[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]L[/mks_dropcap]e 16 mars 1972 sortait sur les écrans un film considéré depuis comme un monument du cinéma mondial : Roma, du cinéaste italien Federico Fellini.
Douze ans après La Dolce Vita, Fellini s’attaque à un film sur Rome, sa ville d’adoption, qu’il n’a cessée de réinventer dans les studios de Cinecittà et dont il fait ici une sorte de théâtre de l’illusion et du rêve. Cette fresque onirique et nostalgique se présente comme une suite de courts récits et saynètes bruyants et brillants, dans lesquels s’entrechoquent les époques et les souvenirs. Chef d’orchestre fabuleux, mégalo de génie, Fellini puise dans ses fantasmes et ses souvenirs d’enfance et de jeunesse et restitue magistralement l’ambiance de la Rome de la première moitié du XXème siècle.
La critique est unanime et encense cette oeuvre audacieuse et virtuose, baroque et foisonnante, présentée au Festival de Cannes au mois de mai 1972 et qui obtient le Grand Prix de la Commission supérieure technique. Le talentueux Danilo Donati, qui reçut en 1969 l’Oscar des meilleurs costumes pour Roméo et Juliette de Franco Zeffirelli, signe les costumes et le décor (il sera récompensé par un autre Oscar pour son travail sur le Casanova de Fellini, en 1979).
Entre souvenirs truculents de classe et de bordel, farces géniales (la présentation de la collection des costumes ecclésiastiques), Roma nous entraîne dans un incroyable tourbillon sur les traces de personnages pittoresques et souvent monstrueux, avec l’apparition fugitive de la grande Anna Magnani, inoubliable Mamma Roma de Pasolini, et d’autres célébrités dans leur propre rôle. Un film étourdissant, inoubliable et intemporel, à (re)découvrir absolument.
« En sortant de ce film tumultueux, baroque, échevelé, et, cependant, si parfaitement dominé, si subtilement composé, de ce film que l’on ne peut comparer aux autres, tant il paraît être fait d’une étoffe, d’un métal différent, comment ne pas se dire que, parmi tant d’excellents cinéastes, Federico Fellini est décidément un des rares qui mérite vraiment le nom de créateur. » Jean de Baroncelli, Le Monde, 16 mai 1972