Ainsi donc s’est tenu pendant près de cinq jours, le Festival International de Science-Fiction les Utopiales à la Cité Internationale des Congrès de Nantes du 29 octobre au 03 novembre dernier. Ne souhaitant pas vous faire attendre plus longtemps, je vous propose de faire un petit tour d’horizon des moments auxquels j’ai pu assister et qui m’ont marquée lors de cette 15ème édition (comme si vous y étiez ou presque !). Et ce que je peux vous dire, c’est que le programme était encore une fois très riche et le public au rendez-vous.
Le Festival les Utopiales, ce sont des expositions, de nombreuses rencontres d’auteurs, des conférences littéraires ou scientifiques, du cinéma avec de belles projections de films, des jeux avec le pôle ludique, une journée pour les scolaires et bien sûr le Cosplay qui conclut le festival…
Chris Foss, invité d’honneur presque toujours présent pendant le Festival !
L’illustrateur venu parler de son travail graphique l’année dernière, était l’invité d’honneur cette année et a été récompensé par le Prix Extraordinaire pendant la cérémonie de remise de prix qui s’est déroulé samedi 1er novembre (nouveau prix ayant pour but de distinguer la carrière d’un artiste).
De l’enfant passionné de dessin et de westerns à l’artiste illustrateur de Science-Fiction…
Christophe dit Chris Foss est né en 1946 à Guernesey. Passionné de dessin, il savait déjà tout jeune qu’il voulait être artiste. Parallèlement à son amour de l’art, il affectionnait déjà particulièrement les westerns, à première vue aux antipodes de la science-fiction. Pourtant ce qu’il préfère le plus dans ces westerns, ce sont les paysages et l’atmosphère qu’il s’en dégage. Et finalement, beaucoup des paysages de science-fiction de Chris Foss sont en réalité des paysages de l’Ouest transposés dans l’espace. Les perspectives ouvertes sont une grande influence dans son travail : « Un tableau doit avoir une atmosphère qui est l’une des principales choses que je m’efforce d’atteindre ». Né moins d’un an après la fin de la Seconde Guerre mondiale, les fortifications alors construites par les allemands sur les îles britanniques ont également fortement influencé son travail et restent un thème récurrent dans ses œuvres.
Une anecdote assez amusante à savoir et qu’on vous livre : si Foss a illustré de nombreuses couvertures de romans de SF, il lisait rarement les livres qu’il illustrait, préférant peindre des scènes nées de sa propre imagination… Ce qui pouvait ne pas correspondre à l’histoire du roman et provoquer certains désaccords avec les auteurs !
Reste que pendant le festival, grand illustrateur de Science-Fiction soit-il, il n’était pas bien difficile d’approcher Chris Foss. En effet, le bonhomme, à l’allure débonnaire, le tee-shirt rouge et la chemise ouverte, n’était jamais bien loin de ses œuvres exposées pour l’occasion. Le public était nombreux à admirer ce travail fait à l’huile et acrylique, le plus souvent sur carton.
Au début de l’exposition, Gilles Francescano, également illustrateur français de couvertures de romans, parle ainsi du travail de Chris Foss : « Les vaisseaux majestueux et colorés sont sa marque de fabrique. La démesure de l’art de Chris Foss semble ne pas avoir de limite. De perspectives vertigineuses en couleurs improbables, la main de l’artiste construit un monde cohérent depuis plus de quarante ans au gré des chefs d’oeuvre auxquels il a apporté sa touche si particulière. Chris Foss a marqué durablement le cinéma avec des films comme Dune, Alien ou plus récemment Les gardiens de la Galaxie ainsi que la littérature avec les nombreuses couvertures de romans. Voir un original de Foss est toujours un événement ».
Nous pouvons effectivement le confirmer, voir les tableaux de Foss, c’est vraiment quelque chose !!!
Et pour pimenter cet article, Addict a pu participer à une interview de Chris Foss, donnée à quelques journalistes juste avant qu’il ne rencontre le public du festival. Un moment improvisé, du type « –Vous voulez voir Chris Foss ? – Bah, oui… – Alors, suivez-moi ! ». C’est ça Les Utopiales, c’est tellement bien organisé qu’il est même possible d’improviser ! C’est ainsi que la rédaction a sauté sur cette occasion et pu vivre une vingtaine de minutes privilégiées avec l’illustrateur prenant son repas en même temps qu’il répondait aux questions des journalistes. En aparté on vous le dit, Chris Foss est un bavard, gourmet et amateur de vin. Plus sérieusement, en plus de ce travail colossal d’illustration de couvertures de livres, il a collaboré sur plusieurs films de grands réalisateurs comme Steven Spielberg pour Artificial Intelligence mais aussi Stanley Kubrick. Réalisateur dont il nous dit qu’il était dur et autoritaire : «Stanley Kubrick is the only personne I know who could kill someone with this voice» (Stanley Kubrick est la seule personne que je connaisse qui pouvait tuer quelqu’un rien qu’avec sa voix). Tout est dit !
Pour en savoir plus, n’hésitez pas à vous rendre sur http://www.chrisfossart.com !
« Les enfants de Foss » : l’influence sur d’autres dessinateurs…
Pour revenir à Chris Foss lui-même, son influence sur d’autres illustrateurs a été considérable. D’où la proposition assez originale du Festival de rassembler et d’exposer une partie des œuvres d’une dizaine de dessinateurs présents lors du Festival sous l’intitulé « Les enfants de Foss ».
Ainsi, étaient conviés Denis Bajram, Manchu, Serge Pellé, Alekis Briclot, Hubert de Martigue, NOXX (Bruno Nox Gore), Fred Blanchard, Patrice Garcia, Sparth, Pascal Blanché, Philippe Buchet, Benjamin Carré. Tous ont quasiment répondu présents et ont partagé leur sentiment sur l’influence qu’a exercée Chris Foss sur leur travail, parfois indirectement. Pour Manchu par exemple, « Chris Foss est à ranger dans son panthéon personnel, aux côtés de Syd Mead et Robert Mc Call dont il a gardé la ligne épuré des vaisseaux et le blanc éclatant des équipements« . Tandis que Serge Pellé dit avoir lu peu de science-fiction et pourtant avoir eu entre ses mains des livres de poche avec en couverture « des illustrations de vaisseaux gigantesques et multicolores sur fond de planètes inconnues qui nous immergeaient tout de suite dans ces mondes. C’étaient celles de Chris Foss qui participaient à ouvrir des portes d’une nouvelle iconographie pour la science-fiction d’aujourd’hui« .
Le crayon rare et précis de François Bourgeon…
Un autre illustrateur mis à l’honneur lors du festival est un scénariste et illustrateur français, François Bourgeon. Bien connu pour les séries Les Passagers du vent, Compagnon du crépuscule et bien sûr La sOurce et la sOnde, par laquelle l’auteur vient d’offrir une œuvre majeure à la science-fiction… Une magnifique exposition lui était donc consacrée. Ainsi au gré de ses créations graphiques méticuleuses et de ses maquettes détaillées, François Bourgeon nous livre sa vision, un regard aimant, peuplé d’univers colorés et de personnages irrésistibles.
D’autres expositions étaient au programme bien sûr comme La recherche et l’Art, né d’un partenariat entre l’Inserm et l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles ou encore Au cœur de la surproductivité qui invite à découvrir les propriétés surprenantes de certains métaux comme la capacité de faire léviter un aimant par exemple.
De nombreux autres auteurs étaient présents au festival et ce sera l’occasion d’en reparler à travers leur livre dans de prochaines chroniques ! A lire prochainement sur Addict !
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Le Festival Les Utopiales, c’est aussi un prix dans différentes catégories, Littérature, Littérature Jeunesse, Bande Dessinée, Cinéma, Jeux de rôle… ainsi que le concours de Cosplay avec un public toujours aussi avide de connaître les résultats et ça c’était samedi soir !
Pour vous faire partager quelques moments de cette soirée, des images pour vous !
Celle de la remise du Prix Extraordinaire remis à Chris Foss pour honorer tout son travail d’illustrateur :
https://youtu.be/b3NVcLf9oe0
Et puis un extrait du court-métrage The Nostalgist de Giacomo Cimini, Prix du Public Utopiales 2014 avec en bonus la réaction du réalisateur en direct (tellement spontanée et géniale !) :
https://youtu.be/hc1P1xeVtjc
Coup de cœur Addict-culture pour le jeu des acteurs, un film plein d’émotion et de poésie malgré la confrontation d’un monde idyllique et la dure réalité du dehors où règne l’hyperviolence à la frontière du cataclysme…
Un petit conseil d’Addict, ne négligez surtout pas le cinéma lors de ce Festival car cela donne une toute autre dimension lorsque l’on en ressort, vraiment !
Tous les autres prix sont à retrouver sur www.utopiales.org.
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Alexandre Astier, un passionné de Sciences !
Le festival a été aussi marqué par la présence de l’auteur, humoriste et réalisateur Alexandre Astier qu’on ne présente plus, créateur de la célèbre série Kaamelott, quoique, pour Roland Lehoucq, Astrophysicien, Président des Utopiales et animateur de la rencontre, l’humoriste soit plus connu pour le sketch Physique quantique, un bilan mitigé. Mais on le sait peut-être un peu moins, Alexandre Astier est un grand amateur de musique et musicien lui-même (ce qui a valu la création en 2012 d’un premier et génialissime spectacle Que ma joie demeure dans lequel il incarnait Johan Sébastian Bach et donnait déjà des cours) mais aussi un grand passionné de sciences.
Ainsi, l’humoriste est venu présenter son tout dernier spectacle L’Exoconférence qui a fait salle comble deux soirées consécutives à la Cité des Congrès, les mercredi 29 et jeudi 30 octobre derniers.
Cette passion pour les sciences, Alexandre Astier est venu en parler pendant près d’une heure le jeudi après-midi devant un public très nombreux. Roland Lehoucq dit n’avoir « jamais vu autant de monde pour une conférence autour des sciences« … Enfin en même temps, c’était Alexandre Astier ! Bah oui !
Addict y était aussi et en a appris plus sur cette passion partagée par la plupart des personnes dans la salle. Ainsi par exemple enfant, l’humoriste dit avoir toujours voulu être Astronome et posséder encore aujourd’hui un télescope dont il se sert régulièrement (qui d’après lui, peut aider pour les filles. Si si, vous n’avez qu’à essayer, apparemment ça marche !). Mais c’est surtout sur sa manière de travailler dans l’écriture des spectacles qu’Addict a retenu la leçon. Comme c’était déjà le cas pour le spectacle Que ma joie demeure où l’auteur s’était beaucoup documenté sur Bach, ou même sur la légende d’Arthur pour Kaameloot, il en a fait tout autant pour l’Exoconférence en rencontrant des astrophysiciens dont Roland Lehoucq, des physiciens, en se rendant au Geipan à Toulouse et d’une manière générale, que ce soit sur ce sujet ou les autres, il dit s’inspirer des faits et rarement des fictions des autres. Son travail préparatoire consiste également à prendre beaucoup de notes, peut-être anodines mais qui peuvent avoir une importance non négligeable plus tard, à mettre également son réveil plusieurs fois dans la nuit pour se souvenir de ses rêves… Sur la forme, l’auteur fait référence au Professeur Rollin (géniallissime lui aussi !) pour faire passer les choses à dire par le cours, la leçon ou le conseil…
On ne vous en dit pas plus si ce n’est que c’était une bien belle rencontre et comme Addict vous gâte et ne veut pas vous laisser partir comme ça, une petite vidéo concoctée par notre envoyée spéciale :
https://youtu.be/nbi_QGC2gss
Et pour ne pas gâcher notre plaisir, on vous met aussi le lien du sketch préféré de Roland Lehoucq : Physique quantique, un bilan mitigé.
Alexandre Astier est en tournée en ce moment dans toute la France et revient à Nantes les 13 & 14 février 2015 à la Cité des Congrès. Les réservations seront ouvertes dès demain, mercredi 12 novembre ! Dépêchez-vous !
Si Addict y allait, ça ferait peut-être une belle prochaine chronique, non ?