[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]D[/mks_dropcap]ans Sonic Youth Slept On My Floor, son cinquième livre, l’écrivain, DJ et journaliste Dave Haslam a choisi de nous raconter des épisodes de sa vie.
Loin d’être une biographie traditionnelle, il revient avec humilité, humour et sans glamour sur une vie qui ne se limite pas aux heures passées derrière les platines de l’Hacienda, club historique de Manchester. On y croise aussi bien Morrissey que Tracey Thorn, Jonathan Franzen ou Laurent Garnier. Dans cet entretien accordé à Addict-Culture il évoque les points-clés de son nouveau livre. Il nous parle des concerts de Joy Division, de son fanzine culte Debris, décisif pour sa carrière, de la violence à Manchester pendant les heures de gloire à Manchester, mais aussi de comment un séjour récent à Paris lui a permis de remettre sa vie en perspective.
Pourquoi, avoir décidé de te lancer dans un livre retraçant ton parcours depuis l’adolescence ?
Je m’impose des nouveaux challenges pour chaque livre. Les quatre précédents avaient des approches et des styles différents. Tous étaient imprégnés de ma personnalité, avec quelques anecdotes personnelles, mais jamais sans que je sois au premier plan. Arrivé à un certain âge, on commence à établir des connections entre qui nous étions et qui nous sommes. J’estime avoir une vie suffisamment riche pour établir ces connections.
Sonic Youth Slept on My Floor est l’anti 24h Party People de Tony Wilson (présentateur télé, fondateur de Factory Records, propriétaire du club mythique l’Hacienda ndlr). Quand lui préfère écrire sur le mythe, ton livre se veut tout ce qu’il y a de plus sincère. Pourquoi cette approche ?
Je n’avais l’intention ni de démystifier ni d’être au plus proche de la réalité. Mon parti pris était d’être honnête. De manière générale, les livres rédigés par des gens de l’industrie musicale sont remplis de conneries. Ils vivent dans leur bulle. Je ne voulais pas que l’on pense que je vivais dans la mienne car c’est à l’opposé de la réalité. Je parle de la “vraie vie”, mais aussi de la microsphère musicale. C’est une approche que je trouvais intéressante. Ce n’est pas un livre mondain.
Ton livre est à plusieurs reprises très humain. Le chapitre sur ta relation avec Tracey Thorn ou bien les passages sur tes enfants en sont des exemples.
Penses-tu que le fait que tes parents accueillaient des enfants en difficulté lorsque que tu étais jeune a laissé une trace indélébile en toi ? Malgré ta carrière incroyable, tu n’es pas doté de l’égo démesuré de certains de tes pairs.
Je ne sais pas. Je suis honnête dans le livre quand je dis que je n’ai pas les réponses à tout. Je n’ai pas décrit ma relation avec Tracey Thorn de manière conventionnelle. Il n’y a pas de faits structurés et précis qui expliquent tout. Je n’écris pas de la sorte car je ne pense naturellement pas à notre histoire de façon aussi structurée. Idem pour les enfants que mes parents hébergeaient. Ils avaient tous des expériences et un passé différents. Mes parents m’ont appris comment les accueillir et m’ouvrir à eux pour qu’en trente secondes nous ne soyons plus des étrangers, mais des frères et sœurs. Je n’arriverai pas à te dire comment cela m’a affecté pour la suite. J’aurais peut-être la réponse après avoir donné trois cents interviews (rire).
Très jeune, tu as été attiré par les gens “intrigants”, qui sortaient de la norme. Il t’arrivait de suivre des gens au look particulier dans la rue pour voir où ils se rendaient.
Aspirais-tu à devenir l’un d’entre eux ou bien est-ce plutôt tout ce qui les entoure, une certaine scène, qui t’intéressait ?
J’étais intrigué par les idéaux. La culture populaire ordinaire a commencé à m’ennuyer très jeune. Il était bien plus intéressant de regarder ce qui se passait à la marge. Les idées véhiculées étaient plus stimulantes. En Angleterre, les gens on tendance à s’habiller de manière plus excentrique que dans beaucoup d’autres pays. Je pensais qu’une connexion existait entre leur look et leur intellect. Dans le livre, je parle d’endroits spécifiques que j’ai découverts. On y trouvait ce type de personnes. Je me sentais des affinités avec eux car ils refusaient la norme. Ils ne m’inspiraient pas particulièrement, mais quelque chose nous reliait. J’ai toujours admiré le courage des gens qui sortent de chez eux avec un look extraordinaire. Ils doivent malgré tout faire face à une vie normale. C’était encore plus difficile à l’époque que je décris dans le livre, les années soixante-dix.
À plusieurs reprises dans le livre, tu te décris comme réservé. Tu as pourtant très vite démontré que ce n’était pas forcément le cas.
J’ai également un côté aventureux. Adolescent, on a beau être timide, on n’en ressent pas pour autant de la peur. À seize ans, je pouvais m’aventurer seul, dans des rues sombres et désertes d’un quartier reculé de Birmingham pour découvrir un club. Une fois à l’intérieur, tu assistais à un concert de Blondie. Le trajet pour se rendre au club devenait un bonus qui s’ajoutait à une expérience incroyable.
Joy Division semblait être une obsession pour toi. Tu en parles à plusieurs reprises dans le livre. Tu essayais d’aller les voir en concert le plus possible.
Que trouvais-tu de si particulier à ce groupe ?
Le mélange de noirceur et de passion. Quand l’art est sombre, il a une relation passive au monde qui l’entoure. Exprimer un point de vue négatif te met en retrait. Comme si tu étais dépassé par ton environnement. On ne ressent pas ça dans les chansons de Joy Division. Derrière la noirceur, on sentait de la passion. C’est ce qui m’a, entre autre, attiré. Le minimalisme et l’espace laissé à la musique dans Unknown Pleasures m’ont séduit. Aller les voir en concert m’a rendu confus. Leur son était punk rock, avec du feedback. Ça m’a déçu. Pour leur défense, leur sound system était pourri. Je suis curieux, j’ai été les voir deux fois par la suite. Je n’ai pas apprécié plus que ça. Pourtant, à chaque fois je m’attendais à du grandiose. C’était bordélique, à l’opposé du son clair de la production de Martin Hannett. Ils devaient prendre des drogues différentes, ça n’aidait pas. J’aurais pu mentir dans le livre et dire que c’était les meilleurs concerts de ma vie (rire).
Tu semblais déjà être un critique dans ta tête avant même de devenir journaliste !
Oui, j’ai commencé très jeune à analyser ce que je voyais dans le monde de la musique. Chercher à comprendre pourquoi Joy Division me plaisait moins sur scène en est l’exemple. C’était comme si j’étais déjà bien investi dans le monde de la musique avant même d’en faire partie. Je n’arrivais pas à me contenter de penser : “J’aime ça, je n’aime pas ça”.
Ton fanzine Debris tient une part importante dans le livre. Il n’était pas axé que sur la musique, mais sur la culture au sens large. Tu rencontrais des gens hors du circuit culturel, comme un vendeur de journaux.
Penses-tu que tu aurais eu la même carrière sans t’être lancé dans cette aventure ? Debris t’a-t-il ouvert des portes ?
Je dois beaucoup à Debris. Si j’en parle autant, c’est qu’à cette période il était facile de rejoindre un groupe, de créer un label. Il ne semblait pas avoir d’obstacles. Au fond de moi, je voulais devenir écrivain. J’étais également quelqu’un qui voulait être au courant de tout ce qui se passait. Monter un fanzine avait du sens. Tu dois réfléchir à la direction que tu souhaites lui donner. Étant le seul maître à bord, Debris était un reflet direct de qui j’étais. Il n’y a pas de formule toute faite. Tu t’exprimes en parlant de tes centres d’intérêts. C’est pour ça que Debris ne se limitait pas à la musique. J’y parlais politique, littérature, cinéma. Écrire était une libération. Je devais sortir de chez moi pour liquider mes exemplaires. J’emmenais mon stock dans un sac pour le vendre à un concert d’Orange Juice, de The Fall ou de The Associates. Ça créait une connexion directe avec les lecteurs. Tu gagnais également une petite réputation si le contenu était de qualité. Rapidement, les portes ont commencé à s’ouvrir. Morrissey a même accepté de se faire interviewer. C’était mon premier pas dans le monde la culture.
Le Morrissey d’aujourd’hui n’est plus que l’ombre de celui qu’il était à l’époque. Toi qui as entretenu une amitié avec lui pendant quelques années, que penses-tu de ses déclarations plus que limites dans les médias ?
Il est venu chez moi, nous allions au pub, nous nous téléphonions. C’était entre 1983 et 1985. Morrissey était un homme charmant, doté d’un humour extraordinaire. Son charisme et son magnétisme étaient impressionnants. Honnêtement, il m’est impossible de comprendre comment il a fini aussi amer et désinformé. Ce n’est plus le même. Je ne voudrais plus être associé à l’homme qu’il est devenu aujourd’hui. À l’époque, il était la meilleure compagnie possible, un type extra.
Malgré tes heures passées à l’Hacienda, tu semblais relativement éloigné socialement des fondateurs de Factory qui détenaient une partie du club. Pourrais-tu nous dire pourquoi ?
J’avais des contacts réguliers avec Tony Wilson, mais très peu avec les autres. New Order était souvent en tournée ou en studio. Ils ne passaient pas leur vie dans le club. Leur politique était de laisser une paix royale aux DJs. Quelqu’un m’a annoncé sans aucune réunion que j’allais mixer le samedi en plus du jeudi. On ne m’a jamais incité à passer le moindre disque. On te faisait confiance pour passer de la musique intéressante qui avait un potentiel pour remplir le club. Quand Factory a signé Happy Mondays, on ne leur a pas ordonné de s’habiller différemment. J’étais dévoué à ce job. Je passais ma vie chez les disquaires et à écouter de la musique. Pas en réunion. Il m’arrive aujourd’hui d’avoir jusqu’à huit meetings pour un DJ Set…! Au début, ce n’était pas un job facile. Avant l’explosion de l’Acid House, je commençais mon set dans une salle immense et vide. Il fallait créer une atmosphère, inciter les gens à danser. Quand ça fonctionnait, la satisfaction était immense. Les choses sont devenues plus faciles par la suite.
Tu as traversé toute la période Madchester en consommant très peu de drogues et d’alcool. Cela paraît incroyable aujourd’hui. Pourrais-tu nous expliquer pourquoi ?
Ce n’était pas conscient. Je passais des disques à l’Hacienda pour que les gens passent la meilleure soirée possible. C’était comme une responsabilité. Si ça fonctionnait, j’étais le plus heureux du monde. Ça me suffisait. Je n’avais pas besoin de me mettre dans des états pas possibles. Être DJ dans les 80’s n’avait rien à voir avec aujourd’hui. Tu n’avais pas de manager, tu t’occupais de payer tes impôts, tu étais en contact direct avec la presse. Gérer tout ça complètement défoncé en a joué des tours à plus d’un. Un jour, on m’a conseillé de tester un nouveau DJ qui faisait parler de lui à Manchester. Je l’ai invité à jouer deux heures avec moi à l’Hacienda. Il est arrivé dans un état pas possible. Au bout de vingt minutes, ses amis ont dû venir le chercher pour le ramener chez lui. Sa carrière avait à peine commencé qu’elle était déjà terminée. Loin de moi l’idée de juger les hédonistes. Quand mon fils part en club à Berlin le jeudi et revient le lundi sans avoir dormi, je suis jaloux. J’ai envie de lui dire : “la prochaine fois, emmène moi avec toi !” (rire).
À te lire, on a parfois l’impression que ta soirée Yellow au Boardwalk à Manchester ou bien dans le Basement de l’Hacienda pour The 5th Man te rendaient plus heureux qu’à l’époque des mythiques soirées Temperance dans la grande salle de l’Hacienda. Cette dernière avait pourtant été considérée par le NME comme la meilleure soirée Club au monde. Le confirmes-tu ?
J’ai adoré être résident à l’Hacienda. Aider à créer la réputation du club était fantastique. Mais quand c’est devenu énorme, on a commencé à attirer des personnes déconnectées de nous culturellement. Les dealers et les gangsters sont venus faire leur trafic. L’attention des médias était énorme. Tout ça créait plus de pression. Repartir de zéro au Boardwalk était stimulant. Finalement, tout s’est passé exactement comme à l’Hacienda. J’étais au premier plan des problèmes avec les dealers. J’ai été ciblé à quelques occasions. Il y avait tellement de troubles, de violence. Les problèmes ne se limitaient pas à l’intérieur du club. Au milieu des années quatre-vingt-dix, trois personnes ont été assassinées à Manchester en rentrant du Boardwalk. Dans le livre, je parle d’une période pendant laquelle je me demandais pourquoi je mettais les pieds dans le centre de Manchester et pourquoi je continuais mon métier de DJ dans un cadre pareil. La réponse est simple. Je voulais que les 98% des gens présents dans la salle, ceux n’ayant rien à voir avec tout ce cirque, passent le meilleur moment de leur semaine. Je ne voulais pas que les 2% restants prennent le dessus.
Tes interviews “Close Up” sont maintenant une part importante de ta carrière. Dans le livre, tu parles du bonheur ressenti quand tu es derrière les platines. Celui ressenti lorsque tu es en interview est-il comparable ?
Être un DJ rend les choses plus faciles pour mener des interviews devant un public. Comme je dis souvent, une fois que tu as réussi à vider une piste de danse, plus rien ne te fait peur lors d’un événement en direct (rire). Ça m’a appris à me battre et à regagner la confiance des gens pour remplir la piste à nouveau. Que ce soit avec Terry Hall, John Lydon ou d’autres, je sais que tout peut arriver. J’attends de voir ce qui arrive. Je m’adapte également à la réaction de l’audience. J’arrive à anticiper ce qu’ils veulent entendre. Certains Close Up ont pris des directions totalement différentes parce que je sentais que je pouvais perdre le public. En termes de bonheur ressenti et de satisfaction, le Close Up avec Niles Rodgers de Chic valait n’importe quelle soirée fantastique à l’Hacienda. C’est difficile à expliquer, c’est un sentiment très fort.
Vivre à Paris t’a aidé à redevenir toi-même à un moment difficile. La ville a réveillé ta curiosité. T’éloigner de Manchester était-il quelque chose qui devait arriver à un moment ou un autre ?
C’était un peu comme les paroles d’une chanson de Public Image Limited : “Getting rid of the albatros”. C’était une libération. Je n’avais pas à porter les préconceptions des gens à mon sujet sur mon passé, Manchester, ma carrière. Ce séjour à Paris est arrivé à un moment pendant lequel j’avais besoin de m’éloigner des clichés nostalgiques autour de Manchester. Je ne voulais pas y être associé. Il fallait que je reprenne mes esprits.
Effectivement, ta carrière ne se limite pas à celle d’un DJ et écrivain. Tu organises par exemple des expositions. Était-ce important pour toi d’en parler dans le livre ?
Je n’ai pas ressenti le besoin de valider mes différentes activités. J’ai écrit sur ces autres sujets car je suis intéressé par l’inhabituel. J’ai travaillé sur des événements culturels d’importance qui m’ont marqué. Mais à côté de ça, je suis une personne normale, remplie de doutes. J’ai eu une vie chargée en événements exceptionnels. Je suis chanceux, mais ça ne m’empêche pas de me sentir perdu, confus ou conscient de mes erreurs. Je voulais que les gens voient ces deux aspects. Je n’ai pas eu de plan de carrière. N’importe qui d’autre aurait pu vivre les mêmes expériences. J’étais un fan de musique assistant à des concerts et lisant le NME, lançant un fanzine. Je n’ai fait que m’exprimer et m’engager. Sonic Youth Slept On My Floor est un livre sur l’engagement, l’envie de faire des choses.
Pourrais-tu nous parler d’une histoire importante pour toi que tu n’as pas retenue pour le livre ?
J’en ai une à propos de Kevin Rowland des Dexys Midnight Runners. Il y a un titre de leur premier album qui s’appelle Tell Me When My Light Turn Green. Cette chanson parle de lui à 23 ans. Il se demande : “à quel moment vais-je commencer à me sentir vivant ?”. C’est pour cette raison que j’ai commencé le livre avec le Dave Haslam de 23 ans. À ce moment de ma vie, le feu est passé au vert et j’étais libre d’avancer. Quand j’ai interviewé Kevin Rowland, je lui ai demandé comment il était à cet âge. Il m’a, entre autre, révélé que, quand il se rendait à Londres pour des réunions liées aux Dexys, il sautait par dessus les barrières pour prendre les transports gratuitement. J’ai eu une révélation. Pour se lancer aussi jeune et embrasser la vie que tu souhaites, il faut juste sauter des barrières. Je voulais que les lecteurs comprennent le livre dans ce sens.
On ne le sait pas forcément, mais Laurent Garnier a joué quelques temps à l’Hacienda. Pourrais-tu nous parler de votre rencontre ?
Laurent travaillait à l’ambassade de France à Londres. Il venait régulièrement à Manchester car sa petite amie était de là-bas. C’est en tant que client qu’il s’est rendu à l’Hacienda pour la première fois. Il n’avait jamais rien connu de tel. Il a donné son premier set dans le club en 1987. C’était la première fois qu’il mixait de sa vie. C’était un fan absolu de musique. Il était sur la même longueur d’onde que nous. Il absorbait tout, cherchant à comprendre comment tout fonctionnait. Nous sommes rapidement devenus amis. Il a commencé en jouant le jeudi soir. J’ai retrouvé un fax avec les horaires de passage des DJ pour le sixième anniversaire de l’Hacienda. Mike Pickering et Graeme Park jouaient à partir de minuit, de mon côté c’était de 23 à minuit et, en ouverture de soirée, le fax mentionne “The French Guy” (rire). Il a dû rentrer en France pour effectuer son service militaire. À son retour en Angleterre, il jouait partout dans le nord. Tout s’est accéléré pour lui par la suite. Quand on lui a remis la Légion d’Honneur, il a affirmé représenter une “histoire collective”.
Ado, je suivais des gens au look intéressant dans la rue. Je vivais dans ma tête. J’ai fini par faire partie d’une histoire collective. C’est un bon résumé du livre.
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Sonic Youth Slept On My Floor est sorti chez Little, Brown. Il est disponible dans votre librairie ou chez Amazon.
Dave Haslam sera en conversation avec Laurent Garnier et J.D. Beauvallet à Paris à la Machine du Moulin Rouge de Paris le 12 juin prochain.
[mks_dropcap style= »rounded » size= »16″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]Crédit Photo : Michela Cuccagna[/mks_dropcap]
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