[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#63698f »]E[/mks_dropcap]ric Chevillard propose en cette rentrée l’une des plus belles défenses d’écrivains que la littérature ait connue. La langue de Prosper Brouillon est majestueuse. Mais il fallait oser construire une défense aussi argumentée plutôt que s’évertuer à détruire systématiquement ce si bel auteur, comme ces germanopratins qui crachent leur venin.
Prosper Brouillon est le résumé de ce que peut fournir de plus beau notre littérature. Son utilisation des métaphores et son audace représentent tout ce qu’il y a de plus fort dans l’acte d’écrire. Puisque, pour cet auteur, écrire est indispensable, comme nous avons tous besoin d’une langue pour bercer notre insatiable besoin d’émerveillement.
Si vous n’aimez pas Prosper Brouillon, vous devez lire ce livre pour vous rendre compte de l’utilité publique de son œuvre. Tout ce qui est dit dans cette défense est juste. Mesdames et Messieurs les cyniques, lisez ce livre et lisez Brouillon pour comprendre ce que sont le talent, l’originalité de la langue et l’effort d’écriture. Il serait bon de ne pas trop vous faire de nœuds à l’estomac chaque fois que telle ou telle phrase ne vous convient pas.
Il ne faut pas oublier non plus que notre ami Brouillon est un homme drôle. Peu d’écrivains savent faire rire leurs lecteurs : Prosper Brouillon excelle tellement dans l’art de la légèreté, mais aussi de la la gravité, que le lecteur effectue un retournement à 360 degrés.
Retournement effectué, on se rend compte finalement qu’il s’agit d’un écrivain fictif et que les extraits cités sont aussi consternants que véridiques. Il y a méprise, et non mépris. Toute la personnalité de Prosper Brouillon n’est qu’un fatras de plumes ridicules que Chevillard, le fourbe, a défendu en cachant son sourire ironique. Nous n’avons pourtant jamais cru qu’en littérature le pire était possible. Un pire dont on peut sourire et se défendre.
Défense de Prosper Brouillon de Eric Chevillard
aux Éditions Noir sur Blanc (collection Notabilia) – illustrations de Jean-François Martin – 14 Septembre 2017.