[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C[/mks_dropcap]e 24 février 2017 est sorti le troisième album de Froth, Outside (briefly), chez Wichita Recordings/PIAS Cooperative. Un album qui peut sembler anecdotique dans nos contrées francophones face à la profusion des sorties, mais qui mérite, à mon sens, un petit coup de projecteur.
Froth ? Jamais entendu parler… Oui moi aussi ça m’a fait le même effet il y a quelques temps ; Froth, groupe de Los Angeles, plus précisément de El Segundo – j’imagine dans la banlieue de L.A. – formé en 2013 autour de JooJoo Ashworth (guitare/voix) et Jeff Fribourg (guitare).
Deux amis d’enfance, une grosse passion pour la musique en commun, et un bon sens de l’humour… une bande de sales gosses, oui, quand on sait que ce groupe était d’abord une vaste blague… Froth, un groupe fantôme, à l’origine, un pari entre gamins de développer la notoriété d’un groupe fictif. Et je dois avouer, chapeau à eux, comme quoi avec du culot… dans le genre de blagues stupido-risibles, le fait de sortir un vinyle de 20 minutes de pur silence, juste parce qu’un pote pouvait le presser…
Mais aussi une bonne leçon, lorsque suite à une annulation de dernière minute – pendant un festival local – du groupe de la soirée, ils ont du monter sur scène, sous le nom de Froth, et déverser, à priori, selon les divagations internesques (oui, j’invente des mots aussi…) une prestation catastrophique ! Voilà … la voilà, la justice… ils ont fini par se mettre à bosser, et je dois dire qu’ils ont bien fait !
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]A[/mks_dropcap]utres particularités de ce groupe, trois albums, trois labels, trois guitaristes… mais une cohérence et une évolution certaine. Je m’explique, trois labels, Lollipop Records, Burger Records et Wichita Recordings… vous la sentez la cohérence ?
En 2013, ils sortent leur premier album Patterns, un tirage limité sur cassette qui, suite à son succès dans les milieux indépendants californiens, sortira chez Lollipop Records. Fribourg quitte le groupe et Cole Devine rejoint Froth à la guitare, sur Bleak, en 2015, chez Burger Records. Devine leur apporte une nouvelle palette sonore, des sons tirant parfois vers le krautrock et une exploration plus poussée des sonorités shoegaze… c’est aussi l’album qui leur permettra de se faire remarquer par les grands médias de la planète indé, et leur donnera accès aux premières parties de groupe comme Pond, Tamaryn ou encore Craft Spells, rien que ça… !
Au fil des tournées, un nouveau guitariste prend la place de Devine, Nick Ventura, mais surtout un certain Thomas Dolas à la production, qui officie également dans le groupe Mr Elevator and The Brain Hotel – qui a sorti un album ce 10 février chez Rad Cat Records, mais ça c’est une autre histoire – qui les aurait poussé un peu plus profondément dans la dream-pop et les sonorités krautrock. Dolas, un ami rencontré pendant la période Lollipop, qui leur a apporté les moyens de développer leur créativité dans son studio de LA, mais aussi ses talents de claviériste et autres expérimentations sonores. Vous l’aurez compris, un véritable coup de cœur en ce début d’année pour ces californiens… à l’origine, un titre, Contact, découvert au fil des dédales youtubesques, et une envie d’en savoir plus… un peu plus convaincue à chaque nouvelle écoute (autant vous dire qu’il y en a eu beaucoup…)
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C[/mks_dropcap]e titre, en ouverture de l’album donne direct le ton, boucle hypnotique, touches sonores qui se superposent et nouveauté évidente, les synthés !
Sans rentrer dans les détails techniques, après avoir écouté les précédents opus, l’évolution musicale est plus que palpable, des termes me viennent à l’esprit, drone, noise, psych-pop, électro, dream, shoegaze… des impressions, je vous dis, mais je crois que la suite me donne raison…
Dès le deuxième titre, Shut The Window, je suis ravie de poursuivre l’écoute, une certaine nostalgie pop se dégage, envolée lyrique des cordes… la palette, en effet, s’est enrichie… avec cette petite touche délicieusement dream-pop… reprise des festivités avec Passing Thing, et pour le coup à partir de 2 minutes, j’adore cette progression shoegaze, je suis en Californie en mode what the fuck, la nonchalance… mur de guitares à pleins fuzz… oui j’ai envie de connaître la suite du voyage…
Et je retombe sur un lit cotonneux avec Petals, douce ballade distordue, reverb’, écho, des frissons… peut-être le morceau le plus dreamy de l’album, je me laisse prendre à cette douceur, c’est bon parfois de plonger et de se laisser aller à des sensations… je suis surprise, au bout d’un moment, à force de casque sur les oreilles on devient exigent, disons-le chiant, mais parfois on se laisse surprendre comme des gamins par une tendresse musicale, ça n’invente rien à l’histoire mais ça fait du bien !
Romantic Distractions me renvoie sur les mêmes sphères, je ne sais pas dans quelle route je me suis engagée, je ne saisis pas toutes les aspérités des textes et je sais que j’aimerais bien au fond, je ne comprends pas tout, mais les émotions sont là.
Et les influences de Froth… découvrir que Ashworth s’est inspiré, dans les textes, de Richard Brautigan – le nom de l’album est le titre d’un chapitre de L’avortement : une histoire romanesque en 1966 (Editions du Seuil), à lire ICI ou mieux chez un libraire ; – mais aussi Haruki Murakami, que dire, je ne vais pas partir dans une analyse littéraire, sinon je risque de vous perdre, mais le pendant entre la dose de rêve, fantastique, poésie mais aussi la psychologie humaine, les sentiments, les vécus, les expériences… des gamins donc, je fouille encore !
Nouveau single et nouveau clip de l’album, Sensitive Girl, léger, évident, efficace… après pourtant une intro plutôt inquiétante, post-punk, indus, distorsion entre la pop et le garage.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]T[/mks_dropcap]itre suivant, New Machine, rythmique marquée… montée de guitares post-punk, noisy – le moment de faire un point sur leurs influences musicales en vrac, Elliott Smith, The Strokes, New Order, Bob Dylan… au sens large la techno, le post-punk, la synth-pop, du krautrock – Et quand j’écoute Shatter je me dis que c’est plus que palpable, ces mélanges dream-post punk, les frontières sont minces, les genres parfois (souvent ?), contraignants, je pense à un morceau, il m’échappe, ça m’agace, si quelqu’un à la réponse, les commentaires sont ouverts !
Show a flower a candle and it will grow, morceau plus contemplatif, un écho en forme de sonar…
jusqu’à Briefly, dernier titre de l’album, et je replonge dans les terres éthérées de la dream, intro un peu brute, léger écho, épuré… sur un nuage, ça ferait un beau single, les montées de cordes sont sublimes à 3 minutes… et conclut un album en beauté !
L’album de Froth, Outside (briefly) est sorti le 24 février 2017 chez Wichita Recordings/[Pias] Coop, et c’est une petite pépite indé californienne d’avant printemps, et ça fait du bien…!
Vous pouvez vous le procurer par ICI, ou encore chez votre disquaire indépendant le plus proche !
Mais en attendant, un lien d’écoute pour vous convaincre !