[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]A[/mks_dropcap]lexandre, le héros de ce roman, est un ancien soldat qui a passé vingt ans plus tôt son service militaire en Indochine pendant la guerre contre les Viêt minhs, notamment lors de la bataille de Diên Biên Phù. Là-bas, il a tissé des liens d’amitié très fort avec un soldat d’origine sénégalaise, Alassane Diop et surtout une femme dont il éprouvera un amour infini, Maï Lan.
Ces deux personnes vont façonner notre homme dans un engagement sans faille, un profond humanisme, devenant un futur journaliste plaidant la cause de l’égalité entre les individus. Il reviendra de cette guerre profondément affecté par ce qu’il a vu, les violences, la mort de camarades dans d’affreuses situations, l’horreur aux premières loges. A son retour il continuera de tenir une correspondance fournie avec Alassane Diop, rentré dans sa terre natale pour embrasser une carrière de politique pour tenter de relever son pays. Dans ces lettres Alexandre, va se dévoiler et surtout exprimer ses regrets d’avoir laissé et abandonné Maï Lan, la femme d’une vie.
En France, il a retrouvé sa femme Mireille et ses deux enfants qui l’ont attendu si longtemps pendant son service en Indochine. Mais l’esprit d’Alexandre est resté là-bas, il sent qu’il n’est plus le même et qu’il n’éprouve plus aucune affection pour Mireille qui est pourtant si dévouée et qui tente de le comprendre sans y parvenir, elle ignore ce qui s’est joué. C’est donc vingt ans plus tard qu’Alexandre prend la décision la plus difficile qu’il soit, égoïste même, partir à la recherche de sa tendre aimée, tenter de retrouver sa trace pour ne plus rien regretter…
L’écriture de l’auteur est imprégnée de poésie, la langue est libre, la formation de slameur donne un texte hybride, entre récit et poèmes de l’intime entrecoupé de passages épistolaires où les émotions sont évoquées sans barrière ni retenue. Le lecteur pourra se faire une opinion toute personnelle de cette décision aux conséquences collatérales violentes pour les proches d’Alexandre, sa femme, l’impression d’avoir été trompée et d’avoir vécu avec un étranger, et les enfants surtout, en construction avec leur père et la déception de la parole donnée. Pourtant à aucun moment notre narrateur n’oublie d’exprimer son empathie envers eux. Il se sent terriblement désolé et fautif de cette état de fait, il comprend que son choix puisse faire du mal. Il redouble d’efforts pour s’expliquer et essayer de faire comprendre les raisons qui l’ont poussé à partir sur les traces de sa tendre aimée sans savoir si cette recherche aboutira mais tant pis, à ses yeux il fallait qu’il tente pour ne pas regretter.
La suite du roman est aussi de savoir si sa quête touchera à son but. Les indices sont faibles, son voyage peut se solder par un échec, il en est conscient mais son amour pour Maï Lan le pousse à poursuivre ses investigations. Des rencontres vont le façonner notamment celle avec un ancien viêt minh, est ce que le pardon sera possible entre les deux hommes ?
Les émotions de l’auteur nous sont montrées dans leur état le plus brut. On éprouve de la sympathie pour cet homme qui veut juste finir sa vie avec celle qui a inondé son cœur de bonheur et on a envie qu’il y parvienne au bout du compte. Et puis on se fait un effet de miroir, on se projette, ne souhaiterons nous pas pour nous-mêmes tout le bonheur du monde quelque soit la forme qu’il peut revêtir ?
Pour lire un extrait de ce texte c’est ici