Pierre-Marie, écrivain célèbre, ancien Goncourt, reçoit un paquet dans sa boîte ; pensant à un énième romancier en herbe, il décide de le renvoyer et d’en notifier par mail l’expéditeur, une certaine Adeline Parmelan. C’est le début d’une longue et étrange correspondance, qui va les mener vers des chemins insoupçonnés.
Ce qui plait et surprend, dans ce roman écrit à deux mains, c’est la forme autant que le fond.
Sur la forme d’abord, ce livre prend la forme du roman épistolaire, genre peu exploité, mais surtout, comme nous sommes en 2015, ce livre est un échange de mails quotidiens, entre nos deux protagonistes et quelques autres personnages.
Et pour corser ce jeu épistolaire, c’est un livre écrit à deux mains, par deux auteurs issus de la littérature jeunesse, Anne-Laure Bondoux et Jean-Claude Mourlevat.
Sur le fond, on se laisse embarquer, intrigué, dans cette histoire, à priori banale, d’échanges qui dépassent vite le cadre poli et amical, pour déteindre sur le cadre intime. La première partie du récit nous donne ainsi à voir deux âmes meurtries se dévoiler l’une à l’autre, même si on sent bien qu’Adeline Parmelan ne nous dit pas tout.
Et puis, dans une seconde partie, suite à une révélation, le récit prend un tour plus sombre, qui va à son tour éclairer d’un autre angle la première partie. Tout se joue autour de ce fameux paquet qui n’est toujours pas ouvert à la moitié du livre et dont l’identification risque de rompre la complicité établie entre les deux personnages.
On sent bien comme les auteurs ont du s’amuser à créer ce récit quasi oulipien, à en multiplier les rebondissements, voire à l’écrire, au fur et à mesure, à la manière du livre.
C’est un beau jeu de dupe auquel nous assistons, qui en dit long sur ce que nous pensons et ce que nous disons, sur les faux semblants et le paraître, mais aussi sur l’âme humaine tout simplement.
Et je danse aussi, de Jean-Claude Mourlevat et Anne-Laure Bondoux,paru chez Fleuve éditions, 2015.
A voir, le portrait des auteurs dans la Grande Librairie.