Jusqu’où peut-on aller par amour ? Madeleine dont le cerveau se perce de trous comme des éponges est la nouvelle pensionnaire de la Maison de l’Espérance. C’est là qu’elle retrouve Max, son premier grand amour. Enfin c’est ce qu’elle croit. Elle pense reconnaître dans les traits de René le jeune garçon qu’elle a aimé enfant et qui l’a abandonnée un soir de fête. René accepte d’être un autre et pense d’ailleurs retrouver dans les yeux vairons de la vieille dame un petit quelque chose bien enfoui dans ses souvenirs.
Dans ces yeux il lisait quelque chose. Ils éveillaient en lui un souvenir vague, très lointain, un souvenir splendide et terrifiant à la fois, où se mêlaient l’appel d’une musique cristalline et la certitude d’avoir commis l’irréparable. (p16)
Il va alors choisir de s’enfoncer dans le mensonge et ces deux-là vont se réchauffer à la lueur de leurs souvenirs. Au fil du récit des amours de Max et Mado, René va replonger dans son propre passé et comprendre ce qui le lie à cette femme.
Dans une langue légère, subtile et lumineuse, Déborah Lévy-Bertherat se penche avec beaucoup de délicatesse sur la vieillesse, l’enfance et la part de rêve qui sommeille en chacun de nous. Les fiancés revisite les souvenirs douloureux laissés par la guerre ou la perte d’un enfant mais célèbre aussi l’espoir de vieillir à deux même quand les dés semblent jetés. Les fiancés est un très joli roman qui, après Les (excellents) voyages de Daniel Ascher, fait de Déborah Lévy-Bertherat un auteur de plus à suivre chez Rivages.
Les fiancés, Déborah Lévy-Bertherat, Rivages 2015.