[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#dd9d9d »]S[/mks_dropcap]aluons ce jour l’initiative de Replica Records qui, devant le succès de sa précédente édition en 2016, réédite à nouveau Obsolète de Dashiell Hedayat. Et, pour être au plus proche de l’édition originale, le label a décidé de remettre le cartonnage gaufré de la pochette. Maintenant penchons-nous un peu sur le cas Dashiell Hedayat et son cultissime Obsolète (et pour une fois, le terme culte n’est pas galvaudé). Hedayat, c’est Daniel Théron, fils d’un critique littéraire publiant chez Paris Match. Le sieur commencera sa carrière en tant que critique musical puis s’orientera vers la musique pour définitivement la laisser tomber et devenir écrivain sous divers pseudonymes (le plus connu restant Jack Alain Léger ou encore Paul Smaïl) et publie une oeuvre pléthorique allant d’obscurs essais jusqu’à de gros succès commerciaux. Théron, souffrant probablement de psychose maniaco-dépressive, finira par mettre fin à ses jours en 2013.
[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#dd9d9d »]N[/mks_dropcap]éanmoins, en 1969, Théron, âgé de 22 ans, commence sa carrière artistique sur deux fronts : la littérature (traduction du seul roman de Dylan, Tarentula, et publication de son premier roman, Boeing) et la musique. Il publie , sous le pseudo de Melmoth (référence au roman de Maturin), un premier album, La Devanture Des Ivresses, très bon exercice blues/jazz tendance free/littéraire avec un soupçon de psyché ayant probablement eu un impact sur Brigitte Fontaine (comment ne pas voir avec Lettre Pour Le Chef De Gare un discret hommage au Blues Interminable De La Préposée), récompensé par l’académie de Charles Cros mais mis au pilon par le distributeur, choqué à posteriori par les paroles de l’album. Deux années plus tard, il change à nouveau de pseudo, Dashiell Hedayat, choisi en hommage aux écrivains Dashiell Hammet et Sadegh Hedayat, pour publier Obsolète, second et dernier essai musical de Théron. L’album est écrit et prêt à être enregistré en 1969 mais… de légers abus de psychotropes (LSD notamment, mais bon, vous me direz, c’est l’époque) ainsi que la mise au pilori de son premier disque, font que l’enregistrement ne pourra se faire qu’en 1971. Maintenant, pourquoi ce culte autour d’Obsolète ? Parce qu’au-delà des conditions d’enregistrement (aux studios d’Hérouville avec les membres de Gong qui enregistraient par ailleurs leur fameux Camembert Electrique), au-delà des invités (Burroughs, le fils de Robert Wyatt), au-delà du fait qu’il soit la seule production d’un certain Bernard Lenoir, il est le disque qui marquera l’ouverture du rock français à la contre-culture (déjà auguré par Melmoth, Brigitte Fontaine ou Magma), à la beat generation (avec l’adoubement de William Burroughs).
[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#dd9d9d »]L[/mks_dropcap]e premier à aborder frontalement la libération sexuelle, là où Gainsbourg, la même année, évoque pudiquement et de façon poétique Lolita de Nabokov à travers son concept-album Melody Nelson. Théron ira bien plus loin que Gainsbourg (initiant quelque part le personnage de Gainsbarre) en amalgamant avec une certaine perversité, rock et sexe, drogues façon Velvet Underground. Sur Long Song For Zelda, il fait allusion aux pratiques BDSM, à l’homosexualité; sur Chrysler Rose, le voyeurisme dans toute sa perversion et Cielo Drive est un long trip sous acides qui, dans sa construction, fait référence à la technique littéraire du cut-up, initiée par Burroughs. Le premier à foutre un coup de latte monumental à la chanson française en lui offrant un enterrement de première classe, autant aux yéyés (prouvant par la même occasion que rock et France peuvent engendrer autre chose qu’une caricature), qu’à la sainte trinité (Brel/Brassens/Ferré et par extension Nougaro, Manset, etc …). Culte parce qu’il montre que rock et littérature ne sont plus forcément antinomiques et que le modèle Américain (Dylan, Lou Reed, Morrisson) peut très bien se transposer ici sans être aberrant. Culte parce qu’il rebat les cartes, ouvrant la voie à d’autres fêlés du bocal comme Alain Kan (sans Hedayat, pas de Whatever Happened To Alain Z Kan). Culte parce que, d’un point de vue strictement musical, et grâce à l’apport d’un Gong alors en pleine bourre créatrice (Camembert Electrique + Obsolète), ce rock progressif sous LSD tient encore parfaitement la route au point d’être presque plus abouti que Camembert Electrique (Par exemple, sur Cielo Drive on a cette sensation que Gong a eu toute latitude possible pour développer les idées présentes sur Fohat Digs Holes).
[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#dd9d9d »]C[/mks_dropcap]ulte enfin parce qu’Obsolète est un des disques de rock Français les plus barrés de ces cinquante dernières années, témoignage hallucinant d’un auteur sous LSD, terminant, par exemple, ses morceaux en balbutiant, dans un état proche de l’extase ou encore en faisant le chien. Bref, comme il est écrit en bas de la pochette arrière : this record must be played as loud as possible, must be heard as stoned as impossible and thank you everybody.
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Obsolète – Dashiell Hedayat
Replica Records – Sortie le 28 février
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