’année en cd et se terminera par la sortie vinyle fin 2016. Outre les différents formats évoqué ci-dessus, le lifting comprend aussi une refonte totale du design, revu et corrigé par Dehn Sora, et également un remaster fait par Cyrille Gachet (déjà aux manettes pour Year Of No Light et Bagarre Générale).
[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#991d0a »]E[/mks_dropcap]nsuite ce sera avec Slave Cylinder, auteur d’un Ep, Cultus, sorti en décembre dernier, dont il est tombé littéralement raide dingue, au point de s’occuper de sa distribution sur les réseaux numériques. Pour faire simple, si vous aimez la douceur, les arrangements légers, baroques, les humeurs printanières, si vous érigez un culte sans bornes à Odessey & Oracles des Zombies, dans ce cas, passez votre chemin. En revanche si vous appréciez les ambiances malsaines, si pour vous le Metal se doit d’être dérangeant, si vous aimez recevoir des uppercuts XXL, n’hésitez pas, foncez écouter ce premier Ep d’un parfait inconnu dont on ne saura pas grand chose hormis le fait qu’il bouscule le monde du Doom/Sludge en assénant deux grands morceaux parfaitement fascinants.
En une petite quinzaine de minutes, Slave Cylinder impose un son, une patte, le plaçant d’emblée parmi les meilleurs espoirs du genre. Ses deux morceaux vous happent d’entrée de jeu, vous prennent à la gorge et ne lâchent jamais prise. Le gars s’amuse à dérouter dans les premières secondes, grâce à des guitares malingres couvrant le sample d’un discours sur le premier titre ou des murmures fantomatiques associés à des cloches sépulcrales (Black Sabbath dans le rétro) sur le second, pour mieux vous coller un pain la minute suivante. Et autant prévenir, la puissance de frappe est impressionnante. A vrai dire, ça sonne tellement que c’en devient assez indescriptible; tout passe par le ressenti, comme chaque disque serais-je tenté de dire, sauf qu’ici la violence, vous vous la prenez en pleine face, son Sludge/Doom teinté de Funeral pour Love Sermon ou d’Indus/Cold Wave pour The Seed, est sauvage, sec, hargneux, avance à pas lourds, vous oppresse jusque dans ses moments les plus calmes (ce pont étrange où les guitares se clarifient et la voix se vocodrise sur Love Sermon) et même ceux les plus épiques (ces choeurs ou ces voix claires à la Jaz Coleman sur The Seed). Ce qui rend Cultus aussi impressionnant ce n’est pas seulement cette violence, d’une sauvagerie presque fascinante, mais c’est aussi que sur cet Ep, Slave Cylinder parvient à glisser ça et là quelques subtilités dans sa musique, des références au Free-Jazz (dans sa construction Love Sermon peut y faire penser : intro/développement libre/retour à l’intro en guise de conclusion), d’autres au Coldwave et démontre également une maîtrise du crescendo tensionnel assez remarquable (la fin de The Seed à ce niveau est assez exemplaire).
[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#991d0a »]B[/mks_dropcap]ref, en attendant un futur album qui se peaufine, vous pouvez toujours vous plonger dans l’univers remarquablement effrayant de Slave Cylinder avec cet Ep très addictif au final. Suffit juste d’avoir le cœur bien accroché et aimer les sensations fortes.
Cultus, de Slave Cylinder, sorti en digital via Cold Dark Matter le 24 octobre dernier ; pour Red Harvest, réédition sous format cassette de HyBreed le 03 février dernier chez Cold Dark Matter Records
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