[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#3366ff »]D[/mks_dropcap]ébarqué de Jacques Josse est un témoignage sur un père qui rêve mais ne peut voguer sur la mer. À l’instar de Cloués au Port du même auteur, édité en 2011 chez Quidam éditeur, il parle d’un homme, le père de Jacques Josse, voyageant par substitution en écoutant ceux qui peuvent partir en mer et lisant des écrivains américains ou autres voyageurs. C’est un témoignage qui est aussi un hommage au père et à toute vie humaine.
Cet homme est le fils d’un marin au long cours. Dans la famille Josse, la figure du grand père a donc une place particulière. À l’ombre de cette figure héroïque, le père étant malade vit ce pied-à-terre forcé avec difficulté. L’auteur nous parle aussi de la réalité de la Bretagne, de cette époque où la pauvreté n’était pas encore masquée par le tourisme. Ceux qui ont voyagé et qu’écoute le père perdent pied comme s’ils n’avaient pas leur place sur la terre ferme.
Rappeler qu’aucune vie n’est simple, banale ou ordinaire dit Jacques Josse pour parler de ce livre. Ainsi il témoigne autant de ce père cloué à terre que de ceux qui l’entouraient. Ce territoire est peut-être plus dur que d’autres. La mort est implacablement présente : celle des hommes mais aussi celle des animaux. Le lecteur touché par la figure du père le sera d’autant plus par ces êtres qui tombent. Dans cet hommage au vivant, l’écrivain aborde cette intimité avec sobriété, ne désignant la mère et le père que par les pronoms elle et il.
L’émotion qui saisit le lecteur ne disparait que longtemps après avoir refermé ce livre. Il nous fait comprendre l’importance et la fragilité d’une vie humaine notamment quand elle rêve de partir se confronter à la diversité du monde.