[dropcap]L[/dropcap]e procédé a été abondamment employé par les services secrets soviétiques lors de la guerre froide. Le « kompromat » vise à monter des dossiers pouvant nuire gravement à un ennemi. De manière étendue et plus contemporaine, il s’agit d’une manœuvre afin de nuire à autrui. Ambiance !
Lorsque les nappes frigorifiées de l’inaugural A Steady Hand viennent nous chatouiller les esgourdes, c’est déjà la captation d’une clientèle spécifique qui se rue en direction de la fière carcasse d’un quatrième album pressenti aussi vivement pour ses qualités intrinsèques que pour le mouvement de l’aiguille sur le tensiomètre. La voix caverneuse de Guy Bannister peut alors aisément enrober le tout de sa noirceur, les stridences électriques comme les battements lourds sont appliqués ici à souhait, histoire de couvrir l’ensemble d’une agitation diablement futée.
Les membres d’I Like Trains, dans la lignée d’autres acteurs anglais dépités, auront été marqués par les feux du Brexit, sans compter tout le panel anxiogène non exclusivement « covidique ». À travers leur post-punk politique, leur manifeste sarcastique résonne à pleins poumons. À Leeds, la rhétorique s’opère désormais au son de leur musique dense, sans omettre de poser sur un plateau sa grande part de convulsions jouissives (oui il est encore autorisé de prendre du plaisir tout en ayant mal).
Les auditeurs de Dig In ne pourront prétendre l’inverse. La basse folle du morceau, lorgnant quelque peu vers les mythiques Gang Of Four, accélère la cadence pour nous gaver de bile habile.
S’il sera aisé de dénicher quelques zones de cold wave plus éclairées, la grisaille se généralise in fine par quelques pointes comme un écho à cette pochette d’aspect minimal et sombre. Bref, tout un programme pour ces « réjouissances » où les protagonistes convoquent les grands de ce monde, histoire de leur infliger la fessée.
Avec Prism, l’épaisseur atmosphérique prend le dessus. Pour Patience Is A Vertue, les mélodies givrées et quasi lacrymales se ressentent pleinement grâce au soutien d’une métrique soutenue. Si l’état des lieux est indubitablement consterné, l’ampleur des couches de Kompromat rajoute du muscle à la bande son du propos.
On retiendra forcément The Truth qui pourrait parfaitement devenir l’hymne du merdier 2020. L’ironique débit frise l’entêtement une fois la progression d’un peu plus de six minutes expulsée… Une obsession valant mieux que toute diatribe en direction des manipulations retentissantes derrière les effets propres du genre. A l’aide d’un traitement aux effets palpables, I Like Trains se fait l’écho de cris alarmants. Il en découle un mystérieux attachement pour l’un des albums les plus pertinents de l’année. Criant de vérités ? Hélas diront sans doute les observateurs non attachés exclusivement à de hautes considérations musicales, pourtant primordialement présentes dans ce recueil de neufs titres sans bavure. Pour faire simple : La forme, le fond, tout y est !
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Kompromat – I Like Trains
Atlantic Curve – 21/08/2020
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Image bandeau : Captation YouTube / clip « The Truth » réalisé par Michael Connolly