Des sourcils hyper expressifs sur un regard inquiétant, le tout frappé d’un sourire provocateur, Jack Nicholson est d’abord une vraie gueule. Jonglant toujours avec des émotions extrêmes et contradictoires, il a incarné des personnages inoubliables, desquels il ne pourra jamais être détaché.
Après avoir commencé une carrière avec son comparse réalisateur-producteur ultraprolifique Roger Corman, passé des années à écrire des scénarios pour survivre, il décroche le rôle d’un avocat alcoolique dans un film qui va défier les codes et marquer à jamais le cinéma et l’imagerie même de son pays : Easy Rider de Dennis Hopper. Première nomination aux Oscars.
Le rôle suivant, déterminant, sera celui de ce pianiste démissionnaire dans Five Easy Pieces de Bob Rafelson, ami de toujours et réalisateur qui lui offre là une composition à sa mesure. Deuxième nomination aux Oscars.
Vient ensuite celui de Billy « Badass » Buddusky dans La Dernière Corvée d’Hal Ashby, dans le rôle d’un soldat prêt à tout pour offrir une dernière chance à un condamné, qui lui a valu un prix d’interprétation à Cannes en 1973 et… une troisième nomination aux Oscars.
Qui peut oublier sa version de l’archétype du détective privé dans le parfait film noir Chinatown de Roman Polanski (quatrième nomination aux Oscars et Golden Globe du meilleur acteur), ou encore son interprétation magistrale de McMurphy, prisonnier d’un asile après avoir plaidé la folie qui découvre l’horrible réalité du traitement psychiatrique auprès d’hommes déjà détruits, dans Vol Au-dessus d’un Nid de Coucou du regretté Milos Forman. Cette fois, un Oscar pour Jack.
Les années 70 ont été celles qui ont élevé et consacré l’acteur considéré désormais comme doué, drôle, multiple et surtout reconnaissable.
Ce qui permet à Jack Nicholson de commencer les années 80 dans LE rôle qui lui vaudra une empreinte à vie dans l’iconographie américaine : celui de Jack Torrance, écrivain obsédé et psychotique victime d’hallucinations, pourchassant sa famille à la hache dans The Shining de Stanley Kubrick. Gigantesque.
Il poursuit une carrière riche, récompensé encore deux fois aux Oscars pour ses rôles dans Tendres Passions et Pour le Pire et pour le Meilleur, tous deux réalisés par James L. Brooks à quinze ans d’intervalle.
À la question de savoir quelles sont ses interprétations favorites, il en revendique quatre : McMurphy dans Vol Au-dessus d’un Nid de Coucou de Forman, le grimaçant et cruel Joker (spécifiquement recommandé par le créateur de Batman, Bob Kane, himself) dans Batman de Burton, le syndicaliste compromis Jimmy Hoffa dans Hoffa de Danny deVito, et Melvin l’écrivain misanthrope dans Pour le Pire et pour le Meilleur. Et, pour quelqu’un qui s’était amusé à déclarer aimer les Oscars, il peut s’enorgueillir d’avoir été nominé toutes les décennies pour le meilleur rôle principal (exploit qu’un seul autre comédien partage : Michael Caine).
Personnages terrifiants ou sensibles, déchirés par la vie, ou manipulateurs sans vergogne, ou les deux à la fois (Tim Burton lui a bien fait incarner un ignoble agent immobilier ET le président des États-Unis le plus pleutre de l’histoire du cinéma dans Mars Attacks!), cet homme a tout pu et su faire, en imprimant chacun de ses passages dans les traits d’un personnage sa propre marque, indélébile.
Happy Birthday MASTER Nicholson !