[dropcap]S[/dropcap]oyons fou et d’une subjectivité crasse : malgré tout ce que vous allez entendre prochainement, style ouais, Fontaine DC a sorti le meilleur album des 20’s … Mais, mais nannn tu divagues, c’est Idles, mais arrête, reprends un peu de drogue, ouvre tes chakras et tu comprendras que c’est ….
Ben non, l’album de l’année, il est là et pas ailleurs. c’est Doom Country de Christian Kjellvander et de Tonbruket, créé dans des conditions très particulières et au résultat troublant, vénéneux et fascinant.
[dropcap]L[/dropcap]es conditions déjà : écriture du disque en deux jours par Christian Kjellvander. Une semaine plus tard, il invite un des groupes qu’il admire le plus (Tonbruket, trio jazz comprenant plusieurs membres du Fire !Orchestra, big band Scandinave à géométrie variable) à enregistrer chez lui. Sur 24 heures, le groupe enregistrera 2 heures de musique dont seront extraits les quarante minutes composant l’album. Autre précision : tout sera enregistré en une seule prise (hormis les choeurs).
Le résultat maintenant : vénéneux et fascinant.
[dropcap]V[/dropcap]énéneux parce que Doom Country agit de façon insidieuse, comme un poison à diffusion très très lente. Tout y est joué au ralenti, avec une pulsation allant rarement au-delà d’un battement par minute, justifiant par la même occasion l’aspect Doom du titre. vénéneux parce qu’il joue également avec tous les clichés de la Country, les étirant le plus possible : la pédale steel (qui se perd langoureusement dans des contrées écrasées par une chaleur torride), les slides (utilisés pour augmenter la tension), le violon (plaintif), mais surtout, il y a le temps, qui s’étire selon la volonté du quatuor, bien au-delà du raisonnable. Ce temps, qui prend toutes les libertés dont il peut abuser, prolongeant de plusieurs secondes voire minutes certains morceaux, vous renvoyant aux westerns spaghetti de Leone ou au Hex de Earth.
Fascinant parce que si la performance, les conditions d’enregistrement sont impressionnantes, l’alchimie qui se créé entre Kjellvander et Tonbruket l’est encore plus. Le groupe démontre qu’en quarante minutes, il peut tout faire : un road-movie de 20 mns moite, poisseux, empli de stupre, spectral, sorte de Stockholm-Texas revu par Lynch sous la férule de Charlie Mingus et ayant la particularité de conserver la même pulsation tout au long du morceau. Un morceau bien claustro,convoquant les Bad Seeds,incantatoire, tendu, vous regardant sombrer dans des eaux troubles sans pour autant vous tendre la main. Ou, juste après, il peut aussi bien vous installer dans une profonde mélancolie, empruntée au Black Heart Procession (et par ricochet aux Bad Seeds, encore eux) et véritable écrin pour la voix exceptionnelle de Kjellvander, que vous servir ensuite un bijou crépusculaire et apaisé.
[dropcap]N[/dropcap]éanmoins, soyons réaliste, ce n’est pas à la première écoute que cet album Country sous haute influence Jazz va vous chatouiller les nerfs auditifs. Bien au contraire. Évidemment, l’organe vocal de Kjellvander, grave, profond, interpelle. Mais Doom Country est un grower, un disque au premier abord banal, lent qui s’impose à force d’écoute parce qu’il intrigue, charme, trouble (et réciproquement) et donne envie d’y retourner, encore et encore. D’abord parce que la voix de Kjellvander est un puissant hypnotique et qu’ensuite, outre sa cohérence étonnante, son ambiance véritablement unique, entre western et film noir, il diffuse un parfum enivrant, suave et pour tout dire très très addictif.
Bref, en un mot comme en cent, très beau et très grand disque.
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Doom Country – Kjellvandertonbruket
Startracks – 28 Février 2020
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Image bandeau : Montage avec photos fournies par Service presse