Jay-Jay Johanson est un caméléon, un artiste suédois qui surfe sur les tendances, techno, jazz, électro, trip-hop, au style musical insaisissable mais à la voix si reconnaissable. Fan de ses premiers opus Whiskey, Tattoo et Poison, j’ai gardé une oreille sur ses albums sans avoir jamais pu le voir en concert. Voilà mon vœu exaucé grâce au VIP de Saint Nazaire !
L’arrivée sur scène est sobre, Jay-Jay Johanson a le cheveu court, jean et chemise noire, il est revenu à la simplicité du look de ses débuts. Il est accompagné d’un clavier et d’un batteur. La prestation est un florilège de ses morceaux les plus connus It hurts me so, Milan, Madrid, Chicago, Paris, She’s mine but I’m not hers, Far away… plus ou moins réinventés pour la scène. Les deux musiciens se calent merveilleusement sur les samples, sauf quelques ratés du claviériste, harmoniques et rythmiques.
Pour moi qui ne l’avais jamais vu en concert, ce fut néanmoins un plaisir intense, notamment lorsqu’il proposa une intro a capella de mon morceau favori I’m older now. Le son était malheureusement parfois un peu trop saturé de basses et perdait la finesse du choix des morceaux samplés alors que le chanteur semblait prendre beaucoup de plaisir à les entendre sur scène. Le concert m’a d’ailleurs permis de réaliser à quel point Jay-Jay Johanson a une culture jazz et une voix incroyable.
Son nom de scène fait référence à Jay Jay Johnson, célèbre tromboniste jazz et l’on sent le plaisir de l’artiste à entendre ces sonorités harmoniques jazzy particulières qui rendent son écriture si personnelle. Sa voix est l’instrument privilégié pour transmettre cette passion. Les intervalles qu’il utilise sont inchantables pour la plupart d’entre nous et il peut avec une très large tessiture, nous enchanter d’une voix grave subtile ou s’envoler dans la finesse des aiguës. Tout ça avec un grain de voix suave tout en simplicité, sans exhiber sa technique.
La vidéo diffusée en fond de scène fait partie intégrante du concert. Elle propose des visages, des portraits filmés en gros plan et en noir et blanc, issus du clip On the other side. L’image est hypnotique, au ralenti, entre ceux qui mangent littéralement la caméra, nous plantent leurs yeux dans les yeux et ceux qui finalement, baissent le regard, sont gênés.
Les deux musiciens et Jay-Jay Johanson se sont prêtés à l’exercice, sobrement, au milieu des autres visages. Yoko Ono semble avoir été de la partie également, à moins qu’on n’ait eu affaire à un sosie parfait. Ces vidéos permettent au public de se caler sur une certaine lenteur pour apprécier le concert, pour rentrer dans l’ambiance tranquillement, ne pas se presser, profiter des rythmiques trip-hop, des samples et des sourires du chanteur, visiblement heureux d’être là.