Sous le patronyme guerrier de Destroyer se cache le plus charmant des hommes en la personne de Dan Bejar. Outre une dizaine d’albums en 20 ans avec son groupe, on croise le ténébreux barbu canadien chez The New Pornographers, The Battles ou Swan Lake, tous responsables de disques hautement recommandables.
Entre intimité et grandiloquence, Destroyer s’essaye à tous les styles au fil des albums avec classe et un talent mélodique rare. Indie rock, chamber pop, lo-fi et dream-pop, tout y passe et ce n’est pas Poison Season, son nouvel album foisonnant et passionnant qui viendra me contredire.
Quatre ans après le splendide Kaputt, Destroyer remet le couvert en argent dans un album gorgé de cuivres et de pianos et de splendides chansons influencées par les groupes écossais des années 80 tel Orange Juice et Aztec Camera. On pensera aussi beaucoup à des gens comme Bowie, Springsteen (sur le survolté Dream Lover) ou Van Dyke Parks, le tout nimbé d’une pointe de jazz (le luxuriant Arches From Above ou Sun In The Sky) et de comédies musicales (le premier single Girl In A Sling).
Destroyer ose toutes les audaces comme présenter le même morceau joué de deux manières différentes (l’une orchestrale, l’une plus rock) mais en 3 parties. Time Square la version cordes et pianos en effet débute et clôture le disque en nous faisant côtoyer les anges alors qu’en plein milieu du disque, on plonge avec cette même chanson dans les bas-fonds new-yorkais avec Lou Reed.
Hell est un petit bijou de pop symphonique à faire baver d’envie Neil Hannon, la voix chaude de Dan semble ensorcelée par les nappes de violons et nous entraine sur le tout aussi splendide The River qui nous ferait même adorer le saxophone. Archer On The Beach sonne comme la BO moite d’un polar sexy des années 70, on frise le kitsch mais son chant-parlé et une production magnifique emporte le morceau. Midnight Meet The Rain est tout aussi parfait, comme si David Bowie chantait sur une BO du Lalo Schifrin.
Solace’s Bride se fait plus douce, Dan Bejar sussure plus qu’il ne chante, avant de refouler à nouveau les planches de Broadway sur le brillant Bangkok.
Poison Season est encore un coup de maitre pour Destroyer, qui devrait enfin confirmer le succès que Kaputt avait enfin amorcé. Album riche, profond et lumineux, c’est le disque de cette rentrée tout simplement.
Poison Season est disponible chez Merge Records et Dead Oceans depuis le 28 août.