Les éditions Métailié proposent en ce mois de mars une réédition d’un livre sorti en 2013. L’or de Quipapà d’Hubert Tézenas est un roman noir (comme le montre la couverture). Très noir.
L’auteur est français et a vécu au Brésil. Il est donc bien placé pour écrire à propos du Brésil.
Tézenas nous conte une histoire politique, de corruption, de violence et de syndicalisme. Une histoire de demi frère également, l’un sous la coupe de son père, l’autre à peine reconnu par ce même père et donc en révolte plus ou moins ouverte par rapport à lui. Un père qui manipule, ment et promet son soutien. Des demi-frères qui tentent de s’émanciper en se lançant dans un projet fou, impliquant des villageois travaillant pour eux dans une mine d’or (le titre!) et dans des conditions inhumaines. Conditions qu’aucun des deux frères ne comprend réellement. En effet, ces villageois ne sont pas des humains pour eux. De toute façon, les meurtres ne leur font pas peur.
Il y a aussi un pauvre hère qui se retrouve accusé de meurtre et jeté en prison suite à des aveux extorqués par la police. Scènes terribles et très dures à lire, autant que l’ambiance de la prison. Noir toujours.
Tout ce beau monde, inextricablement lié, va finir par se croiser et pas pour le meilleur. Si l’histoire prend un peu de temps pour se mettre en place, on n’est pas déçu par la suite. Tout prend sens. Et les scènes finales, excellentes, noires et désabusées, rappellent le meilleur du polar.
Ces « héros » naïfs ou désespérés, corrompus jusqu’à la moelle, donnent une dimension supplémentaire au livre. D’espoirs, ici, quasiment pas. On est dans la réalité la plus sombre et la plus dure, celle qui veut que les plus riches finissent toujours pas s’en sortir, par un moyen ou par un autre. Et si au passage, cela exige un sacrifice, même la famille peut être sacrifiée.
Excellent roman noir. On peut quasiment sentir le plaisir de l’auteur à faire évoluer ses personnages dans la crasse, la chaleur moite, la bêtise et la stupidité de certains confinent à l’absurde. Au milieu de cet univers machiste, les femmes ne sont pas épargnées non plus. Seules un ou deux arrivent à tirer leur épingle du jeu mais elles sont souvent reprises de volée par des hommes violents. Quant aux politiques, aux industriels et autres chefs d’entreprise, la corruption n’a d’égale que leur vanité.
Un roman méchant et jouissif à lire!
Hubert Tézenas, L’or de Quipapà, Editions Métailié, mars 2015