[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]L[/mks_dropcap]orsque Robin Pecknold annonça en 2013 qu’il mettait Fleet Foxes en hiatus pour se consacrer aux études à l’université de Columbia, on ne donnait pas cher de la peau du groupe à ce moment-là.
C’est pourquoi l’annonce du retour courant 2016 en étonna plus d’un, si tant est que l’étonnement soit encore possible de nos jours. Certes, ce retour se fait sans Josh Tillman, trop occupé à marcher sur l’eau avec son fantastique projet Father John Misty, quand il n’écrit pas pour Beyoncé. A la place, c’est Matt Barrick, batteur des démissionnaires The Walkmen, qui s’y collerait pour les tournées.
Le résultat s’appelle Crack-Up, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’est ici nulle part question d’un quelconque foutage de gueule.
Ne cherchez pas l’ombre d’un hit, pas même l’esquisse d’une demie possibilité d’une reconnaissance radiophonique, il n’y en a pas. A la place, une longue échappée belle qui ressemble à s’y méprendre à tout ce que la Folk pastorale teintée de musique progressive a de meilleur à offrir.
Le disque se développe la plupart du temps autour de superpositions d’éléments acoustiques qui résonnent de puissance même pas feutrée. A cela une nouvelle donne s’impose, c’est à dire des murmures et des silences, ainsi qu’une certaine sophistication, déjà bien présente sur les albums précédents, mais ici poussée à son paroxysme. Changements de rythmes et belles envolées lyriques sur Third Of May / Ōdaigahara ou sur le triptyque d’ouverture I Am All That I Need / Arroyo Seco / Thumbprint Scar, lui même suivi de la triplette Cassius – Naiads, Cassadies – Kept Woman, qui évoque, on le suppose, une trame symbolique antique.
Fool’s Errand apporte un peu de couleurs dans cette pièce un peu sombre, jouant avec les cassures et les brisures du demi-ton en jouant du pédalier, comme le grimpeur cycliste qui donne le dernier coup de pédale dans la dernière côte d’une course qu’il va peut-être remporter.
Vous l’aurez compris par vous-mêmes, cette musique n’est pas celle de musiciens bas du front. Et si leur musique donne l’impression d’avoir été touchée par la grâce, la richesse des compositions de Crack-Up est telle qu’on ne pourra jamais leur reprocher d’être un groupe composé de cinq Jésus bucoliques sous LSD jouant, égarés, au fond d’un bois (A ce qu’il se dit Robin Pecknold n’a jamais touché à la drogue de sa vie).
Phil Ek, producteur entre-autres d’albums de Built To Spill ou de Modest Mouse mais aussi des albums de Fleet Foxes, eut cette maxime concernant Robin Pecknold à la fin de la dernière décennie : « Je l’ai rencontré il y a environ quatre ans et demi. Il se tenait dans le coin de la pièce en jouant des chansons pop Sixties, comme les Zombies. Ce n’était pas aussi folky que ce qu’il écrit maintenant, mais il était évident que déjà il avait le talent qui lui sortait du cul.«
Dormez sur vos deux oreilles, rien n’a changé.
Fleet Foxes, Crack-Up, disponible depuis le 16 juin chez Nonesuch Records.
Facebook – Site Officiel – Twitter officiel