Jacco Gardner, le Hollandais plânant, est de retour avec un nouvel album intitulé Hypnophobia, juste deux ans après le remarqué Cabinet Of Curiosities, qui avait mis en émoi une bonne frange de la planète Psyché-Pop à la Syd Barrett.
Pour cet Hypnophobia, on prend les mêmes ingrédients et on recommence. Si l’esprit reste semblable, l’enrobage varie quelque peu. L’album affiche de nouveau une tendance baroque mais évoquant parfois une cinématique datée des années soixante-dix, où l’on s’attend à voir surgir Jean-Paul Belmondo dans le dos de Mireille Darc sous le regard lubrique de Jean Rochefort.
Baroque, vous disais-je, avec clavecins, basse clinquante qui renvoie à Beck ou chez le Melody Nelson de Gainsbourg, mellotrons et autres claviers vintage couplés à la douze cordes très Laurel Canyon. Si l’ombre du Floyd est toujours bien présente, il arrive à se détacher de cette figure tutélaire sans aucun problème. On pense parfois à Air ou à Broadcast sur la chanson titre notamment.
L’album démarre nerveusement avec Another You, se poursuit avec le bucolique Grey Lanes, revient faire un tour chez Syd Barrett avec Brightly et finit de convaincre avec Find Yourself, premier titre dévoilé sur la toile en préambule de cet essai que l’on sait réussi alors que nous n’en sommes qu’au quatrième morceau.
Ce disque se révèle comme étant un rêve éveillé, dont on ne sait s’il faut avoir peur ou non, un peu comme dans Alice au pays des merveilles en somme. Avec cet album, le Néerlandais franchi le cap avec brio du difficile deuxième album, mélangeant avec bonheur la pop et la musique de chambre sans être indigeste, hormis peut-être la longue plage intitulée Before The Dawn, assez éprouvante et acharnée.
Pas une surprise, mais bien un retour gagnant qui fait du bien par où ça passe. Cet opus trouvera facilement sa place dans ma discothèque entre le dernier Blonde Redhead avec qui il partage le côté baroque et le dernier Pond pour le côté lysergique.
Jacco Gardner, Hypnophobia le 05 mai chez Polyvinyl.