[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#e67065″]E[/mks_dropcap]n février dernier, L’École des Loisirs, vénérable maison que l’on ne présente plus, nous invitait à prendre part à non pas un, mais deux grands voyages sur les routes américaines à la fin du dix-neuvième puis au début du vingtième siècle…
En effet, pour accompagner la sortie du roman Le Célèbre Catalogue Walker & Dawn de Davide Morosinotto dans leur collection Medium, L’École des Loisirs a réédité La Longue Marche des Dindes de Kathleen Kaar (initialement paru en 1999) avec une toute nouvelle couverture qui n’est pas sans rappeler l’allure fringante d’un certain Tom Sawyer…
Au programme de ces deux trépidantes aventures : des dindes, trois dollars, des kilomètres à pied (ça use, ça use !), des jeunes héros pleins de ressources face à une bonne grosse poignée de crapules, fripouilles et autres personnages nauséabonds, des guet-apens mais aussi des bonne surprises, des sauterelles, et même un alligator !
Le Refuge n’était pas extraordinaire, il avait un toit tordu et un sol en terre battue, mais personne ne connaissait son existence à part nous. Et ça, c’était un vrai bonheur.
En 1904, à quelques miles de la Nouvelle-Orléans, au cœur d’un bayou aussi marécageux que misérable, Julie dite JoJu (Jolie Julie), son petit frère Min, Edward plus vite appelé Eddie, et Peter surnommé P’tit trois passent leur temps à éviter les coups promis lorsqu’ils rentrent trop tard, construisent un canoë en cachette et parcourent en rêvassant un célèbre catalogue de vente par correspondance dans leur cabane secrète perchée non loin d’un nid d’alligator.
Aussi puissant qu’un livre de contes, le catalogue, en proposant de la simple quincaillerie tout comme des objets exotiques ou du mobilier élaboré exacerbe l’imagination de la petite bande.
Aussi, lorsque trois miraculeux dollars atterrissent dans leur poche commune, ils conviennent d’un usage évident, urgent et discret de cette noble somme : une commande d’un revolver au célèbre catalogue ! Mais après plusieurs semaines d’attente quelle n’est pas leur surprise de recevoir à la place de l’arme à feu une vulgaire montre à gousset qui, par-dessus le marché, ne semble même plus fonctionner !
Très vite cependant un agent du catalogue se présente à eux avec la ferme intention de récupérer l’objet, coûte que coûte. Reniflant l’entourloupe, les quatre amis se décident à rapporter eux-mêmes ce «bibelot» à Chicago, au siège de la société Walker & Dawn.
Prêts à parcourir plus de 1500 kilomètres dans l’espoir d’empocher plusieurs billets verts qui les sauveront de leur condition, ils n’ont aucune idée de ce que leur réserve ce périple ainsi que l’affaire criminelle non élucidée qui s’en trouve désormais liée.
Quoi qu’il en soit, personne n’aurait pu prévoir l’incroyable coup du sort qui s’apprêtait à nous tomber dessus comme un orage d’été.
Si l’ambiance picaresque et le ton léger du récit rappellent bien évidemment les fameuses histoires de Mark Twain, c’est davantage aux tribulations d’Huckleberry Finn que l’on peut comparer les mésaventures de nos quatre jeunes intrépides : leur route n’est pas faite de briques jaunes comme dans Le Magicien d’Oz mais bien d’embûches à taille adulte.
Ils découvriront donc bien souvent à leurs dépens que la criminalité n’est pas seulement l’affaire de ceux retenus derrière des barreaux, et qu’elle peut prendre des apparences d’uniformes censés représenter la loi… Min, le petit frère de Julie, sera notamment la cible de propos racistes en raison de sa peau noire.
Corruption, arrogance et cupidité n’entameront pourtant pas leurs convictions acquises en chemin, et ce que chacun aura appris sur lui-même et les autres ne fera que renforcer la confiance en leur amitié profonde et la force du groupe, véritable découverte de ce voyage.
Oui, au fond, il avait raison, ça s’était bien passé. En partie parce que j’étais bien plus forte qu’un homme, je le savais. Quant à mes souvenirs douloureux, je n’aurais qu’à les garder cachés au fond de moi, là où personne ne pouvait regarder.
Julie-la-dure-à-cuire s’autorisera donc à verser pour la première fois de sa vie quelques larmes, P’tit Trois confirmera son statut de baroudeur sans peur, Eddie se délestera de plusieurs angoisses de sa longue liste, et Min le silencieux daignera livrer quelques mots…
L’histoire est d’ailleurs relatée en quatre parties, du point de vue de chaque personnage à tour de rôle. Un processus connu mais qui, ici, est très habilement employé : d’une part il évite l’écueil d’un héros masquant les autres, d’autre part il empêche qu’un événement soit passé sous silence. L’accès à l’intimité des pensées de chacun donne alors du corps à l’intrigue, une gravité s’y développe en marge des dialogues plus enlevés.
Au-delà de l’appréciable roman d’apprentissage qu’il offre aux jeunes lecteurs et lectrices, Le Célèbre Catalogue Walker & Dawn séduit surtout par la qualité historique du décor restitué avec tout autant de rigueur que d’inventivité.
Le livre joue d’ailleurs la carte du visuel pour mieux nous embarquer aux côtés des quatre inséparables : chaque chapitre est augmenté d’une riche illustration en noir et blanc, mélange d’articles de journaux réalistes et de crayonnés pleins de vie. Nous découvrons ainsi des pages du catalogue, des morceaux de cartes pour mieux situer le trajet de nos comparses, des articles de presse…
Un très bel objet d’encre et de papier qui saura parfaitement orner une étagère déjà pleine à craquer, ou apporter un peu de fraicheur sur une PAL (pile à lire) somnolente. Une superbe découverte donc que ce premier roman de l’italien Davide Morosinotto, où l’action pleine de ressorts surprenants est aussi captivante que les échanges sans mots mâchés et plein d’allant.
Lecture conseillée de 12 à 16 ans, mais fortement recommandée à quiconque sait apprécier les histoires qui sentent bon le péril, l’énigme, le courage et l’amitié !
Qu’allait-il se passer ? Je n’en avais aucune idée. Je n’avais jamais voyagé jusque-là : je ne savais pas ce qui se passe au terme d’un voyage. Peut-être rien. Peut-être qu’on se repose et c’est tout. Ou peut-être qu’on prend son élan pour entamer un nouveau périple.
Après avoir survécu à plusieurs verres de bière, sauté d’un train en marche, s’être évadé d’une maison de correction, et avoir confondu des coupables dans une histoire de meurtre, il est fort probable que votre ado ou vous-même en redemandiez. Pas de panique !
Vous pouvez bien évidemment vous ruer sur les œuvres complètes de Mark Twain… ou vous pouvez grignoter le petit roman que L’École des Loisirs a malicieusement glissé derrière Le Célèbre Catalogue Walker & Dawn.
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Bien que conseillé pour un public plus jeune (8-11 ans), La Longue Marche des Dindes de Kathleen Kaar saura combler n’importe quel baron perché de la lecture !
J’ai toujours bien aimé les oiseaux, et tout particulièrement les volailles. Ça tient peut-être à ce que Tante Maybelle s’est mise drôlement tôt à m’appeler « cervelle d’oison » ou « cervelle de p’tit pois ». Et elle nasillait tant que je comprenais « cervelle de p’titpan.
Lorsque Simon Green achève pour la quatrième fois consécutive sa classe de CE1, Miss Rogers, son institutrice, le met gentiment à la porte de l’école en lui conseillant d’entrer dans la «vraie» vie. Du coup, le jeune orphelin remue ses méninges et se dégote une affaire dans laquelle il ne compte pas y laisser de plumes : il achète tout un troupeau de dindes pour les conduire à Denver, à un bon millier de kilomètres de son Missouri natal, où ses chers volatiles se vendent plus du double de leur valeur initiale.
Ni une ni deux, le voilà donc parti sur les routes poussiéreuses du grand pays, son rêve de fortune pour édredon. Mais nous sommes en 1860, et les bandits de grand chemin ne sont pas encore de l’histoire ancienne…
Humour, dangers, révélations et autres revirements de situation vont rythmer l’épopée buissonnière de Simon, à laquelle vous êtes priés de participer !