[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]L[/mks_dropcap]orsque paraît, à l’hiver 1992, le second extrait de l’album Nevermind, le destin du groupe Nirvana semble déjà scellé : parti pour être un simple tube fusionnant habilement métal et rock indé, son prédécesseur Smells Like Teen Spirit, sorti quelques mois plus tôt, est devenu un hymne générationnel d’envergure mondiale, caractérisé par sa dynamique punitive alternant couplets mélancoliques et refrains hargneux.
Par comparaison, Come As You Are s’inscrit dans une ligne bien plus pop et finalement plus fidèle à l’idée que se fait Kurt Cobain de la musique de son groupe, qu’il imagine plus proche de celle des écossais de Teenage Fanclub, qu’il s’apprête à embarquer en première partie d’une tournée européenne à guichets fermés, que de celle de ses compatriotes hard rock de Guns’N’Roses, dont il partage par ailleurs le label.
Construit sur un gimmick de guitare puissant, qui leur vaudra les foudres des anglais post-punk de Killing Joke, criant au plagiat de leur propre Eighties paru huit ans plus tôt, ce mid-tempo lancinant et addictif révélera pourtant une facette bien moins brutale et facile, à la fois plus profonde et délétère, d’un groupe promis à la légende mais au sujet duquel les malentendus allaient encore s’enchaîner les deux années suivantes, malgré tous les efforts de son leader pour se défaire d’une image d’icône rock pure et dure qu’il exécrait plus que tout au monde.
Et qui, hélas, conduira à sa perte ce fragile artiste hypersensible, à fleur de peau comme de nerfs.
là, c’est l’effet « mes rides »