[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]N[/mks_dropcap]ous pourrions imaginer un trou perdu sur les bords du Mississippi au travers de cette musique qui sent bon le vent de poussière qui vient se coller sur notre peau toute dégoulinante de sueur. Pourtant, nous sommes à Nancy en plein jetlag avec un groupe qui semble descendre d’un pommier tellement leur son est brut… Un bottleneck qui se promène sur le manche, une caisse claire et des cymbales qui percutent comme il faut, un chant qui rameute le soleil pour un Delta blues moderne, marqué d’une propension au décoffrage le plus souvent exalté.
Hoboken Division est un pétillant trio qui gravite depuis 2011 sur un assemblage de styles ne permettant pas de cataloguer leur énergie au sein d’un rayon particulier. J’ai envie de dire que c’est tant mieux car à l’écoute de So The Guy Was Talking, premier titre de ce second LP intitulé The Mesmerizing Mix Up Of The Diligent John Henry, nous pourrions entrevoir une entame destinée à incruster en nos pores, une décalcomanie tirée de cartes postales un peu trop jaunies.
Une prémonition vite écartée grâce aux parfums post-hippie qui dévalent de 436 Procter Street. Changement de latitude puisque le voyageur devra prendre son baluchon pour les hauteurs de Katmandou. Question sensation, les guides nous offrent ici de délicieuses accélérations folk qui viennent clapoter dans une onctueuse sauce curry.
Autre changement de cap avec les saturations bien plus grasses de Howlin qui confèrent un habillage bien plus rugueux au rock de nos hôtes. Une voix qui donne du grain à moudre pour celles et ceux qui percevront un mimétisme criant avec le phrasé percutant d’une certaine Alison Mosshart. Au banc des comparatifs, on a connu bien pire référence !
La méthodologie créatrice chez Hoboken Division est finalement simple : un riff d’instinct sauvage qui accroche habilement l’oreille, quelques percussions bien pesées mais qui ne viennent pas écraser la structure, un chant plaqué à souhait (histoire de faire monter le mercure). C’est le cas sur la pièce majeure Boilin Up dont les airs rampent sur des vibrations teintées de psychédélisme sous-jacent. Un régal !
Les autres pépites de l’album louvoient entre des pulsations déglinguées permettant aux guitares de se la jouer fusil de ball-trap (Cold War) puis des dévergondages encore plus noisy, flirtant alors avec un garage enraciné dans les profondeurs d’une noirceur étrangement lumineuse (All Them Black Crowes)
Le mot de la fin reviendra à l’instrumental The Mesmerizing Mix Up Of The Diligent John Henry, référence au héros mythique de l’Amérique ouvrière qui sera d’ailleurs choisi pour floquer la pochette du disque. Un piano et quelques grincements viendront clore une bobine qui renvoie autant au cinéma et toute l’imagerie fantasmée des westerns qu’à la dextérité de façonnage mise en relief par des enregistrements domptés dans les studios de Lo’ Spider.
L’univers d’Hoboken Division aurait pu souffrir d’une carence de singularité. Pourtant, cet écueil a été brillamment évité. L’appropriation des influences et la narration d’une histoire propre pourraient bien les faire exploser au firmament d’un renouveau venant mettre sur le devant de la scène des exécutions racées et sans fioriture.
Album disponible chez votre dealer préféré depuis le 10 Novembre 2017.
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