[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]A[/mks_dropcap] l’heure où le moindre musicaillon étale sa vie et la vacuité de ses pensées profondes à la face d’un pauvre monde qui ne lui a rien demandé, le retour de Hope Sandoval (et de ses Warm Inventions) fait l’effet d’un grand bol d’air, tant la dame se dévoile, inconsciemment ou pas d’ailleurs, peu ou pas du tout et nimbe son œuvre d’une aura mystérieuse et envoûtante. Until The Hunter, son nouvel album, ne déroge pas à la règle, beau et étrange à la fois, avec ce je-ne-sais-quoi d’inaccessible qui rend son écoute tout-à-fait délicieuse et fascinante.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]H[/mks_dropcap]ope Sandoval sait se faire rare, même si 2016 la voit fort occupée. Sept ans séparent en effet Until The Hunter de son prédécesseur Through The Devil Softly.
On n’oubliera pas non plus que son premier album sous son nom, Bavarian Fruit Bread, date déjà de 2001, au début de sa nouvelle aventure avec Colm O’Ciosoig, batteur de temps à autre chez My Bloody Valentine, également expert en matière de désir et de chiche parole.
Certes, entre-temps, elle a relancé Mazzy Star pour Seasons Of A Day, un quatrième album toujours aussi remarquable d’ailleurs, mais bon, pour les amoureux transis depuis les années 90 à l’écoute des Fade Into You, Into Dust et autres Blue Flower, chaque nouvelle est un événement tant la divine diva ne déçoit jamais.
Après une pige de luxe chez Massive Attack en début d’été pour le remarquable The Spoils, Hope Sandoval repart à la chasse avec ses Warm Inventions pour onze nouvelles chansons bien dans la lignée de ses albums précédents où les ballades country et les romances folk prennent le pas sur la dream pop et le slowcore et nous donnent l’impression d’une virée romantique et sanglante dans le Grand Canyon.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]L’[/mks_dropcap]album s’ouvre par le plus étrange et le plus long des morceaux d’Until the Hunter, avec Into The Trees et ses neuf minutes intenses pendant lesquelles un orgue lancinant nous ramène aux morceaux les plus sombres et hypnotiques de Mazzy Star. Les frissons ne tardent pas à nous courir le long du corps dès que la belle nous chuchote « I Miss You » en compagnie de la voix tout aussi enchanteresse de Mariee Sioux que l’on retrouvera sur le plus dépouillé The Hiking Song, superbe ballade à la Nick Drake.
La deuxième chanson, The Peasant, donne vraiment la tonalité du disque avec cette jolie ballade country portée par la voix magique de Hope Sandoval et des arrangements lumineux. A Wonderful Seed se fait folk et se donne de splendides airs de comptine médiévale.
L’atmosphère devient encore plus chaude et intense avec le sensuel Let Me Get There sur lequel Kurt Vile se fait beau comme un camion pour un sublime numéro de charme. Quelques notes de guitare continuent de nous transporter sur Day Disguise, Treasure nous rappelle qu’on rêverait de croiser notre californienne préférée du côté de Tindersticks.
L’album se poursuit ainsi, magique et émouvant, sans réelle surprise certes, mais toujours plus près des étoiles, du féérique Isn’t It True au chavirant I Took A Slip (cette voix, non mais, cette voix !) jusqu’au bluesy Liquid Lady, BO parfaite pour polar moite et noir.
Hope Sandoval & The Warm Inventions nous offrent là un nouveau bijou, hypnotique et splendide de bout en bout.
Until The Hunter est disponible depuis le 4 novembre chez Tendril Tales