D’abord, en ouvrant Être montagne, vous êtes submergé par une avalanche de couleurs. Des petites cases, d’autres plus grandes, fourmillant de mille détails. Plein les yeux ! Voilà pour la première impression.
Puis vous commencez à lire l’album. Et là, vous ne le lâchez plus. L’histoire de Myco et de sa petite sœur, Paille, vous happe.
Vous comprendrez au bout de quelques pages ce que signifie ce titre mystérieux qui vous avait attiré au premier abord.
Sur les vestiges de ce qui semble être la terre, Myco et Paille avancent, avec une créature animale inconnue mais bienveillante. Ils vont rejoindre leur village mais doivent être prudents car des dangers rôdent.
En terme de dangers, vous croiserez par exemple le serpent effrayant de la quatrième de couverture ou les mantes toutes aussi grandes et méchantes.
C’est avec ces rencontres que nous comprenons. Soit les hommes sont très très petits, soit les créatures sont immenses.
Quoi qu’il en soit, la terre, telle que nous la connaissons, n’est plus. Ces petits hommes vivent dans les sous-bois, combattent les animaux terrifiants et vivent dans la peur du retour d’une maladie qui a tout décimé quelques années auparavant : la maladie du bacille (toute ressemblance avec notre époque n’est pas interdite !).
Certains villages entiers ont disparu. La légende dit que c’est le Prieur Armillaire (et il prend bien soin de faire perdurer cette légende) qui a distribué l’antidote. Celui-ci lui a été offert par … Ne dévoilons pas trop tout de même.
Ce que tout le monde craignait arrive. La maladie revient. Il n’y a quasiment plus d’antidote. Il faut partir en une quête désespérée et forcément dangereuse.
Myco, tout jeune qu’il est, s’engage, désobéit aux adultes et suivi par sa petite sœur déjà malade, se lance à la recherche du mythe.
C’est cette magnifique et terrifiante aventure que nous conte l’italien Jacopo Starace dans Être montagne, roman graphique d’une très très grande qualité. Presque deux cents pages de suspens et de rebondissements, de rencontres et de trahisons.
Le côté assez classique des cases bien définies, qu’on ne dépasse pas est compensé par des pages complètes de grands dessins bienvenus et qui rompent ainsi la petite monotonie que l’on pourrait ressentir à la lecture. Ces cases sont aussi parfois étirées en longueur ou largeur et laissent ainsi apercevoir des détails fourmillants.
On chipotte, on chipotte car vraiment Être montagne en plus d’être surprenant se dévoile assez sombre dans son propos nous donnant ainsi une histoire vraiment aboutie.
« Au fond, quelle est la véritable maladie ? Eh bien…
Je pense que c’est quand on ne se nourrit plus que de certitudes.
Parce que c’est le doute qui nous pousse, nous, êtres fourmis, à être meilleurs, non ? »
– Jacopo Starace
Jacopo Starace est un auteur dont nous suivrons avec attention les prochaines œuvres.