[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]D[/mks_dropcap]eux ans après son troisième album Ni Pluies Ni Rien, qui a contribué à l’installer parmi les noms auxquels on pense dans la mosaïque bigarrée du rock d’aujourd’hui en France, Manuel Etienne revient avec IMAGO. Ce concept, dont le signifiant est à la fois psychanalytique et biologique, est incarné sur la pochette par un fantôme. Qu’un ectoplasme matérialise un flux musical n’est qu’un paradoxe apparent, tant le groupe nancéien y fait preuve d’un esprit, c’est le cas de l’écrire, frappeur, et même frappant.
C’est même un esprit fureteur qui est à l’œuvre ici, passant du français à l’anglais, du parlé au chanté, du détachement à la frénésie. Dès Each Time I Fall, ça part dans tous les sens. Dans une pagaille bien organisée, les idées se bousculent mais chacune prend garde à ne pas empiéter sur sa devancière. Avec ses réminiscences de Marquis de Sade, cette introduction à IMAGO met tout de suite dans le bain bouillonnant un auditeur cueilli en plus par un refrain souverain comme le seront aussi ceux de Trembler et d’Ultimately. Dans ce qui s’est fait dans l’hexagone, en plus des précurseurs rennais, les noms de Frànçois Mary ou d’Erik Arnaud pavent aussi certainement, consciemment ou non, ce nouveau chemin de bonnes intentions.
Ce côté débridé se retrouve sur Acrobats, autre temps fort un peu Talking Heads, avec ses guitares claires et tranchantes, limite afro. Manuel Etienne est un groupe avant d’être une individualité, et c’est flagrant dans toutes les interventions vocales sur ce titre. Comme sur The Chase en fin d’album, le ton est résolu, presque guerrier, mais c’est à une bataille galvanisante, rassembleuse, qu’on nous invite. Juliette Barrier, qui succède à Fabien Pilard à la basse, se fond dans cette énergie joyeuse.
Mais au fil de cet album, Manuel Etienne s’échappe des cages dorées dans lesquelles on pourrait être tenté de le confiner. Il butine dans différents nectars, de genre en genre, aidé en cela par des musiciens à la fois doués et joueurs. À l’instar d’Agnès Varda, dont il célèbre l’œuvre dans le morceau du même nom en jonglant dans une douce euphorie avec les titres de ses films, et dont la devise, qu’il cite dans les paroles, était «Inspiration, création, partage». Il fait partie des glaneurs et des glaneuses, qui, comme la cinéaste, «s’amusent sérieusement». Les passages plus graves, comme le poignant La Moneda sur la chute de Salvador Allende, ou marécageux comme Au-dessus de l’Onde, contribuent à cette versatilité bienfaisante.
Sur IMAGO, l’intérêt est constamment relancé par une embardée qui fait sortir un joli instrumental seventies orné de xylophone (Les Makes) de ses rails, ou par un flottement soudain (The Chase). On ne s’ennuie donc pas en écoutant ce patchwork finalement plus cohérent, contre toute attente, que son très bon prédécesseur. Comment expliquer alors cette unité autrement que par un son, un ton et un cap maintenu de la première à la dernière note ? Bardé de surprises et de parties de guitares de haute volée -il faut saluer une nouvelle fois le travail de Tom Rocton, que The Married Monk avait intelligemment repéré et recruté pour leur Headgearalienpoo-, IMAGO n’est pas un pur esprit mais un disque de pop ludique et profonde à la fois. Sa richesse est la promesse d’envies de le parcourir à nouveau, avant que Manuel, en musicien prolifique et avide de rencontres, ne file réactiver un de ses side-projects.
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IMAGO de Manuel Etienne
Sorti le 8 novembre 2019 chez Bloody Mary Music And Records.
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Image à la une : Marie D’Emm